24) Véniché et ses pêchés

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En partie inspiré de mon récent séjour. En espérant vous faire voyager un peu.
Toutes les photos sont de moi ou de mes amis.
Je me suis carrément emballée sur la longueur, j'avais tellement de choses à partager !
Bonne lecture.










- Est-ce que je ne peux pas plutôt rester là ? Je t'aiderai à faire la vaisselle. Allez. S'il te plaît dis oui.
Je supplie littéralement ma mère
- Louis William Tomlison, es tu un idiot ?
Elle parait réellement horrifiée. J'hausse simplement les épaules pour éviter de répondre à sa question rhétorique. Elle poursuit, avec cette verve qui la caractérise si bien :
- Tu es réellement entrain de faire un caprice pour rester à la maison ? Alors que tu as l'immense chance d'aller à Venise ? Tu ne sais pas combien de personnes rêveraient de prendre ta place. Je ne sais pas ce que j'ai fait pour avoir un enfant aussi stupide.
À reculons, je retourne dans ma chambre pour boucler ma valise.

***

Le rendez-vous est donné à 11h pétantes dans le hall numéro 3 de l'aéroport.
Je suis au lieu dit pile à l'heure, ma valise à la main et mon sac à dos à l'épaule.
Je ne suis pas réellement impatient de partir, je me sens même carrément anxieux. Je déteste être loin de ma famille, encore plus dans un lieu inconnu. Qui sait ce qui peut s'y passer ? Je ne suis pas certain de revenir en un seul morceau.
Évidemment, à 11h30, la moitié de la classe s'est perdue dans le hall 2 et le reste n'a pas pris le bon tram, se trouvant désormais à l'autre bout de la ville.
Heureusement que nos professeurs ont été prévoyants, nous ne décollons qu'à 14h.
Ainsi, après la multitude de contrôles passés, seulement ponctuée d'une fouille de valise et d'une perte de papiers d'identité, nous avons enfin pu pénétrer dans l'avion.

Je n'en mène pas large, assis comme un con dans ce fauteuil étroit. Toute la peur que j'ai accumulée surgit sans crier gare.

Putain de phobie de merde.

Instinctivement, je serre les accoudoirs. Le moteur vrombit. Je ne me sens vraiment pas bien. L'engin prend de la vitesse. Je serre les dents. On va s'envoler.
Dès que les roues quittent la terre ferme, je ne peux empêcher les larmes de couler. Mes ongles détruisent mes paumes tant mes poings sont serrés. Je me mets à respirer fortement. L'avion fait un soubresaut. Je remonte mes genoux sur le siège et les entoure de mes bras pour sangloter dedans. La ceinture me gêne un peu.
Je renifle lamentablement. Mon corps se balance d'avant en arrière. Je m'empêche d'hurler, ne souhaitant pas me donner davantage en spectacle. Un répugnant goût métallique me parvient en bouche. J'ai tellement martyrisé mes lèvres qu'elles se sont mises à saigner.
Je ne peux plus contrôler ma respiration. J'ai l'impression de mourir, littéralement.
J'ouvre grand ma bouche.
J'hoquète.
Je n'arrive plus à respirer.
De l'air.
Pitié.

Deux bras se glissent entre mes jambes. Je suis trop concentré sur ma propre terreur pour réellement m'en soucier.
On me détache. Une seconde plus tard, je suis lové contre un torse chaud et une voix douce comme le miel me susurre dans un chuchotement :
- Hey. Doucement. Tout va bien. On va à Venise, tu te rends compte ? Ça va être formidable. Calme-toi. Un aussi joli garçon que toi n'a pas le droit d'être malheureux. Voilà. Imite-moi.
L'inconnu prend de grandes goulées d'air et je m'efforce à faire de même avec application.
Sa grande paume frictionne délicatement mon dos. Je m'accroche à lui comme une moule à son rocher, enfonçant le plus possible mon visage dans son torse dans l'espoir de me fondre en lui.
Il sent bon, une odeur musquée d'homme. C'est réconfortant et apaisant.

***

Je crois que je me suis endormi, puisque lorsque je rouvre les yeux l'avion est au sol.
Et plus aucun garçon ne me tient tout contre lui.
Les passagers descendent, c'est cela qui a du me réveiller. Je me frotte les yeux à l'aide de mes poings avant de m'étirer. Je rajuste mon bonnet puis me saisis de mon sac à dos.
Je ne désire pas m'éterniser dans cet avion de malheur.

Les professeurs ne m'ont pas vu pleurer, encore heureux. Je n'ose imaginer l'humiliation que ça aurait été. Ils m'auraient bombardés de questions.

OS Larry Où les histoires vivent. Découvrez maintenant