Fable du bonheur - Les plaisirs du corps (@SonjaDavis)

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Les yeux dirent au nez :
Nous avons la plus belle destinée !
Voir, observer, briller,
Pleurer de joie ou de peine,
C'est le bonheur qui nous aime.
Le nez dit à la bouche :
Je suis le plus heureux de tous !
Les plus belles odeurs me touchent,
Le lilas, le coquelicot et la mousse,
Ce que tu ne peux pas manger.
Ah! Ces saveurs que tu ignores,
M'effleurent et m'adorent,
Me laissant parfumé.
Et la bouche dit aux cheveux :
Ah! Vous ne pouvez être heureux !
Moi je le suis.
Je dévore, j'embrasse, je crie,
Je suis fine, ou je suis charnue
Et je suis jolie même nue.
Mais les cheveux dirent aux oreilles :
Nous possédons les plus jolies merveilles !
Nous sommes milliers, nous sommes liés,
Au vent chacun de nous peut voler.
Le vent de la liberté
Secoue nos pensées.
Mais les oreilles se défendirent :
Les pieds sont de loin les pires !
On écoute les belles mélodies,
Tous les soupirs, tous les mots doux,
Et vous, vous ne faites que subir,
Marcher, courir !
Vous portez plus que vous ne pouvez
Et ne pouvez vous exprimer !
Les mains, chacune à leur tour,
Expliquèrent leurs plus beaux jours.
Toucher, caresser et frôler,
Les sensations les plus exquises
Animent les mains les plus soumises.
Et puis le cerveau s'exprima :
Le bonheur est érigé pour moi !
J'ai le pouvoir, vous êtes bas
Je domine tout, je suis le roi.
Mais le corps se mit à parler :
Ma quiétude n'a point d'égal !
Et c'est pour moi un vrai régal
De les voir tous abaissés
A mon plaisir solitaire.
Ce n'est point mon grand bonheur
Qui sera un jour le leur !
Ils ne sont qu'à mon service,
Abandonnés à tous mes vices.
Alors chacune de ces parcelles
Se trouva bientôt très très triste
Dans ce grand corps si égoïste
Qui ne pensait jamais à elles.
Elles décidèrent de se liguer
Car elles étaient toutes très vexées.
Tour à tour elles chancelèrent,
Mourant peu à peu, toutes fières !
Et quand le corps devint aveugle,
Ne vit plus rien, ne sentit plus rien,
Et quand il devint si muet,
Les lèvres toujours trop serrées,
Et lorsque le corps devint sourd,
Que d'un coup il ne put marcher,
Sauter, trottiner et courir,
Et les mains se mirent à lâcher,
Le corps ne pouvait plus écrire
Et la surdité l'étouffait.
Il ne pouvait même plus penser,
Son cerveau l'avait lâché.
Il était si malheureux maintenant,
Le bonheur n'était plus son présent.
Il était trop tard pour savoir
Que les petits bonheurs font le grand.
Que quand on aime, on vous le rend.
Que la vie n'était pas gagnée,
Que tout peut toujours arriver.
Que les amis parfois ça aide,
Et que la vie est une entraide,
Qu'ensemble on est toujours plus grands
Et aptes à franchir les tourments.

SonjaDavis











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