Chapitre 17 : Madame Dupont

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Trois semaines après.

Alexander avait eu le droit de rentrer seulement qu'un weekend, il était donc reparti. Des le lendemain de la demande, Laure avait tous raconté à Claire, qui s'était régalée de ses récits.

Ils avaient décidés de se marier après la fin de la guerre, car le gouvernement avait laissé comprendre que les combats cesseraient rapidement avant le mois de décembre de l'année 1918. Enfin c'est ceux qu'ils envisageaient de faire.

Pendant ce temps à l'arrière, Laure et sa mère avait commencé à préparer les noces, avec l'aide de leur voisine et de Madame Tonne et sa fille.

Ce jour là, Madame Dupont était partie tôt en ville ce matin. Elle était partie pour négocier une date avec le prêtre, avec le photographe. Elle avait même demandé aux quelques boulangeries, enfin celle qui étaient encore ouverte. Mais en vain, les ressources agricoles manquaient trop. Madame Tonne étant bonne pâtissière s'était portée volontaire pour l'aider. Madame Müllers, quand à elle s'occupait déjà de la robe et des décorations. Elle avait toujours rêvé d'un mariage parfait pour ses fils.

Laure était resté chez elle, Claire l'avait rejoins comme à son habitude. Les deux amies s'occupaient de la liste des invités. Du déroulement de la cérémonie. Laure elle aurait aimé que son frère soit là avec elle. Il lui avait promis de l'amener à l'autel lors de son mariage.

Elles avaient reçu comme instruction de ne pas sortir, même si les alarmes se mettaient à sonner. Les Allemands avaient envahis tous Strasbourg et avaient mobilisé tous les hommes valide qu'il y restait c'est-à-dire pas beaucoup mais assez pour garder la ville. Madame Dupont, leur avait promis de rentrer avant le diner. Elle n'aimait pas laisser sa fille et sa meilleure amie toute seules la nuit.

Surtout après les derniers événements en ville. Quelques jeunes avaient été violés ou bien disparus, après avoir été invité à boire par quelques soldats. Cela fessait presque 4 ans que la Guerre et les combats avaient envahis l'esprit des hommes. Des deux cotés, les hommes n'avaient pas vu de femmes depuis longtemps. Alors quand ils trouvaient une jolie fille avec qui s'amuser, ils en profitaient.

Madame Dupont ne s'inquiète pas pour sa fille au sujets des garçons, c'était plus pour Claire qu'elle se fessait du souci.


Il devait être à peu prés 18h30. Le soleil commençait à se coucher, pour laisser place à une nuit longue et froide. Laure commençait à s'inquiéter que sa mère ne soit pas encore revenu. Claire essaya de la rassurer en lui disant qu'elle avait surement dû rester à la cathédrale pour prier un peu. Elle avait l'habitude d'y aller pour que Thibault lui revienne bien vivant et en un seul morceau.

Laure et Claire étaient en train de mettre la table quand le drame arriva. L'alarme résonna dans toute la maison. Les allemands avaient repris la terreur dans toute la ville. Laure leva la tête et lâcha une assiette qui s'écrasa au sol. Claire encore dans la cuisine courut vers elle, lorsque la faïence s'émietta.


Maman...


Elle arracha, de son buste, son tablier de cuisine et se précipita dehors. Laure courut à être à bout de souffle jusqu'en ville. Quand elle arriva au cœur de la ville, un grand souffle la propulsa vers l'arrière. Elle se cogna la tête contre un arbre. Son amie l'avait suivi difficilement, lorsqu'elle la trouva, Claire la réveilla doucement, mais les cris et les pleures la firent sursauter de peur.

Laure se leva maladroitement, du sang coulait de ses cheveux, sa tête tournait. Sa vision était un peu flou, mais elle vit, ce majestueux monument s'écroulait. Claire tomba au sol sous le choc, elle se mit à prier Dieu, de pardonner ce tragique incident. Laure respirait mal, cependant elle pria pour que sa mère ait eu le temps de sortir de la cathédrale. Car il ne restait que des ruines.


