Chapitre 38

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" Rex Rosay arrêté ! Le célèbre producteur, accusé du meurtre d'April Russell !" La nouvelle avait fait les gros titres de tous les journaux. Les journalistes n'avaient pas perdus de temps pour découvrir tout ce qu'il fallait sur le dénouement de l'affaire April Russell. Les articles parlaient des gants retrouvés chez le producteur, de ses problèmes financiers, de l'audace de la jeune actrice qui voulait quitter le cinéma. Chelsea avait abandonné ces journaux dans la poubelle dès qu'elle les avait reçu, le matin même. Pour elle, tout était terminé. Elle avait résolu le meurtre de sa sœur.

Elle avait passé la journée à rester assise dans le canapé du salon d'April, perdue dans ses pensées. Elle avait également empaqueté toutes ses affaires : ses dessins, quelque uns de ses scripts, ses robes, ses produits de maquillage. Pour le reste, elle demanderait à quelqu'un de débarrasser l'appartement. Sa famille n'avait pas les moyens financiers pour payer le loyer de ce superbe appartement.

Il était plus de dix heures du soir lorsqu'elle commença lentement à faire ses valises. Demain, elle rentrerait à Milwaukee, elle reverrait son père et Alma et pourrait enfin faire son deuil, la conscience apaisée. Du moins, elle l'espérait.

Depuis que l'inspecteur Daniels avait arrêté Rex Rosay, elle éprouvait un sentiment de vide au fond d'elle-même. Le meurtrier de sa sœur était derrière les barreaux et elle avait cru qu'une fois ce but atteint, elle se sentirait bien. Mais ce n'était pas le cas.

Elle ne pouvait pas se mentir à elle-même ; cette quête, cette recherche assidue du meurtrier lui avait permis de ne pas trop songer à la douleur et ça lui permettait d'avancer. Mais à présent, il n'y avait plus de tueur à arrêter. L'enquête était close, l'inspecteur Daniels allait enquêter sur d'autres morts et elle, elle retournerait à son existence bien rangée, à continuer de préparer son mariage avec Damian et de se préparer à la vie de mère exemplaire et d'épouse modèle, comme elle l'avait toujours désirée.

Une vie parfaite, sans grain de sable dans les rouages.

Elle poussa un long soupir en déposant sa petite trousse de toilette dans sa valise. Elle y avait glissé quelques rouges à lèvres et fards à paupière d'April. Peut-être qu'une fois, elle se maquillerait un peu plus qu'à l'accoutumée. Comme sa petite sœur. Peut-être que ça la rendrait plus sensuelle. Peut-être fera-t-elle un effort pour son mariage...s'il y avait une chance que ça plaise à son futur époux et à sa belle-famille.

Elle rangea une dernière robe dans sa valise et se dirigea dans le salon pour récupérer toutes les photos qui étaient encore étalées sur la petite table en verre. Depuis qu'elle les avait montrées à Finch, elle les avait gardées à portée de main et les regardaient quelques minutes avant d'aller se coucher.

Sa famille lui manquait.

Au même moment, quelqu'un frappa à la porte. Elle s'immobilisa dans son geste, surprise. Après quelques secondes de silence, de nouveaux coups se firent entendre. Elle se rendit près de la porte et demanda d'une voix forte :

- Qu'est-ce que c'est ?

- C'est Owen. Répondit une voix grave de l'autre côté du battant.

Chelsea fronça les sourcils. Owen ? L'homme de main de McKinley qui était amoureux de Joyce, la maquilleuse ? Qu'est-ce qu'il faisait là, sur le pas de la porte ? Que lui voulait-il ? Était-ce McKinley qui l'avait envoyé ?

- Que voulez-vous ? Reprit-elle d'une voix sourde en reculant de quelques pas.

- Je veux juste vous parler, mademoiselle Russell. Je ne suis pas armé, je ne viens de la part de personne et je suis seul.

Deux SoeursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant