Pontoise

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« Samedi 20 mars 1867, plus tard dans la soirée :

Cette nuit sera d'un noir profond. Je m'en réjouis car elle pourra ainsi me protéger du regard indiscret d'autres voyageurs. J'espère que personne ne me reconnaitra...

Je suis tout honteuse non pas de fuguer car ma cause me paraît juste, mais d'avoir « emprunté » la bicyclette de ma sœur, qui va sûrement en pâtir...

Sans oublier l'argent que j'ai " emprunté "dans les affaires de père...

Je sais que cela est mal, mais avais-je seulement le choix ?

Dans tous les cas, je sens souffler sur moi le vent de la liberté et je pédale à toute vitesse sur les routes ! »

A ma montre, il était affiché si je me souviens bien 18 heures. J'avais prévu de rouler au moins deux heures pour arriver à Pontoise vers 20 heures et s'il restait une place, trouver refuge dans une auberge. Pour un voyage il n'y a pas si longtemps, père s'y était déjà rendu, et je l'avais accompagné. Ainsi je pouvais me situer plus facilement.

« Quelle traversée épuisante ! Je n'avais jamais autant parcouru de chemin, et que de montées, de descentes puis à nouveau de montées... Ne pas faiblir, ne pas faiblir, ne surtout pas faiblir, me convaincre que je peux le faire...

Et enfin, j'entre dans une ville et j'aperçois une auberge, qui me paraît modeste mais respectable, tout ce que j'espérais ! En entrant une femme m'accueillit d'un franc sourire qui me donna chaud au cœur ! Elle ne me posa aucune question, bénie soit elle, et me plaça à une table bancale, puis me servit un simple mais bon repas, pour ensuite me conduire à une petite chambre. Je n'ai pas eu même le temps de me déshabiller et de me remettre de mes émotions que je m'endormis aussitôt.»

Lever 7 heures pour reprendre la route à 7 h 30, après un petit-déjeuner consistant. L'aubergiste eu même la bonté de me préparer un encas pour la route à ma demande.

Je réglais la note, lorsqu'elle me tendit une jolie miniature avec un regard mystérieux. Je la regardai avec précision et je vis qu'il s'agissait d'une vue de Pontoise.

« Ca vous fera un souvenir » me dit-elle gaiement, « c'est de mon fils, il est doué vous ne trouvez pas ? » Cette femme était un ange, et elle me redonna confiance pour la suite du voyage ! Pourtant on ne se connaissait pas, mais il y avait quelque chose d'invisible qui nous reliait, comme une souffrance commune. Cependant, ce que je viens de te confier restera toujours une énigme pour moi.

C'est ainsi que j'enfourchais ma bicyclette direction Dreux !


Le vélo, c'est bon pour la santé!Where stories live. Discover now