Save Me

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| Clara |

Je regarde mon horloge pour la énième fois comme si elle allait être capable de me répondre et de m'aider dans ma décision. Mon sac est prêt, il n'est que cinq heures du matin et je suis déjà allée vérifier plusieurs fois que Julian dormait bien. J'ai appelé un taxi qui devrait être là d'une minute à l'autre et j'ai cette putain de boule au ventre qui ne veut pas partir. Mon cœur et ma raison se livrent une lutte acharnée depuis que j'ai pris cette décision. Je ne sais pas si c'est la bonne mais je dois m'en convaincre absolument sinon je n'arriverais jamais à partir.

Avant de m'en aller j'ai pris soin d'effacer tout l'historique de mon ordinateur parce que je sais qu'ils essaieront de me retrouver à la minute où ils découvriront que je serai partie. C'est déjà assez compliqué pour moi de partir en cachette mais c'est la seule solution, c'est ce que je me répète en boucle depuis des heures.

Parfois je regrette de m'être échappée. Je me dis que si j'étais restée tranquillement dans mon coin rien de tout ceci ne serait arrivé. Après tout je m'étais accommodée à cette vie. Elle était loin d'être idéale mais au moins je n'étais pas morte. Enfin c'est un bien grand mot. Je marche, je parle, je mange et je respire seulement parce que mon organisme me le demande mais mon esprit est tellement loin. Il s'imagine déjà au calme, isolé, sans cette tempête médiatique qui est en train de me laminer.

J'aperçois au loin les phares d'une voiture, c'est le taxi que j'ai appelé tout à l'heure. Je vérifie que je n'ai rien oublié et je prends mon sac. Je respire un grand coup pour me donner du courage et je sors de la chambre en refermant soigneusement la porte. Je descends les escaliers minutieusement pour faire le moins de bruit de possible et éviter que Julian se réveille. Une fois devant la porte d'entrée, mon cœur bat à tout rompre dans ma poitrine comme pour me montrer son désaccord. Il tambourine tellement fort contre la cage thoracique que s'en est douloureux. La main tremblante, j'ouvre la porte pour sortir de la maison.

L'air frais, presque glacial, frappe violemment mon visage comme si lui non plus n'était pas d'accord avec ma décision. Je referme la porte et remonte la fermeture éclair de mon manteau en attendant que le taxi arrive. Arrivé au bout de l'allée, quelque chose m'intrigue lorsque je vois la portière arrière s'ouvrir, le chauffeur restant patiemment à l'intérieur.

Et quand je vois la personne sortir du taxi, mes jambes se mettent dangereusement à trembler. Ma vision devient floue et j'ai la désagréable sensation de ne plus rien maîtriser. Tommy est debout devant moi, les mains profondément enfouies dans les poches de sa grosse veste, un bonnet sur la tête et l'air bien trop déterminé à me faire rester ici.

Seulement une dizaine de mètres nous séparent pourtant j'ai l'impression de me retrouver à des milliards de kilomètres de lui. Il me suffirait de faire un pas pour me retrouver dans ses bras mais je sais que si je fais ça je ne pourrais plus repartir après ce serait trop douloureux. Je baisse la tête et avance d'un pas décidé dans la neige jusqu'à la portière du taxi encore ouverte quand Tommy la claque d'un coup devant mon nez et vient se poster devant.