Monstres que vous êtes (@_a_fleur_de_peau_)

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Monstre que tu es.
Du haut de la montagne j'ai voulu crier,
Jusqu'à me décrocher les cordes vocales,

Jusqu'à en perdre le souffle.
Soufflés par le vent, des lambeaux de nuages

Se sont accrochés dans les sommets blancs.
En un bruit sourd, en un hurlement,
La montagne s'est brisée, a explosé.
Longues plaintes.

Pleurs et gémissements.
La bombe à retardement a frappé.
BOUM. Plus une respiration.

Plus d'air.
Et des milliers de fragments
Se sont éparpillés dans l'univers.

Monstre que tu es.
Il ne reste qu'une fumée noire,
Qui te détruit les poumons.
Qui a effacé la couleur des sentiments.
Pâleur extrême sur ton visage.
Un œil percé et d'autres ravages.
Encre sombre sur ta peau.
Liquide qui te brûle la gorge,
Te consume peu à peu.

Monstre que tu es.
Je suis comme une fleur fanée,
Toute flétrie,
Toute séchée,
Sans odeur, ni saveur,
Sans couleur.
Sans rien de particulier.
Qui a pourri dans la misère,
Noircie par la pollution,
Et achevée à coups de bâtons.

Monstre que tu es.
Artères tranchées,
Bouchées par la malbouffe.
Et des milliards de particules fines
Qui s'abattent comme la neige sur la ville.
Ton regard se perd et devient flou,
T'as les yeux qui pleurent,
Et les mers qui débordent.
Tu suffoques,
Manque d'air.
Tu perds les mots,
Ils s'emmêlent et s'entrechoquent.
Tu perds la tête.
Arrêt cardiaque.

Monstre que tu es.
Il y a des fils rouges
Qui traversaient mon corps.
Il y a ces fils rouges
Qui retenaient mon corps.
Ils ont lâché.
Lâcher prise comme on dit.
Et je suis tombée par dessus bord.
Maintenant j'ai perdu la tête,
Et voilà qu'elle se perd parmi les nuages,
Se confond dans la nuit.

Monstre que tu es.
Feu d'artifice dans l'univers.
On éclairera le cosmos.
C'est sûrement pour ça,
Qu'on m'a dit un jour,
Que j'étais...
Illuminée.

Monstre que tu es.
Sous la grande horloge,
Il y a les secondes qui résonnent.
Un, deux, trois...
Les gens marchent au rythme de mon cœur.
Le train part. Ils accélèrent.
BOUM.
Il y a encore un de ces petits cons
Qui a voulu faire le malin,
En balançant des pétards dans la gare.
Tous les regards se sont affolés,
Puis les pas se sont accélérés.

Monstre que tu es.
Un enfant se balance,
Cheveux dans le vent.
Un enfant plein d'innocence.
Il voulait toucher les étoiles
Et voler avec les oiseaux.
Les cordes ont cassées.
Un bleu, rouge, violet, vert et jaune.
Alors cet enfant dans le télescope,
A regardé le soleil.
Son monde il s'est fini dans le noir.

Monstre que tu es.
Sous un soleil de plomb,
Je me suis échouée,
Mais personne ne s'est arrêté.
Je dois être invisible alors.
Il y a le ciel qui pleure.
Mais je suis une éponge,
Tu aspires, et gonfles,
Gonfles encore et encore.

Monstres que vous êtes.
Au fond, la terre est ronde,
Et on est comme des poissons rouges
Qui tournent en rond dans leur bocal.
Mais moi, je n'ai pas trouvé la surface.
Sans un cri, sans un mot,
Je me suis perdue dans les profondeurs
De ses abysses, de ses gouffres sans fond.


_a_fleur_de_peau_




L'Envol Des ColombesWhere stories live. Discover now