Mamann ! S'écria t-elle en se rapprochant des pierres. Seigneur je vous en supplie !

Laure, nan n'y va pas ! Lança son amie en la retenant. C'est trop dangereux. La jeune fille se retourna vers elle, des larmes coulaient de nouveau sur ses joues. Elle qui pensait qu'elles ne reviendraient jamais. Qu'elle ne serait plus jamais triste.

Elle était dans la cathédrale. Rétorqua t-elle en hochant la tête de droite à gauche. Claire ne savait pas quoi répond, qu'elle baissa la tête. Tu ferrais mieux de rentrer toi, avant d'avoir des problèmes.


A ces mots, Laure parti en direction des ruines du bâtiment. Désespéré elle chercha le corps de sa mère. Les Allemands l'obligèrent à se reculer et lui conseillèrent de partir, en vain. Les autres strasbourgeois se jetèrent à leurs tours sur les ruines de ce majestueux monument. Ils soulevèrent les pierres et les débris quand ils tombèrent sur un corps. Une femme d'une quarantaine d'année. Elle était allongé sur le ventre, ses jambes étaient écrase sous une grosse pierre. Son dos était ouvert, l'impact de la pierre. Une pierre qui avait dû lui écraser le thorax, la privant d'air. Elle avait surement dû être piégé avant même de se rendre compte que la cathédrale s'écroulait. Son sang coulait de partout, sur sa robe noire, sur les pierres et le sol. Une femme fit le signe de la croix en voyant le massacre.

Quand Laure la reconnut, elle fut anéantie. Elle tombât à même le sol. Écrasé par la douleur, de la vision de sa mère, priant et en même pas l'espace d'une minute elle se retrouva écrase au sol, par deux pierres pesant au moins une tonne. Elle leva son regard et tomba face, la cloche sur laquelle tenait, la statue du Christ sur sa croix. Elle venait de tous perdre. Toute sa famille. Tous ses espoirs. Et Alexander n'était même pas là pour l'aider, sans oublier le risque qu'il pouvait ne pas revenir.


Oh, mon dieu... Elle plaça son visage dans ses mains. Non pas elle, je vous en prie. Une main se posa sur son épaule, elle se tourna et vit un jeune soldat à peine plus âgé qu'elle. Elle avait la haine envers les hommes, eux et leur passion pour la destruction. Vous... VOUS... Elle se jeta sur le soldat allemand avec une telle véracité, qu'il en tomba. Le jeune homme se protégeait le visage, en la suppliant, le visage pleins de larmes. D'autres soldats l'attrapèrent et essayèrent de la stopper, ils eurent beaucoup de mal. Malgré son choc, Laure était pleine d'adrénaline. Et quand ils arrivèrent à la calmer, elle était à bout de souffle. Elle se mit sur ses genoux et se lamenta sur son sort et celui de sa famille. Vous les hommes vous êtes que des monstres. Lâcha t-elle entre chaque larmes. Vous vous battez sans aucune raison et sans aucune pitié. Elle pointa le cadavre de sa mère. Elle n'avait rien fait, elle était innocente.


Elle observa le jeune homme sur qui elle s'était acharnée, il la regarda un court instant avant de baisser son regard. Un officier pris sa mère, et lui indiqua qu'ils la ramenaient chez elle. Laure se leva sans dire un mot, le regard dans le vide. En arrivant sur le perron de leur manoir, Madame Müllers les attendaient. Elle plaça ses mains sur sa bouche à la vue de son amie. L'officier posa Madame Dupont sur les marches et se retourna vers Laure. Il s'excusa et parti. Ils auraient beau essayer de se pardonner, Laure ne l'accepterai jamais.

Laure se promit de ne plus jamais pleurer. Elle avait compris que c'était leur prouver sa faiblesse. Elle en avait marre de paraitre faible. Elle avait décidé d'être forte.

La Strasbourgeoise (FR)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant