Chapitre 9.

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Externe

Cela faisait désormais trois mois que Newt avait disparu de la circulation. Son avocat avait tenté de le joindre, en vain. Puis, ne payant plus aucune facture, son abonnement téléphonique avait été résilié. Les huissiers lui avaient définitivement prit la demeure de ses parents dont une partie avait servie à rembourser Teresa, depuis, il dormait dans le squat. Il n'avait plus rien. Ni argent, ni famille, ni ami. Il n'avait que Gally, son dealer.
Newt se sentait plutôt protégé aux côtés de Gally, lui donnant un toit, et sa dose chaque jour. Et pourtant, ce dernier perdait patience. Newt ne l'avait pas payé depuis un mois.

Le blond était dans un état épouvantable, on aurait dit qu'il n'avait pas dormi depuis des années. Il errait dans le squat tel un fantôme sans but, tel un corps sans âme. Ses veines étaient parsemées de marques de piqures, de la poudre régnait encore sous son nez, et ses yeux étaient injectés de sang. Chacun de ses membres tremblaient, et ce n'était pas uniquement à cause du froid glacial qui régnait dans le squat, le feu ne réchauffant pas l'endroit plus que ça.

- Newt. Appela Gally.

Il était assit sur l'un des fauteuils crasseux faisant office de salon lorsque Newt l'a rejoint.

- Quoi?
- Tu ne vas pas pouvoir rester ici.

Newt fit d'énormes yeux, et sentit ses jambes trembler. Ici, c'était le seul endroit où il pourrait encore survivre. Il pensait pouvoir faire un minimum confiance à Gally.

- Pourquoi? Réussit-il à bredouiller après quelques secondes.
- Parce que tu n'as plus de thunes ! C'était le deal, je te fournissais et t'hébergeais, tant que tu me ramenais du fric.
- Mais Gally, tu connais la situation !
- Je n'en ai rien à foutre de la situation Newt. C'est la crise pour tout le monde, et je ne peux pas continuer à héberger un gamin complètement défoncé et en manque d'amour, qui ne me rapporte rien.

Newt tombait de haut. Il était viré de chez lui. Puis viré du squat.

- C'est de ta faute si je touche à cette merde ! hurla le blond.

Gally se leva, dépassant Newt d'au moins une tête. Il était imposant, comparé aux bras tout fins de Newt, le blond n'aurait aucune chance s'il l'affrontait.

- Ne commences pas sur ce terrain là. C'est toi qui m'a demandé si tu pouvais en tirer une le premier jour.
- Tu aurais pû refuser. Gally lâcha un rire glacial.
- Je ne suis pas ton putain de père, tu fais ce que tu veux, j'en n'ai rien à foutre.

Newt recula de quelques pas, blessé. Il savait que Gally ne le considérait pas comme un ami, mais il avait été trop loin à ses yeux.

- Allé, casses-toi. Fit Gally en balançant le sac d'affaires du garçon.

Newt

Je commençais à m'en aller, quand, en arrivant dehors une idée me traversa l'esprit. Je fis rapidement demi-tour, et appelais l'homme qui venait de me mettre à la porte.

- Et si je travaillais pour toi?

Pauvre con. Conscience de merde. Tu risques la prison. Au moins j'aurai un toit.

Gally se mit à rire à ne plus pouvoir se contrôler, quand son air dur refit surface. Ce changement de comportement était déstabilisant. Il me dévisagea, de haut en bas, puis s'avança vers moi. Je me concentrais pour ne pas reculer, Gally me faisait peur. C'était un gars imprévisible, dont les neurones ont grillées il y a déjà pas mal de temps.

- Toi, dealer? fit-il avec un léger rictus au coin des lèvres.
- Je te ramène de l'argent et des clients, et toi, tu continues de m'héberger.
- Mais Newt, regardes-toi. Tu es peut-être grand, mais t'as la carrure de ma petite soeur.
- Depuis quand il faut des gros bras pour vendre de la drogue? demandais-je légèrement vexé. Il avait le don de réduire le peu d'estime qu'il me restait à zéro.
- Depuis que les drogués viennent armés aux points de rendez-vous. Ils t'exploseraient en moins de deux, et voleraient tout ce que tu transportes sur toi. Laisses tomber, Newt.
- Prends-moi à l'essai?

Abruti, tu as cru que tu postulais pour un emploi saisonnier chez McDonald's ou quoi? C'est vrai que ma proposition avait l'air totalement stupide, mais Gally semblait réfléchir.

- Je te laisse une semaine pour faire tes preuves.
- Une semaine? m'écriais-je. Mais Gally, j'aurai jamais le temps !
- Une semaine, pas un jour de plus Newt.

Je laissais tomber mon sac d'affaires sur le sol et soupirais avant de serrer sa main poisseuse en guise d'accord.
Dans quelle merde m'étais-je encore mis? Dealer. Après le statut de violeur, ma réputation était définitivement finie. Que penserait mes parents? Que tu les déçois. Comment fait-on pour faire taire une conscience? Ils chercheraient surement d'où vient le problème, se disant qu'ils ne t'ont pas élevé de cette façon, qu'ils t'ont inculqué des valeurs que tu as réduis en cendres en l'espace de quelques mois. Ta gueule !

Sans même l'avoir remarqué, j'étais désormais seul dans le squat. Gally avait dû partir après m'avoir serré la main, et les autres avaient sûrement été chercher leurs doses quelques part en ville. J'étais seul, comme ça a toujours été.
J'avais réussi à convaincre Gally pour cette fois, mais je savais que si je n'étais pas à la hauteur de ses espérance, il tiendrait sa parole et n'hésiterait pas une seconde à me foutre dehors. T'as plutôt intérêt à commencer tes recherches maintenant. Pour une fois que ma conscience me donnait un conseil.

J'ai été déposer mon sac d'affaires à son endroit habituel, près d'un vieux canapé attaqué depuis longtemps par les mites, et je suis sortis après avoir enfilé un sweat à capuche. J'ai fais le tour des endroits craignant le plus, sursautant à chaque bruit que j'entendais. Gally avait raison, ce n'est pas parce que tu prends de la drogue que tu as les couilles d'en vendre. Quel con j'ai été de faire cet accord. Ça doit être ça qu'on appel l'instinct de survie. Plutôt destruction de soi.

Il devait être trois heure du matin quand je suis retourné au squat, un feu illuminant l'endroit et le rendant presque plus lugubre encore. Gally n'était pas là, mais une dizaine d'autres gars trainaient dedans. Je me suis assis près du fauteuil me servant de lit, et j'ai observé tout le monde avant de fermer les yeux. Je me suis imaginé une autre vie, une vie de drogué, mais riche. Ce qu'aurait été la mienne si je n'avais pas tout claqué dans les soirées, mais dans la drogue. J'aurai encore ma villa, et de l'argent, énormément d'argent, parce que j'aurai des hommes qui trafiqueraient pour moi. Ils m'auraient rapporté tellement d'argent que j'aurai même pu rembourser mes dettes. J'aurai été un milliardaire drogué, que tout le sale milieu admire. Tu aurais été le plus gros des connards, Newt. C'est déjà comme ça qu'on me voit, alors...
Sans m'en rendre compte, j'ai fini allongé sur le sol, une énième marque de piqure sur le bras, un sourire niais collé sur la figure, à penser à ce que j'étais devenu et ce que j'aurai pu être.

J'ai toujours pensé qu'un drogué était quelqu'un vivant en bas de l'échelle sociale. Avec des yeux fous, un crâne rasé, et vivant dans un squat. C'était avant que j'en devienne un.

I Hated The Place, Tommy.Where stories live. Discover now