Saint-Malo en vue!

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« Lundi 22 mars 1867, 20 h :

Quel bruit ! Je me demande bien ce que cela peut-être ? Il ressemble à un cri, un étrange cri tout de même. Mais, est-ce-que je rêve ? Ce cri, ce cri, il vient de mon propre ventre ! Qu'est-ce-donc ? Suis-je malade ? Et puis, j'ai une sensation de grand vide dans mon estomac. Est-ce-que j'aurai faim ? Quand on a besoin de manger, on ressent donc ça ? Je découvre des sensations fortes intéressantes...

Je devrais peut-être m'arrêter pour satisfaire cette requête.

Heureusement qu'il me reste un peu de nourriture d'hier, sinon je n'aurai rien eu à manger... »

C'est, si je me souviens bien, à Rennes que je fis escale. J'avais pour première intention d'y rester dormir, mais je me trouvais sur la dernière ligne droite et il me tardait de rencontrer ma grand-mère. De plus, chose étrange, je m'étais accoutumée à tous ces maux engendrés par un trop grand effort et par la fatigue, il ne fallait pas que cette motivation retombe. C'est pour cela que je continuais dans une nuit profonde la fin de mon voyage, jusqu'à Saint-Malo. Je me réjouissais déjà de ma prochaine arrivée, et je réfléchissais aux premiers mots que j'adresserais à ma grand-mère :

« Lundi 22 mars, 21 h 30 :

« Ma chère grand-mère », non, » je suis Jeanne, votre petite-fille, vous rappelez vous de moi ? » Non plus. Je réfléchis à la meilleure manière de lui exposer la situation. Vais-je devoir la réveiller ? Je vais arriver tellement tard... Il me reste encore 2 h30 de route avant d'apercevoir enfin Saint-Malo, ville inespérée, et sa mer, qui doit être si belle ! Je ne l'ai jamais vue, mais de ce que je me l'imagine, elle est magique. Aussi libre que les oiseaux, aussi immense que le ciel, aussi belle que les bleuets. J'ai hâte de la voir, elle et ma grand-mère !

Seulement, j'appréhende tant cette rencontre, avec ces conditions très brusques. A y réfléchir, je suis très indélicate de m'imposer à elle, de plus en pleine nuit.

Je me dis qu'il vaut mieux que j'arrive le plus tôt possible pour me rassurer comme je le peux!

Il faut que je garde confiance et espoir. »

Ces dernières heures de routes, je les effectuais soucieuse mais dans l'espérance, avec l'idée que j'avais fait mon devoir, et que j'avais eu raison de m'être écoutée. La route n'avait pas trop de dénivelé, et bien que je ne voyais point dans cette obscurité, je n'eus presque aucun problème et c'est au final assez paisiblement malgré mes réflexions que j'entrais à Saint-Malo.

Elise, si tu savais comme j'aurais voulu que tu sois avec à moment.

Une grande soif me prit, alors je me dirigeai vers le premier cimetière que je vis, il y a toujours de l'eau dans les cimetières.

Je courus vers le robinet pour étancher ma soif, puis, me sentant beaucoup mieux, je me tournais vers mon vélo pour le prendre. Lorsque que je vis, lorsque je vis une tombe. Une tombe, se dressant devant moi, fière mais seule, me regardant. Curieuse, je m'en suis approché et je lus l'inscription. C'était le nom de grand-mère.


Le vélo, c'est bon pour la santé!Where stories live. Discover now