Chapitre 35

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Un mois s'écoula depuis sa confrontation avec le Ministre de la Magie. Hermione ne cessait de chercher des pistes, de fouiller au Ministère et d'interroger quiconque était susceptible de détenir des informations sur la situation de Draco. Elle devenait tant accaparée par cette affaire qu'elle négligeait le travail qui l'attendait. Elle savait bien que son poste était important et que le sort de nombreuses personnes dépendait du département de la justice. Pourtant, Hermione ne pouvait se résoudre à abandonner Draco. Un jour, elle fut convoquée dans le bureau de Kingsley Shacklebolt. Elle repoussa ce rendez-vous autant qu'elle le put mais elle savait très bien qu'elle n'y échapperait pas. Alors, à la fin de la journée, elle traîna des pieds jusqu'au bureau qu'elle ne pouvait plus voir en peinture et y fut invitée à rentrer à peine avait-elle frappé à la porte. Hermione serra les dents et masqua tant bien que mal son mépris pour le Ministre alors qu'elle s'asseyait en face de lui.

- Miss Granger, il m'a été rapporté que vous aviez été absente de nombreuses fois, dernièrement. Après notre discussion, je me suis dit que vous aviez besoin de temps pour accuser le coup mais on m'a parlé de votre petite... enquête au sein de notre Ministère. Vous comprenez bien que...
- Épargnez-moi vos beaux discours, le coupa-t-elle. Vous voulez me virer, pas vrai ?
- Bien évidemment que non. Vous êtes un atout pour le département de la justice et pour notre Ministère également.
- Mais je dérange.
- Le but que vous tentez d'accomplir risque de vous mettre en danger mais aussi de mettre en danger notre mission et, à terme, la population. Je ne peux vous laisser faire. Je pense que vous avez besoin de temps pour vous, pour reprendre vos esprits et prendre du recul sur cette situation délicate.
- Donc vous me mettez au placard le temps que tout ça ne se tasse.
- Vous êtes suspendue jusqu'à nouvel ordre, Miss Granger, s'agaça-t-il. Vous êtes interdite d'accès au Ministère de la Magie pour le moment. Prenez du temps pour vous, pour réfléchir à tout ça. Reposez-vous.

Hermione se leva et sortit du bureau du Ministre sans demander son reste. Ses joues étaient rouges de colère et elle bouillonnait de l'intérieur. Kingsley Shacklebolt montrait enfin son vrai visage.

***

Dès le lendemain, Hermione tenta de reprendre ses recherches. Elle contacta ses collègues mais personne ne voulut lui répondre. Avaient-ils reçu un avertissement du Ministre de la Magie ? Frustrée, elle entreprit de rassembler les informations qu'elle avait trouvé en les notant dans un carnet. Soudain, une idée lui traversa l'esprit. Harry avait été promu à la tête des Aurors. Si quelqu'un savait quelque chose, c'était probablement lui. Alors, Hermione attendit la fin de journée avant d'aller rendre visite à ses amis. Ce fut Harry lui-même qui vint lui ouvrir.

- Mione ! Je suis content de te voir. Viens, entre.

Ginny vint l'accueillir également et la serra dans ses bras. Ils s'installèrent dans le salon et Harry lui servit un thé à la menthe.

- Comment vas-tu ? demanda-t-il, en s'installant dans le canapé.

Hermione sentit immédiatement l'air désolé dans sa voix.

- Tu es au courant, n'est-ce pas ?
- Hm, oui, j'ai été convoqué par Shacklebolt. Il m'a averti de la situation.
- Au courant de quoi ? demanda Ginny, curieuse.
- Il m'a mis sur la touche parce que je posais trop de questions, répondit sèchement Hermione.
- Mione, il faut que tu comprennes que c'est pour ton bien, intervint Harry. Cette histoire, ce n'est pas de ton ressort et...
- Est-ce que vous le cherchez, au moins ?
- Comment ?
- Est-ce que les Aurors font quoi que ce soit pour le retrouver ?
- Je ne peux pas te répondre.

Le silence s'installa soudainement dans la pièce. Ginny regarda son époux, surprise par le ton qu'il employait. La jeune femme n'avait pas été mise au courant de la situation et semblait décontenancée. Elle demanda à Harry de venir l'aider en cuisine. Malgré tout, Hermione pouvait tout entendre depuis le salon. Harry expliqua à Ginny ce qui était arrivé à Draco.

