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Chapitre 2

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— Il faut lui tirer les cheveux de ce côté-là ! Allez y mesdames, nous sommes pressées ! cria encore la sorcière, en me regardant.

— On ne peut pas laisser mes cheveux détachés ? Ça serait mieux, non ? demandai-je, le souffle presque coupé par la robe.

— Non ! Il faut être tout en grâce, aucune mèche de cheveux ne doit dépasser ! reprit Eléonore, en prenant place sur le divan.

Je grognai doucement et me laissais donc faire, sachant pertinemment que la partie était perdue d'avance. Dans à peine quelques heures, je devrai me rendre à ce bal. En plus de ça, je ne serais accompagnée de personne. Je serais seule, complètement baignée dans le désespoir.

— Cessez de faire cette tête, Flora ! Je ne veux pas que vos traits de visage soient autant tirés quand vous aurez posé un pied là-bas, est-ce clair ? s'exclama encore Eléonore, ses yeux me foudroyant.

— Prenez donc ma place, sorcière, murmurai-je, en jetant un coup d'œil à mes pieds.

— Pardon ?! cria-t-elle dans toute la salle, en se levant du divan.

— Rien madame. Je me demandais juste combien de temps devrai-je rester au palais.

— Trois heures. Ni plus, ni moins. Et changez moi cette robe, la pauvre ne rentre pas dedans voyons ! répliqua-t-elle, en tapant du pied.

Les femmes qui s'occupaient de moi acquiescèrent de la tête, ne voulant pas se coltiner les foudres de leur duchesse. D'ailleurs celle-ci partit quelques secondes après, en nous laissant enfin seules et surtout, respirer.

— Désolée pour vous, mesdames, sincèrement. Travailler avec cette femme odieuse ne doit pas être de tout repos, dis-je aussitôt à l'intention des femmes qui m'apprêtaient.

— Merci beaucoup mademoiselle Flora. J'espère que l'autre robe vous plaira. Celle d'avant n'allait pas du tout à votre teint. Porter la robe de la duchesse, toute opulente et ne dégageant aucun charme sur vous, j'avais espéré au fond de moi qu'elle serait changée,
intervint l'une des jeunes femmes, en m'octroyant un sourire sincère.

— Merci beaucoup. L'autre robe n'est pas pire que la précédente, je présume ? demandai-je, en me débarrassant finalement du sac à patate.

— Nous l'avons choisi nous même, mademoiselle Flora ! Je suis sûre qu'elle vous plaira ! s'exclama la fille aux long cheveux roux, le sourire aux lèvres.

Ça ne pouvait être pire que l'ancienne... Porter une robe de six mètres de long, de couleur violette, avec des froufrous de partout, non merci.

Pendant que je me déshabillais pour la seconde fois, les deux femmes partirent donc chercher la robe. Elles revenaient quelques minutes plus tard, une longue robe blanche entre les bras.La plus jeune la déplia devant moi et directement, j'étais conquise.

— Splendide ! Elle est splendide ! m'exclamai-je sans délai, en me rapprochant pour toucher le tissu.

— Contente qu'elle vous plaise, Flora. Si vous le voulez bien, il faut commencer à la mettre ; nous avons déjà perdu pas mal de temps.

J'acquiesçai de la tête, puis partis donc me mettre derrière le paravent comme je l'avais fait tantôt. La robe glissa sur mon corps dans une incroyable délicatesse. Ouverte sur le dos, cette robe comptait beaucoup de petits détails qui ne cessaient de faire son charme. De la dentelle sur les épaules ainsi que sur les poignets, cette robe avait été cousue dans l'unique but de faire ressortir toute son élégance.

À peine sortie de ma cachette, que les deux femmes se précipitèrent déjà sur moi, la plus âgée en s'exclamant :

— Oh mon Dieu ! Vous êtes ravissante Flora ! Laissez moi coiffer vos cheveux et cela sera parfait !

— Merci... dis-je tout bas, toujours assez gênée que l'on me fasse des éloges.

Elles me prirent ensuite par les poignets afin que je termine ma course sur une chaise sculptée en bois flamiré. Les deux femmes sortaient tous les accessoires qui termineraient sûrement dans mes long cheveux.

— Vos cheveux sont tellement soyeux et longs. Que faites-vous pour qu'ils soient ainsi ? me questionna la plus âgée, en ne cessant de frotter ses mains contre mes mèches.

— Oh rien de spécial. Je les lave et les fait sécher naturellement au soleil quand il décide de ne pas se cacher derrière les nuages, répondis-je dans un sourire.

— Magnifique, renchérit la plus jeune, en commençant à s'armer d'une brosse.

**

— Je vous appellerai quand j'aurais fini. Merci de m'avoir amené, passez une agréable soirée, repris-je, en refermant la portière derrière moi.

Et voilà, j'étais enfin arrivée. Un magnifique château, laissant apparaître de nombreux lustres d'ors à travers les grandes vitres. Je pris une profonde inspiration, dégageais une mèche de mon chignon et décidais enfin de franchir le pas.

Les gardes me saluèrent, en ne manquant tout de même pas de me lancer un long regard. Et le pire fut bien entendu quand je rentrais dans la salle. Je n'avais jamais cru un seul instant voir autant de monde réuni dans une pièce. Tous accompagnés, certains étaient en train de boire et d'autres de discuter. Je devais vraiment être la seule femme à venir ici toute seule. Mais me ramener avec le mari de la duchesse n'aurait pas du tout passé inaperçu... Calvitie précoce, petit et rond, on aurait pu croire que j'étais sa fille. Mais laissons donc tomber ce semblant d'idée, voulez-vous.

Je m'avançais prudemment pour ne pas manquer de trébucher sur quelqu'un. À peine quelques minutes passées, que j'avais déjà l'impression d'étouffer. Voyant au loin le buffet qui ne cessait de me faire de l'œil, je m'empressai de le rejoindre. Après tout, quand vous voyez cette longue table possédant de nombreux plats, aussi succulents les uns que les autres, il est très dur de résister. La tentation était trop forte. Je venais donc de trouver mon petit coin, là où j'allais passer le reste de la soirée.

Je ne me gênai pas pour prendre une chaise, qui devait sûrement être destinée à une personne ; je posais ainsi mes fesses dessus. L'assiette bien garnie, s'il me manquait quelque chose, je n'avais qu'à faire un seul pas pour la ressourcer. Les regards de certaines personnes étaient plutôt lourds lorsqu'ils me voyaient manger mes cuisses de poulet avec les mains. Oh. À bat les bonnes manières. J'ai toujours fait ça et je le referai encore.

Voulant un peu me venger pour le pourquoi de ma venue, je fis exprès de tirer la langue. Les personnes qui passaient par là pouvaient donc voir ma nourriture mâchée. Il n'en fallait pas plus pour que leurs regards se remplissent de dégoût. Mais le pire fut bien sûr quand je leur avais proposé s'ils voulaient manger du poulet avec moi. Une femme avait même eu un haut le cœur, la pauvre.

Ça faisait donc déjà une bonne demi-heure que j'étais assise, en train de manger du canard et d'observer la gente féminine. Vêtues de longues robes, toutes plus hideuses les unes que les autres, je ne regrettais pas d'avoir enfilé celle-ci. Je croyais que la mienne était longue, mais en voyant celle de mes amies ici présentes, mon jugement avait totalement changé. C'étaient des rideaux...

J'allais commencer à passer à l'étape : comptage de sourires faux prodigués par la gente féminine, quand tout le monde arrêta de parler, de bouger, de danser...

Ils venaient de rentrer dans la salle.

Oui mais.

Ça aurait pu être une entrée classe, sophistiquée, si... si je n'avais pas lâché un magnifique rot. Tout en beauté et en finesse, Flora.

King AngeloOù les histoires vivent. Découvrez maintenant