Les héritiers (Héros de l'Olympe, Magnus Chase, Carter Kane)

8. Driss

Driss se tourna vers la provenance de la voix, de même que tous les autres.

– Asher..., murmura le dénommé Jason – celui qui était arrivé en volant –, les yeux écarquillés.

– Qu'est-ce que tu as récité ?, demanda alors Driss, dans sa très grande innocence.

Il ne comprenait pas bien les enjeux de leur débat, ni de leur dispute. Tout ce qu'il savait, c'est qu'il aurait bien aimé rentrer au manoir faire ses exercices de maths. Il commençait à en avoir marre de ces demi-dieux grecs et de tout ce qui les concernait.

Asher ne paraissait pas du tout gêné. Il fusilla du regard son père, le mettant au défi de dire quoi que ce soit.

– C'est la prophétie dont parlait le monstre.

Aussitôt, Sabine s'écarta de son père, qui s'avança vers Jason, l'air menaçant.

– GRACE !, hurla-t-il, hors de lui. T'as parlé de ça à ton fils ?! Je croyais qu'on avait convenu de n'en parler à personne !

– Je n'ai jamais parlé de ça à Asher !, cria Jason en retour.

Au même moment, Sabine hurlait, hors d'elle elle-aussi :

– Je croyais qu'il n'y avait pas de prophétie ?

Les autres les observaient silencieux. Puis Asher se leva et se plaça face à son père et Percy.

– Il ne m'en a pas parlé. C'est moi qui l'ai épié, hier soir.

Les deux héros le regardèrent simultanément avec la colère dans les yeux. Asher était étonnamment calme, pour un garçon debout face à la colère des deux demi-dieux les plus puissants de tous les temps.

Mais leur colère n'était rien face à celle de Sabine, qui se plaça face à ses parents et hurla :

– ET VOUS COMPTIEZ M'EN PARLER QUAND ?

La colère de la jeune fille était effrayante, vraiment, et Driss savait de quoi il parlait, parce que son frère Jonathan était un véritable colérique et piquait souvent des crises. Mais aucun des accès de son frère n'était aussi effroyable que la colère froide et pure de Sabine. Pourtant, quand James en parlait, ou même quand Driss la voyait au lycée, elle n'avait jamais paru colérique.

– Sabine, chérie..., commença sa mère.

– QUAND ?, répéta la fille, ses yeux bleu-gris lançant des éclairs.

Il y eut un énorme bruit à l'étage, que Driss identifia comme étant les toilettes qui explosaient.

Devant la colère de Sabine, seul Asher osa s'avancer.

– Sabine, écoute...

– NON !, l'interrompit-elle. Tu étais au courant et tu n'as rien dit ! Tu n'es pas mieux qu'eux !

Alors Driss fit quelque chose qui le surprit lui-même, ainsi que tous les autres. Il se leva et s'approcha de Sabine, ignorant la haine qu'il percevait dans son regard.

– Sabine, tenta-t-il en la regardant droit dans les yeux.

– Qu'est-ce que tu veux, toi ?, le rembarra-t-elle.

Elle avait l'air d'un animal enragé, et Driss n'aurait pas été étonnée outre mesure si elle avait grogné en découvrant les dents.

– Écoute, je sais que t'es en colère, ok ? Mais ce que je vois, surtout, c'est qu'ils t'ont caché la vérité pour te protéger...

Driss vit que tout le monde retenait son souffle. Cependant, Sabine ne s'énerva pas, elle se contenta de le toiser.

– D'accord, je comprends, continua-t-il. Ce n'était pas forcément la bonne solution. Cacher la vérité n'est jamais la bonne solution. Mais tu ne devrais pas trop leur en vouloir... Après tout, ce sont ta famille, tes amis... Ils ne veulent que ton bien, et ils n'ont jamais désiré te faire du mal...