Chapitre 19.

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J'allais perdre connaissance, je le sentais. Ma vue se brouillait, mes oreilles bourdonnaient et je ne pouvais plus bouger. Je venais de me faire tabasser par trois gars à qui j'avais demandé de la drogue. J'avais de quoi les payer, la manche ça rapporte parfois. Ils m'avaient dit de dégager, que je n'avais rien à faire ici, et comme un con, j'ai insisté.
Alors j'étais là sur le sol, en train de me vider de mon sang. La dernière chose que j'ai vu, c'est des pieds courir vers moi, au ralenti, comme dans les films.

Puis le noir complet.

J'ai senti qu'on me secouait, ou peut-être pas. J'étais incapable de bouger, d'ouvrir les yeux, ou de parler. Mais j'arrivais vaguement à entendre, malgré le bourdonnement incessant dans mes oreilles.
Qui était là? Le SAMU peut-être.
J'avais mal partout, j'avais l'impression qu'on s'affairait autour de moi, mais que personne ne se préoccupait de me soigner ou de me laisser crever sur le lit. Quelque chose attrapa doucement ma main, quelqu'un, et la serra dans la sienne. Alors que je me demandais qui pouvait bien faire ça, cette même personne m'a parlé.

- Je suis là Newt, je suis là.

Tommy? Tu connais quelqu'un d'autre qui prend soin de toi? J'ai souri intérieurement, savoir qu'il était à mes côtés me rassurait. J'ai entendu un vague bip, puis plus rien.

Thomas

On arrivait à l'hôpital, Newt était en train de s'enfoncer, et moi de pleurer comme un gamin de cinq ans. Je ne lui ai pas lâché la main jusqu'à ce qu'on me dise que je n'avais pas le droit d'entrer et que je lise le panneau Bloc opératoire.
Une infirmière m'a proposé de m'asseoir, j'ai accepté et elle m'a ramené un chocolat chaud. Un chocolat chaud ! Mes larmes ont redoublées et que je n'ai pas pu avaler une seule gorgée. Je devais être pathétique.

Je détestais Newt autant que je l'adorais. Cet abruti s'était rendu dans la ruelle des dealers, et juste à côté de mon boulot en plus. Je l'ai vu passer avec son sac à dos, il tremblait, il était pâle, mais continuait de marcher en boitant. J'ai voulu sortir du restaurant et l'appeler, mais mon patron me surveillait et je n'ai pu le rejoindre qu'à ma pause. C'est là que je l'ai découvert sur le sol, dans une marre de sang. Après, vous connaissez la suite. C'était comme si l'histoire se répétait. Newt, en sang dans une ruelle et moi qui accourt à son secours. Mais cette fois, j'étais avec lui à l'hôpital.

Quelques heures plus tard, un homme en blouse blanche s'est approché de moi pour me dire que son état était stable, et qu'il était réveillé. Je me suis levé encore tremblant, et je suis doucement entré dans la chambre après qu'il m'y ai conduit.

- Tommy.. A-t-il dit avec un faible sourire. Fermes ta gueule Newt, fermes-là.

Je n'ai rien dit et j'ai été m'asseoir sur la chaise près du lit. Je ne le regardais pas, mon visage était fermé, et pourtant je savais que les traces des larmes qui ont coulées se voyaient encore.

- Merci d'avoir appelé les secours.. Je ne serai surement plus là sans..
- La ferme, Newt.
- Tommy? Qu'est-ce qu'il y a? J'ai fais quelque chose de mal?

Est-ce qu'il était sérieux? Je me suis retourné pour être face à lui, et j'ai plongé mon regard dans le sien. J'étais partagé entre l'idée de le prendre dans mes bras, ou de lui éclater la figure davantage.

- Tu crois que je ne sais pas ce que tu foutais dans cette rue?
- Je..
- La ferme ! Je t'ai vu passer devant le restaurant, tu aurais pu entrer et me demander de t'aider parce que ça n'allait pas. Et au lieu de ça t'as continué ton chemin tel l'abruti que tu es.

Son regard a changé, on pouvait y lire de la honte.

- Je suis désolé Tommy.. J'en avais besoin, j'étais en manque et... J'allais le défoncer s'il cherchait encore une excuse à la con. Je sais que c'était stupide, mais tu ne peux pas comprendre dans quel état..
- Je ne peux peut-être pas savoir ce que ressent un drogué en manque, mais je peux aider un ami en détresse, putain !

Newt

Un ami? Il me considérait vraiment comme un ami? Perspicacité zéro Newt. J'étais le roi des abrutis. Il était temps de t'en rendre compte.

