5 : Une improbable rencontre

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Son cri résonna dans tout l'appartement.

La panique se propagea en Emma en un quart de seconde. Il y avait un homme ici, et elle était seule ! Personne ou presque ne savait qu'elle s'y trouvait. Elle ne portait qu'une serviette, qui lui arrivait à mi-cuisses. Elle ne s'était jamais sentie aussi vulnérable et aussi en danger qu'à cet instant. La peur la paralysait.

Quelques secondes auparavant, elle profitait encore sereinement de la douche à l'italienne de la chambre d'amis, qu'elle s'était appropriée. Elle se réjouissait de cette surprise du destin qui avait mis Samuel Cohen et sa proposition inespérée sur sa route. Après avoir rangé le contenu de sa valise dans l'armoire, elle avait pris le temps d'installer ses décorations de Noël pour apporter un peu d'âme à cet appartement froid et impersonnel. Et, pour se délasser, elle s'était une longue douche chaude. Dans cet immeuble mieux surveillé qu'une bijouterie place Vendôme, jamais elle n'aurait pensé à se barricader. Elle n'avait pas verrouillé la porte d'entrée. Quelle naïveté ! Maintenant, un homme avait pénétré dans l'appartement, et il la fixait d'un regard dur. Heureusement, il n'avait eu aucun geste agressif à son encontre. Elle ne savait quelle attitude . Si elle n'avait pas été à moitié nue, elle aurait peut‑être tenté de forcer le passage pour sortir de la chambre d'amis. Mais, uniquement vêtue de sa serviette de toilette, elle n'avait pas le cran de s'approcher de celui qui lui bloquait toute échappatoire. Dans quelle galère s'était‑elle fourrée ?

Il fut le premier à prendre la parole.

— Mais que faites-vous chez moi ? Et qui êtes-vous ?

La lumière se fit immédiatement dans l'esprit d'Emma : le frère de Samuel ! Elle était rassurée : elle ne se trouvait pas face à un gangster. Son apaisement ne dura cependant qu'une seconde : la voilà qui était dans un sacré pétrin !

Il n'était pas censé prendre l'avion, celui-là ?

L'homme restait immobile, à l'observer fixement, s'attendant sans doute à ce qu'elle réagisse. Sauf qu'elle en était incapable. Elle savait qu'elle n'avait rien à faire là. Que pouvait‑elle dire pour sa défense ? Rien ne lui venait en tête.

Puis le regard de commença à glisser lentement de son visage au reste de son corps. Il en profitait pour se rincer l'œil, le goujat !

Cette inspection impudique permit à Emma de reprendre quelque peu ses esprits. Sans plus réfléchir, elle expliqua :

— Samuel m'a donné les clés.

Non qu'elle ait voulu trahir celui qui avait placé sa confiance en elle, mais, à cet instant, elle ne voyait pas comment ne pas l'impliquer sans passer pour une squatteuse.

— Mon frère vous a donné les clés de chez moi ? demanda-t‑il, regardant autour de lui, sceptique. Et où se trouve-t‑il ?

— Chez lui, je suppose.

— Et il vous aurait laissée ici ? Toute seule ? Je devrais croire qu'il a conduit sa petite amie chez moi et qu'il est rentré seul, sans donner plus d'explications ?

— Je ne suis pas sa petite amie, corrigea Emma. Il m'a dit que vous partiez pour la semaine, que votre appartement était disponible. Quand il a su que j'avais besoin d'être hébergée, il m'a proposé cette solution. C'est tout.

Sur la défensive, elle n'avait qu'une hâte : qu'il mette fin à son interrogatoire et la laisse se rhabiller.

— Pourquoi ne vous a-t‑il pas accueillie chez lui ?

— Parce que je ne suis pas sa petite amie, je vous le répète.

— Pourquoi chez moi ? Vous ne pouviez pas aller autre part ? À l'hôtel, par exemple ?

Opération guirlandes, sapin et chocolat chaud Tome 1Where stories live. Discover now