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Chapitre 9

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    Le médecin décida de s'approcher de nous ; il posa son sac sur le lit.

— Eh bien mademoiselle, on joue aux aventurières ? me demanda-t-il, en me souriant chaleureusement.

— L'aventurière voudrait bien retourner sur son île, dis-je tout bas, en fixant ma cheville.

— Mais n'est-elle pas bien ici ? Un grand et magnifique palais rien que pour elle, ricana-t-il.

— Il y a un dragon qui me fait peur., répliquai-je, en lançant un bref regard à l'individu concerné.

    Celui-ci me jeta d'ailleurs un regard noir, n'ayant visiblement pas apprécié ma remarque forte aimable.

— Hahaha. Bon voyons voir cette cheville ! continua le vieil homme, amusé.

    À peine avait-il posé sa main sur ma cheville, que tout mon corps se raidissait et je ne pus m'empêcher de gémir.

— Vous vous êtes bien foulée la cheville, mais je pense que nous avons eu plus de peur que de mal. Je vais vous prescrire les médicaments et aussi, je pense qu'il vaut mieux éviter de marcher pendant au quelques six jours, conclut-il finalement, en appliquant une pommade sur ma cheville.

    Je lâchais un soupir, comprenant bien que m'enfuir d'ici serait beaucoup plus dur à présent. Il fallait que je me fasse enlever mais aussi, que je me foule la cheville. Je crois rêver là.

— Merci Antonio. Je veillerais personnellement à ce qu'elle ne bouge pas et ne mette aucun pied à terre, renchérit le dragon, son regard ancré dans le mien.

    Je grognais légèrement, avant de prendre le drap de soie et de me recouvrir. Je m'allongeais ensuite, bien décidée à ne pas lui pardonner.

— Essaye de te montrer plus doux avec la demoiselle, Angelo. Je t'enverrais les médicaments directement après être rentré. Passez une bonne journée, termina le docteur, avant qu'une porte ne claque.

    Je n'avais entendu qu'une personne partir de la pièce, cela voulait dire qu'il était encore là. Le lit s'affaissa de mon côté, quelqu'un commençant à tirer sur le drap. Bien-sûr je ne me laissais pas faire et tirais moi aussi afin de ne pas le croiser.

— Cessez de faire l'enfant Flora, cela ne me plait pas du tout. Je vous avais dit de ne pas bouger et vous l'avez fait, dit-t-il, en tirant plus fort sur le drap et d'un mouvement, me dévoilant donc au grand jour.

    J'étais allongée et désormais mes bras venaient se croiser sur ma poitrine. J'essayais de paraître la plus colérique possible, mais je crois que cela ne marchait guère. En effet il leva un sourcil, sûrement amusé de ma mine de petite fille en colère.

— Je ne veux pas vous faire de mal, je vous le promets, reprit-t-il, en posant une main tiède sur ma joue.

    Une sorte de décharge parcourut mon corps tout entier, en accompagnant mes battements de cœurs devenus irréguliers.

— Pourquoi dois-je rester ici ? demandai-je, en écartant sa main de mon visage.

    La douce chaleur disparut aussitôt et je pense qu'il n'avait pas apprécié mon geste puisqu'il fronça les sourcils.

— Vous allez vivre ici, avec moi. Vous ne retournerez plus là-bas, lâcha-il soudainement.

— Pourquoi moi ? J'ai une famille vous savez ! m'exclamai-je, en me remettant droite sur le lit.

— C'est vous et pas une autre. Ne vous en faites pas, votre oncle survivra parfaitement sans vous.

— Les recherches sur moi ont été fructueuses, je présume ? le questionnai-je, énervée qu'il puisse connaître ma vie privée.

— Intéressante oui, précisait-il, en se penchant vers moi.

    Je reculais aussitôt, mais le lit possédant tout de même une fin, je commençais à me sentir tomber en arrière. Mais heureusement, on dirait que mon preux chevalier était là pour me sauver. Il me rattrapa par la taille, avant de reculer.

— Très maladroite, n'est-ce pas, dit-t-il contre mon oreille, son souffle chaud venant se déposer contre ma peau.

    J'allais répliquer quelque chose de très aimable, quand mon ventre se mit à gargouiller. Toujours en grâce Flora, toujours en grâce. Enfin. C'est déjà mieux que mon rot lâchait hier soir...

— Allons déjeuner Flora, reprit-t-il, en se levant.

    Je devrais être en colère contre lui, c'est vrai. Mais je crois que la nourriture m'appelait. Et pour ça, je pouvais faire une exception, même si mon pire ennemi m'en proposait. Je me levais donc, mais j'oubliais une certaine chose qui me fit pousser un cri. Le roi passa soudainement une main sous mes jambes et l'autre derrière mon dos, afin que je ne termine ma course dans ses bras.

— Lâchez moi... dis-je, les joues désormais rouges.

— Pour que vous vous fassiez davantage mal ? Hors de question, répliqua-t-il, avant de commencer à marcher.

    Je me remuais pour essayer de m'échapper, mais cela était vain. Il ne comptait pas me lâcher. J'étais prisonnière de ses bras, comme je l'étais de ce palais. Il ouvrit la porte avec une incroyable facilité, puis tous les gardes que nous croisions le saluèrent. Étant très gênée, je tournais la tête et la posais contre son torse. Quelques minutes plus tard nous étions enfin arrivés dans une salle. Le dragon me déposa très délicatement, en faisant attention à ce que ma cheville ne touche pas le sol.

— Merci... murmurai-je, en osant croiser son regard d'acier.

    Directement les portes s'ouvrirent pour laisser place à plusieurs personnes, avec des plats dans les bras. Ils déposèrent tout sur la grande table, l'odeur alléchante me faisant déjà saliver. Et voir tous ces couverts retirés, en laissant place à tout cette fabuleuse nourriture, fit gronder mon ventre.

— Tout cela est pour vous, Flora, dit-il, les mains liées.

— C'est beaucoup, dis-je, en ne sachant par quoi commencer.

— Allez-y, vous pouvez manger.

    J'acquiesçais de la tête et attaquait donc de manger.

    Le petit déjeuner s'était passé calmement. Je n'ai pas osé prononcer un mot et lui non plus. Disons que je ne savais quoi dire, mais aussi, que je préférais entretenir une conversation avec la nourriture. Après avoir bien rempli mon ventre, je décidais de remonter dans la chambre.

    Mais vu ma difficulté à marcher, avec cette charmante cheville, le roi était directement venu à ma rescousse. Je m'étais laissé faire, je l'avoue. Je n'avais admis aucune réticence ; je m'étais simplement laissais aller. Je nichais ma tête contre son torse, ne voulant pas encore voir les regards de certaines personnes. Après mûre réflexion, je me suis dit que je pouvais lui accorder cela.

— Merci pour le docteur et le repas, déclarai-je, en serrant sa chemise.

    Je pensais qu'il allait me répondre, mais sa réponse ne fut pas une parole, mais un geste. Il venait de déposer ses lèvres contre mes cheveux.

King AngeloWhere stories live. Discover now