Je me sentais tellement mal d'infliger ça au brun qui se trouvait devant moi. Je savais qu'il avait pleuré, ses yeux étaient rouges, et on voyait encore des traces de larmes sur ses joues. J'avais dit que s'il m'aidait il allait se détruire, et ça avait déjà commencé.

- Alors maintenant tu vas me faire la promesse de ne plus jamais toucher à cette merde.
- Impossible.
- Je déconne pas, Newt.
- Moi non plus. Tu crois qu'on arrête la drogue comme on arrête la clope?
- Je ne te dis pas que ça va être facile, mais que ça en vaudra la peine.

J'ai soupiré, et j'ai serré son petit doigt en guise de promesse. Thomas a parlé quelques temps avec moi, puis il est allé voir mon médecin. Il est revenu une dizaine de minutes plus tard, avec son fameux sourire aux lèvres.

- Maintenant tu vas te lever, et venir chez moi.
- Quoi ? Mais To..
- Y'a pas de surnom qui tienne. C'est un ordre.

Je pouvais vraiment sortir?

- Le médecin va venir t'en parler, il va arriver.

Et au même moment, l'homme à la blouse blanche que je ne connaissais que trop bien entra.

- Alors monsieur Johnson, vous vous sentez mieux?

Thomas m'a dévisagé avec un sourire victorieux. Il venait d'apprendre mon nom de famille, alors il était content. Pas moi.

- Ehm, oui.
- Je vais rapidement vous expliquer ce que nous vous avons fait suite à l'agression. Vous devriez porter plainte, d'ailleurs.
- Non, ça ira. Porter plainte contre des dealers à qui je réclamais de la drogue, mais bien sûr.
- Nous vous avons réopérer de la jambe, le choc a déplacé la petite plaque que contient votre genou, et nous avons recousu votre arcade. Ce n'était rien, comparé aux autres fois. Vous pouvez donc sortir, tout en faisant attention à votre jambe. Je vous souhaite une bonne journée.

Il m'a fait signer un papier d'autorisation de sortie, et Thomas m'a aidé à marcher. Comme on n'avait pas de voiture, il a appeler un taxi qui est arrivé cinq minutes après. On ne parlait pas beaucoup dans la voiture, j'étais fatigué, et je pense qu'au fond de lui, Thomas m'en voulait encore.

Thomas

On est arrivé devant chez moi, et j'ai réalisé qu'il y avait quatre étages à monter à pieds. J'ai passé le bras gauche de Newt sur mes épaules, puis mon bras droit dans son dos et je l'ai aidé à monter. J'ai senti sa main gauche enlacer la mienne, je l'ai regardé discrètement, il fixait le sol pour ne pas tomber. J'ai souri. Je n'arrivais pas à lui en vouloir longtemps.
Une fois devant la porte, il s'est appuyé contre le mur après avoir lâché ma main, j'ai sorti mes clés et ouvert. On est entré dans l'appartement, et j'ai proposé à Newt d'aller prendre une douche.

- Tiens, cette fois ne les oublies pas. J'ai dit en lui tendant des affaires. Oh et mets-ça aussi. Je lui ai lancé une veste à capuche.
- Je n'ai pas froid Tommy.
- Ta main était gelée, alors ne discute pas et magnes-toi.

Alors qu'il allait prendre sa douche, je préparais deux chocolats chauds. C'était devenu une habitude. Notre habitude. J'ai tout posé sur un plateau que j'ai emmené dans la chambre, j'ai allumé la petite télé qui était sur la commode, et je l'ai attendu. Il avait besoin de repos et le canapé était trop petit et pas assez confortable. Je l'ai entendu ressortir de la salle de bains, il m'a appelé pour savoir où j'étais et il m'a rejoint.

- Le canapé, ça ne me dérangeait pas Tommy.
- Moi, si. T'as besoin de dormir, t'as des cernes de la taille de la grande muraille de Chine.

Il a souri, et a finalement accepté de se mettre dans le lit. Il a mit sa capuche car ses cheveux étaient mouillés, et a attrapé son chocolat chaud en le gardant quelques secondes dans ses mains pour les réchauffer. On a discuté de tout et de rien, jusqu'à ce qu'il finisse sa boisson. J'ai posé les tasses vides sur la table de chevet, et en me replaçant, Newt a attrapé mon bras pour le placer sous sa tête.

- T'es plus confortable que les oreillers, Tommy. M'a-t-il dit tout naturellement, les yeux fixés sur la télé.
- Tais-toi, et dors Newt.

Et c'est ce qu'il a fait. Une dizaine de minutes après, il s'est tourné vers moi pour être mieux placé, sa main gauche posée sur moi, il dormait. Et moi, je le regardais.

I Hated The Place, Tommy.Where stories live. Discover now