chapitre 4

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Paris, lycée Janson de Sailly, 18 heures

Chloé et son père étaient arrivés devant la grille de l'internat. Seulement quelques mètres les séparaient d'une des trois portes principales.

Un homme les attendait.

Il était petit, probablement à cause de sa manière de se tenir. Replié sur lui-même, on aurait pu le comparer à un enfant qui allait recevoir une fessée après avoir commis une bêtise. Ses cheveux blancs étaient ébouriffés et courts ; son nez aquilin ressemblait à celui d'un aigle ; sa bouche était si fine qu'il était difficile de la distinguer ; ses yeux noirs exprimaient l'indifférence et ses sourcils épais étaient aussi blancs que ses cheveux.

Chloé et son père sortirent de la voiture et prirent les affaires de la jeune fille. Elle vérifia qu'elle avait toujours son téléphone et ses écouteurs en poche.

- Bonjour, M. Beaulier, murmura l'homme d'une voix lugubre. Je vous prie de me suivre.

Sam passa devant et Chloé le suivit avec sa valise et son sac-à-dos.

Ils passèrent la grille. Lorsqu'ils arrivèrent devant l'une des portes, le vieil homme se retourna et demanda à Sam s'il pouvait partir, car le règlement interdisait l'accès au lycée à toute personne ne travaillant ou n'étant pas scolarisée ici.

Chloé embrassa son père et le prit dans ses bras.

- Tu vas me manquer, chuchota-t-elle.

- Toi aussi.

Elle enfouit son visage dans son cou et huma l'odeur de son père. C'était la dernière fois qu'elle sentait ce parfum.

- Les bonnes âmes ne souffrent pas, elles vivent, chuchota Sam.

- Les bonnes âmes ne souffrent pas, elles vivent, répéta Chloé.

Sam quitta les bras de Chloé, se retourna puis se dirigea vers la voiture.

C'était un rituel chez eux. Citer cette phrase avant de se quitter pour se persuader que l'autre ne souffrirait pas.

« Les vrais hommes ne se retournent jamais, ils sont forts, ce sont les exemples de la maison. Souviens-toi Chloé, ton père, ne te laissera jamais, il sera toujours ici, dans ton cœur. »

Et tandis que Sam entrait dans sa voiture, une larme coula le long de la joue de Chloé.

Pourtant, elle n'avait pas l'habitude de pleurer. En cours, les gens qui pleuraient étaient des gens faibles.

Les gens forts ne pleurent pas.

Sauf qu'elle savait. Elle savait qu'elle n'était ni faible, ni forte ; juste perdue.

Elle entra dans un grand hall. Quand elle leva la tête, elle n'aperçut pas le plafond. Le mur finissait dans une brume noire. Elle frissonna. Une atmosphère sombre régnait dans cet établissement.

Elle ne s'y sentait pas à son aise.

Qu'est-ce qu'elle faisait ici ? Pourquoi ne s'enfuyait-elle pas ?

- Je suis le majordome de cet internat. Le lycée se trouve tout au bout de ce couloir, dit-il en pointant du doigt le fond du corridor qui disparaissait, lui aussi, dans une brume noire.

Chloé regarda. Elle ne s'étonna pas de ne rien voir au bout du couloir et observa les murs. Ils étaient recouverts de milliers de tableaux. Comme si le propriétaire voulait cacher la laideur de ces murs avec de misérables peintures.

La plupart des tableaux représentaient des hommes et des femmes de la noblesse du XVIIe et du XIXe. Parures, robe, jupons, corsets, pantalons, vestes, gilets, cravates, souliers, guêtres et chapeaux étaient leurs vêtements.

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⏰ Dernière mise à jour : Nov 02, 2017 ⏰

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