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- Vendredi, 18h. Evan. 

Tout en trottinant dans un bosquet, je réfléchissais à ce qui allait se passer dans les heures qui arrivaient. J'avais pris une décision plutôt importante et j'avais décidé d'avoir des réponses à une panoplie de questions qui me taraudait l'esprit. Je soufflais, continuant de parcourir le petit sentier pour revenir à l'endroit où j'avais atterri il y a quelques jours.

Nous étions au milieu d'une immense clairière, s'étalant sur près de trois kilomètres. Trois bâtiments y avaient été construits il y a une centaine d'années. Il s'agissait au départ d'un endroit hospitalier, censé récupérer les malades mentaux et les amener à faire une cure. Aujourd'hui, un des bâtiments avaient été aménagé pour être un gymnase et les deux autres étaient des lieux de résidences et de restaurations où séjournaient les membres du groupe de Gô et ceux qu'il récupérait, comme moi. Je trouvais l'espace assez sinistre mais la gentillesse des gens et la bonté dont ils faisaient preuve avait vite effacé mon angoisse. J'y avais ma place et je m'y sentais à l'aise, Gô y était probablement pour quelque chose. Durant ces deux derniers jours, il m'avait soutenu et m'avait aidé ; encore ce matin il avait fait preuve de beaucoup de tendresse à mon égard quand je m'étais retrouvé dans ma chambre, pleurant tout mon soûl. J'avais dû avoir l'air pitoyable mais c'était horrible de me rendre compte que mes amis, enfin ceux qui disaient l'être, se moquaient de moi. Je secouais la tête et traversais les derniers mètres jusqu'à la porte en bois du bâtiment où j'avais ma chambre. Je montais les quelques escaliers et dans ma chambre, je pris rapidement une douche. En sortant, je regardais l'heure sur mon téléphone. J'étais dans les temps. Je récupérais un pull que j'enfilais par dessus mon débardeur et je rejoignis le rez-de-chaussée. 

Gô s'y présenta deux minutes plus tard, sourire aux lèvres. Il posa sa main sur mon épaule tout en hochant la tête. Il était certain que ce que j'avais fait était une bonne idée. Mais la boule dans mon ventre n'était pas d'accord. J'étais terrorisé. Littéralement. Gô nous fit voyager dans une petite ville à plusieurs kilomètres de son repère. Il me salua et repartit ensuite. Ce n'était pas avec lui que je devais discuter. Mais avec Erik. J'avais décidé de l'appeler dans l'après-midi, résolu à avoir certaines réponses. Il était le plus amène du groupe à m'éclaircir les idées et je n'avais aucune envie de faire face à Jey pour l'instant. Et puis, il me manquait aussi. Erik avait été quelqu'un d'important dans un sens, il avait agi comme un grand frère à mon égard, faisant attention à ce que je me sente toujours bien, sur le bon chemin. Je n'arrivais pas à lui en vouloir plus que de raison. Je m'étais donc dit que je me devais de faire un pas vers lui, tout en lui interdisant de prévenir les autres. Je ne voulais que lui dans cette soirée, juste lui. Car il devait m'aider à comprendre, m'aider à surpasser la douleur fulgurante dans ma poitrine. 

Je pris place sur une table d'un bar-restaurant. Nous devions nous y retrouver pour dix-huit quarante. Erik ne tarda pas à arriver, sac à la main. Je savais déjà ce qu'il contenait et je soupirais de soulagement en voyant qu'il n'avait pas oublié. Quand il fut devant la table, je me levais, quelque peu gêné. Je lui avais envoyé un simple message, froid et distant. Et je ne savais comment me comporter quand trois jours auparavant je m'étais enfui comme un voleur. Pourtant, il fit comme si cela n'était jamais arrivé. Il me sourit grandement et me prit brièvement dans ses bras. Puis il s'installa, posant le sac à nos pieds. Je fis de même, retrouvant de mon assurance.

- Je t'ai ramené les deux trois affaires que tu m'avais demandé. Et si j'ai compris, tu ne compte pas revenir de sitôt, hein ? me demanda-t-il avec une petite moue.

- Non, j'ai encore besoin de temps, répondis-je en baissant les yeux. Mais merci, c'est sympa que tu ais fait ça. Tu sais, j'ai vraiment merdé, je le sais mais il s'est passé trop de choses à la fois. Je suis désolé de mettre fat la malle de cette manière, j'aurai dû vous envoyer un message ou autre. J'en sais rien mais je devais prendre du recul, respirer et surtout, m'éloigner de Jey, de vous.

Tu aurais dû - Chasseurs d'ombres T1Where stories live. Discover now