prologue

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14 heures, Wimereux.

Ploc. Ploc.

Les volets étaient fermés. La pluie brisait le silence. Une veste, posée sur un porte-manteau, semblait bouger dans le noir. Un doux feu inondait la pièce et la réchauffait, lui donnant une atmosphère un peu plus conviviale. Une jeune fille était assise sur un siège en face de la cheminée. C'était une de ces personnes qui paraissaient si vulnérables, si faibles. Ces personnes qu'on aimerait garder sous notre aile et protéger. Ses cheveux, d'un blond doré et clair, étaient posés sur ses épaules et descendaient le long de ses bras. Quelques taches de rousseur semblaient s'être posées sur son nez. Ses yeux bleus rendaient son visage éclatant. Mais elle paraissait rongée par la fatigue. Ses cernes étaient si creux qu'on aurait pu constater qu'elle n'avait pas dormi depuis au moins trois ou quatre jours. Son teint était pâle. Son regard donnait l'impression qu'il était dans le vide ou peut-être était-ce le vide qui était dans ses yeux. Elle portait une longue robe grise. Ses pieds étaient nus. Elle ne semblait pas se trouver dans son élément ; comme si on l'avait forcée à s'installer sur ce fauteuil, en face de cette cheminée, à attendre que le temps passe.

Ploc. Ploc.

Posé sur ses genoux, un livre paraissait avoir été ouvert involontairement. Mais pourtant, les yeux bleus de la jeune femme suivaient attentivement chaque mot écrit sur la page. Elle prit une tasse posée sur une petite table à côté d'elle et la vida d'une traite.

Chacun de ses gestes paraissait automatique, comme si son cerveau avait été programmé pour faire ces gestes à un certain moment de la journée. Un léger bruit d'eau brisait le paisible silence qui entourait le monde de cette femme. Elle reposa la tasse et s'immobilisa devant le feu pour l'observer. Elle se concentrait comme elle le pouvait pour arrêter la douleur ou la stabiliser, mais il lui était impossible de le faire seule. Elle se leva et fit les cent pas. Plus son visage se crispait, plus la douleur avançait. Elle se mordit la lèvre si fort qu'elle sentit le goût du sang dans sa bouche. Elle criait à l'aide dans un son inaudible.

- Claire, mais ? Qu'est-ce que tu fais debout ?

Ploc. Ploc.

Une personne arrivait, les cheveux enroulés dans une serviette, tout comme son corps. Ses yeux marron fixaient la jeune fille, qui, elle, observait toujours la cheminée, ignorant ses paroles. Elle s'approcha prudemment d'elle, et lorsqu'elle arriva à sa hauteur, elle caressa son dos.

- Ne t'inquiète pas, je suis là, veux-tu que j'appelle le médecin ?

Claire secoua la tête. S'il y avait bien une personne qu'elle voulait éviter, c'était le médecin. Elle tendit sa main que la fille prit aussitôt. Elle l'aida à s'asseoir sur le siège puis prit la tasse et disparut avec dans la cuisine. Lorsqu'elle réapparut, elle avait troqué sa serviette contre une jupe et une chemise. Ses cheveux étaient lâchés.

- Veux-tu un médicament ?

Une nouvelle fois, Claire refusa. Elle avait pris l'habitude de supporter la douleur jusqu'à neuf environ sur une échelle de zéro à dix car c'était comme cela que les médecins lui demandaient si ça allait. La fille aussi avait pris cette habitude, de lui poser des questions qui ne lui demandait qu'à répondre par oui ou par non car Claire n'aimait pas parler. Elle remarqua alors qu'elle grelottait. Elle s'éclipsa quelques minutes et lorsqu'elle revint, elle borda la jeune fille avec plusieurs couvertures. Elle savait qu'elle était frileuse et les médecins lui avaient dit que sa maladie risquait d'empirer les choses.

Tu as tué Claire Место, где живут истории. Откройте их для себя