- Harry, dis-moi que vous avez un plan, que vous êtes en train de le chercher et que tout est sous contrôle.
- Ce n'est pas comme ça que ça se passe...
- Vous l'avez laissé tout seul, là-bas ?!
- Tu sais bien que c'est plus compliqué que ça.
- Harry Potter, tu vas sortir de cette cuisine et aller dire à ta meilleure amie tout ce que tu sais sur la disparition de son fiancé et tout de suite !
- Je ne sais rien, Ginny !

Ils revinrent soudainement au salon, visiblement en colère. Hermione était déjà debout, prête à partir.

- Mione... commença Harry.

Mais, la jeune femme leva la main pour lui faire signe que ce n'était pas la peine de dire un mot de plus. Bien qu'il n'était pas entièrement responsable de cette situation, Hermione se sentait trahie par son ami. Elle les salua brièvement avant de transplaner, encore plus dépitée qu'en arrivant.
Avant même d'entrer dans son appartement, Hermione se sentit vaciller. Elle avait l'impression de voir le monde tourner autour d'elle et sentit ses jambes se dérober. Elle se laissa tomber, là, dans le couloir devant sa porte d'entrée. La jeune femme voulut appeler à l'aide mais aucun mot ne sortit de sa bouche. Avant de s'évanouir, elle remarqua le sang sur ses jambes, incapable de dire d'où il pouvait bien provenir.

***

Hermione ouvrit lentement les yeux. Elle se sentait faible et engourdie. Ne reconnaissant pas l'endroit où elle se trouvait, elle commença à paniquer et se redressa brusquement. Elle était allongée dans un lit peu confortable, couverte d'un drap blanc et habillée d'une tunique d'hôpital. La jeune femme était confuse. Que faisait-elle dans un hôpital ? Comme pour répondre à sa question, la porte de la chambre s'ouvrit sur Ron, les bras chargés de bonbons et de chocolats. Il écarquilla les yeux en la voyant réveillée et se précipita vers elle. À la hâte, il déposa les confiseries sur le lit pour la prendre dans ses bras.

- Tu m'as fait une de ses peurs ! Comment tu te sens ?
- Qu'est-ce qui s'est passé ? lui demanda-t-elle, ignorant sa question.
- Je suis passé te voir et je t'ai trouvé sur le sol, pleine de sang. Je t'ai emmené ici aussi vite que j'ai pu.
- Ici ?
- À l'hôpital Sainte-Mangouste, répondit une femme en blouse blanche qui venait d'entrer dans la chambre. Comment vous sentez-vous ?

Hermione haussa les épaules. Pour être honnête, elle ne ressentait pas grand-chose, à cet instant. La guérisseuse demanda à Ron de quitter la chambre et prit une chaise pour s'asseoir en face de sa patiente.

- Nous vous avons lancé un sort pour vous anesthésier, en quelque sorte. Vous avez perdu beaucoup de sang.
- J'ai été blessée ? Je ne comprends pas.
- Miss Granger, nous avons fait tout ce que nous avons pu mais, malgré tous nos efforts, le bébé n'a pas survécu. Vous avez fait une fausse couche, je suis désolée.
- Le... Le bébé ? Quel bébé ?
- Vous n'étiez pas au courant ? Vous étiez enceinte de six mois.
- Pardon ?

Les oreilles de Hermione se mirent à bourdonner et sa vision se troubla. Elle était enceinte ? De Draco ? Et elle avait perdu le bébé ? Tout cela ne rimait à rien. Elle entendit vaguement la guérisseuse parler de "déni de grossesse" et lui demander si elle avait face à un choc particulier dernièrement. Hermione lui aurait ri au nez si elle en avait été capable.

- Je veux rentrer chez moi, déclara-t-elle d'une voix monocorde.
- Je ne peux pas vous retenir contre votre gré, Miss Granger. Cependant, je préfèrerais vous garder ici encore une nuit au moins, pour m'assurer que vous alliez bien.

La jeune femme se demanda comment elle pourrait aller bien désormais.

- Je veux rentrer chez moi, répéta-t-elle.

Alors, la guérisseuse autorisa sa sortie. Hermione se rhabilla et tituba tant bien que mal hors de la chambre, où elle retrouva Ron. En tombant presque dans ses bras, elle lui demanda :

- Ramène-moi chez moi, s'il te plaît.

Always [Réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant