34) feuille sombre

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Je pourrai vous expliquer pourquoi il n'y a pas eu d'os depuis longtemps. Mais ça serait long et chiant. Dans mon immense bonté, je vous épargne ça.
Bonne lecture.






Louis s'obstine depuis de nombreuses heures. Il ne fait que raturer, chiffonner et déchirer du papier. Il en tremble de rage. Mais il n'y a rien à faire si l'inspiration refuse de revenir.
Et pourtant ce n'est pas faute d'avoir essayé. Il a écouté de la musique classique, respiré à plein poumon l'odeur de l'herbe fraîche, appelé sa sœur pour connaître ses dernières histoires de cœur mais pas une seule ligne n'a bien voulu sortir de son esprit.
En dernier recours, il a même tenté de cuisiner. Comme prévu, ce fut une catastrophe. Cela révèle bien l'état déplorable dans lequel il s'enlise peu à peu.
Il n'arrive pas à comprendre ce qui bloque.

Sa vie n'est pas si merdique que ça pourtant. Il peut toujours compter sur sa famille même si sa mère n'est pas au top de sa forme en ce moment. Il a des amis honnêtes même s'ils sont un peu idiots. Son métier lui convient sauf quand son éditrice vient lui reprocher son manque de productivité, ce qui se produit une fois par jour au minimum.
Il n'est pas d'un naturel pessimiste mais se rend bien compte, qu'en vérité, sa vie est nulle à chier.

Poussant la tragédie à son maximum, Louis, abattu et démoralisé, s'étend par terre dans son propre salon, une main théâtralement posée sur le cœur. À force de passer des nuits blanches en face d'un fichier Word vierge, ses yeux sont secs, rouges et le tiraillent. Harassé de fatigue, c'est donc sans effort qu'il sombre dans un sommeil profond et réparateur malgré son étrange position, à même le sol.

Ce n'est qu'une heure plus tard que son colocataire le découvre, gisant tel un animal blessé sur le sol. Évidemment il prend peur et se met à secouer avec frénésie le corps du petit mécheux. Il ne vient pas un seul instant à l'esprit de Niall de vérifier son pouls.
Louis émerge alors de son sommeil, hébété et un peu perdu. Une fois que le blond lui ait dit les insultes les plus horribles qu'il connaisse pour lui avoir causé une telle frayeur (le pire étant "t'es un triple idiot tout moche"), ils passent à table.

Et, comme chaque soir, Niall s'inquiète pour son ami. Il pose encore une fois la question fatidique, d'un ton léger, comme si cela pouvait adoucir son propos :
- Alors ça avance ton roman ?
Exaspéré et franchement déprimé, Louis réplique d'une voix lasse :
- Tu sais bien que non. Je ne ferai pas cette tête si j'avais écrit quelque chose.
- Ne t'inquiète pas, tu vas bien finir par y arriver.
Louis est frustré, en colère, triste mais définitivement pas inquiet.
Il grogne des propos incohérents en réponse, pour que Niall cesse de lui parler.

Louis sait bien qu'il va falloir trouver un quelque chose pour éradiquer son syndrome de la page blanche. Il n'est pas crédule. Se forcer à écrire n'est pas la solution miracle, bien malheureusement. Cela lui faciliterait grandement la tâche.
Il sait que ce ne sera pas simple, mais il trouvera le remède miracle. Il espère juste que ce moment arrivera bientôt. Il doit envoyer son roman à son éditrice très bientôt.

Alors que Louis souhaite bonne nuit à son colocataire, celui ci lui lance avec désinvolture :
- Au fait, il y a mon cousin qui passe en ville demain donc je lui ai proposé de venir dîner. J'espère que ça ne te dérange pas.
- Super, répond ironiquement le mécheux.
Il se moque royalement de qui viendra manger chez lui, ce n'est pas ça qui va lui ramener son inspiration.

***

Après avoir passé une journée aussi merdique que celle de la veille, Louis s'abrutit devant la télévision en attendant son colocataire. Il en a marre d'être seul, il lui manque une présence. Il songe à adopter un chien.

Soudain, on toque à la porte. Le mécheux ne bouge pas un petit doigt et crie à son idiot de meilleur ami :
- C'est ouvert Niall.

Deux interminable jambes comprimées dans un jean skinny débarquent dans mon salon et déclarent :
- Moi c'est Harry.

Louis veut se relever, mais il amorce son mouvement trop rapidement et, oubliant le plaid sur ses jambes, il s'écrase lamentablement par terre.
Le grand bouclé pouffe peu discrètement. Louis vire au rouge cramoisi ayant honte de s'être montré si maladroit et de s'être ridiculisé face à un aussi bel inconnu.
Louis se révèle péniblement alors qu'Harry continue de glousser sans retenue.
Le mécheux se rend alors compte qu'il est habillé comme un gueux. Il y a des tâches suspectes sur son-t-shirt qui devait être blanc à la base et son jogging a connu des jours meilleurs. Il bafouille :
- Donc hum t'es le cousin de Niall.
L'autre le regarde avec des yeux de merlan frit, semblant se délecter de son malaise.
Louis n'est pas habitué à être déstabilisé. Il est celui qui met les autres mal à l'aise en temps normal. Et cette inversion des rôles ne lui plait pas beaucoup.

