Save Me

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| Clara |

- Thomas sors d'ici.

- Mais...

- Je t'ai dit de sortir, ordonné-je en gardant les yeux rivés sur le magazine.

- Je crois que je vais faire un tour, intervient Rebecca en laissant d'abord sortir Thomas avant de claquer la porte.

Un silence quasiment morbide plane dans le salon. J'attrape le magazine et je commence à le feuilleter pour finalement tomber sur carrément un dossier. Et bien.

"Voulant garder l'anonymat, Mademoiselle X nous a contacté pour nous faire parvenir des photos de sa relation torride qu'elle entretient avec l'acteur Et mannequin Tommy Tamsen. Une idylle placée sous le signe de l'extravagance et des baisers torrides comme en peuvent témoigner les images ci-dessous. Il semblerait que les deux amants sont toujours en contact et ont même prévu de se revoir bientôt selon les dires de la jeune femme. Une chose est sûre, Tommy a rapidement oublié sa petite-amie qui était portée disparue.
Une exclusivité de votre magazine Close !"

Un rire nerveux s'échappe de mes lèvres. Même les fonds de poubelles sont plus propres que ce torchon de merde. Il n'empêche que je ressens une certaine jalousie en voyant ces photos. Pourtant je n'ai pas le droit, après tout c'est moi qui l'ai quitté, il avait tout à fait le droit de voir qui il voulait à ce moment-là.

- Je suis désolé je n'ai jamais voulu que tu vois ces photos. Ils disent quoi dans le magazine ? demande Tommy en faisant les cent pas devant moi.

- Qu'apparemment tu comptes la revoir.

- Pardon ? J'espère que c'est une blague ? Ne me dis pas que tu y crois quand même...

- Je devrais ?

- Tu es sérieusement en train de me poser cette question ? s'énerve-t-il.

- J'ai besoin de l'entendre.

Je sais pertinemment que c'est faux. Évidemment que les magazines se font un malin plaisir à inventer tout un ramassis de conneries rien que pour vendre. Je sais bien qu'il n'y a jamais rien eu entre eux et qu'il n'y aura jamais rien mais j'ai besoin de l'entendre dire que tout ceci est faux, j'ai besoin qu'il me rassure.

Tommy s'approche de moi et se faufile entre mes jambes. Je suis assise sur le bord de la table, le magazine toujours dans les mains quand il me le retire pour le jeter au loin et emprisonner mon visage entre ses mains. Mes yeux partent à la rencontre des siens et sans dire un mot, il arrive à me faire comprendre qu'il n'y a que moi. Son regard déborde d'amour pour moi que s'en est presque déstabilisant. Pourtant le mien ne peut s'empêcher de s'embuer.

- Elle est tellement belle, elle est parfaite, elle à un corps parfait elle.

Je ne fais pas le poids à côté de ça. Je suis repoussante, mon corps est ignoble, condamné à vivre éternellement sous des dizaines de couches de vêtements par peur d'effrayer les autres et de m'effrayer même moi. Comment voulez-vous qu'on puisse se résoudre à l'idée qu'on ne se mettra plus jamais en t-shirt parce que nos bras sont horribles à voir ? Je sais que certaines marques disparaîtront mais d'autres sont gravées à vie dans ma chair et chaque jour elles me rappelleront l'enfer que j'ai subi.

- Arrête de te dénigrer de cette façon enfin. Tu es superbe, tu es la femme la plus forte et la plus magnifique que j'ai jamais connu. Tu vaux beaucoup mieux que des millions d'autres personnes et je t'aime comme tu es. Tu es une battante, c'est ça qui fait ta force et ta beauté et je suis fier d'être ton homme.

Je soupire et viens me blottir dans ses bras. C'est le seul endroit où je me sens rassurée et en sécurité. Je sais qu'il m'aime alors qu'il aurait toutes les raisons du monde de partir. Ce n'est pas un magazine à la con qui va nous séparer.