Niall rentre enfin du travail, sauvant ainsi Louis. Le mécheux n'ouvre pas la bouche du repas, il écoute distraitement les cousins parler en triturant la nourriture qui se trouve dans son assiette.
Niall lui fait remarquer son manque d'appétit et il lui répond par un haussement d'épaules qui fait ricaner Harry.

Le lendemain, Louis noircit plus de trois pages sans même s'en rendre compte. C'est en procédant à une relecture qu'il se rend compte de l'apparition d'un nouveau personnage, un gringalet avec des bouclettes et des fossettes. Il lui faut deux secondes et demie pour percuter qu'il a décrit Harry.
Ça ne le ravit pas du tout. Ce mec vient le perturber jusque dans ses écrits.

En rentrant ce soir là, Niall se fait une joie de lire ce qu'a écrit Louis. Il remarque bien vite l'étrange ressemblance du fameux personnage avec son cousin. Louis tente de se défendre en bafouillant, mais ses joues cramoisies le trahissent.

C'est ainsi que Harry, grâce à Niall, vient manger chez eux plusieurs fois par semaine. Louis a toujours le même comportement d'adolescente amourachée en sa présence et cela attendri Harry qui le trouve très mignon et craquant.

Niall ne comprend pas qu'aucun des deux ne fassent le premier pas. Et ce n'est qu'après des heurs de discussion qu'il réussit à convaincre Louis d'inviter l'homme qui fait battre son cœur pour un rendez vous.

***

Louis n'a aucune idée de comment ils en sont arrivés là, les yeux dans les yeux et leurs souffles brulants se mélangeant.
La seule chose dont il est sur c'est qu'il ne s'est jamais senti autant lui-même, comme s'il pouvait mourir maintenant tellement il se sent en paix.

Il avait donné rendez vous à Harry devant la grille du haras. Louis aime beaucoup cet endroit, un peu à l'écart du monde mais pourtant si vivant. Il veut faire découvrir à Harry ce petit paradis. Le parc est ouvert le weekend et par chance nous sommes samedi.

Malgré le froid de canard et le vent frigorifiant, ils passèrent un excellent moment à déambuler dans les écuries. Harry faisait une pichenette sur le museau ou flattait l'encolure de tous les chevaux qu'ils croisaient. Cela amusait Louis, qui le regardait de loin, craintif devant ces grandes bêtes.

Mais tout ceci n'explique toujours pas ce qu'ils font tous deux allongés dans une prairie, leurs corps encastrés et leurs fonts collés.

C'était l'idée de Louis au départ. Trouvant le bouclé fatigué et sachant qu'il a des longues et intenses semaines de travail, il avait pris l'initiative de le conduire Harry sur un par-terre d'herbe au soleil et abrité du vent par de grands sapins. Il faisait froid mais les doux rayons du soleil les réchauffaient, étendus ainsi ils profitaient des derniers rayons de la saison.

Lorsqu'Harry avait commencé à somnoler à même le sol, Louis l'avait tourné sur le flanc pour pouvoir le tenir tout contre lui. Et quand le bouclé avait émergé de sa micro sieste, il n'avait pas cherché à se défaire de l'étreinte rassurante du mécheux.

Harry se sentait bien, au chaud et protégé au creux des bras du petit mécheux. Louis lui sourit doucement en le voyant ouvrir les yeux.

Harry ne put se retenir en sentant son cœur déborder d'amour face à ce spectacle, il craqua le premier et avec une douceur infinie et une incommensurable tendresse, il se pencha vers Louis, son corps surplombant celui du plus vieux, ne laissant ainsi aucun doute possible quand à ses intentions. Louis ne cilla pas, ne recula pas et cessa de respirer. Harry hésita trois secondes, ne voulant pas brusquer et encore moins forcer Louis. Le mécheux sortit de sa transe, il releva la tête de quelques centimètres mais ce fut suffisant pour que leurs bouches entrent en collision.

Personne n'avait jamais embrassé Harry de cette façon, c'était si délicat, si pur, si doux, si Louis. Il n'aurait pas du être surpris, le mécheux était ce genre de personne qui te donnait l'impression d'être le roi du monde avec un regard, et pourtant Harry fut une nouvelle fois émerveillé par cet être. Tout en lui était touchant et il se demandait depuis quand il aimait Louis.

Le bouclé contempla l'ange dans ses bras avant de quémander un autre baiser. Maintenant qu'il avait gouté à ses lèvres, il ne pourrait plus s'en passer. Harry ne tenta pas de rendre le baiser sexuel comme il en avait l'habitude, il profitait simplement du cadeau qui lui était fait.

Il est possible qu'en rentrant chez lui, Louis ait écrit la moitié de son nouveau roman. Et il est fort probable que ce soit une histoire de chevaux, d'yeux verts et de bonheur.


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OS Larry Où les histoires vivent. Découvrez maintenant