Les héritiers (Héros de l'Olympe, Magnus Chase, Carter Kane)

20. Jeremy

Jeremy venait de décapiter l'empousa. Il ne savait pas vraiment pourquoi il l'avait fait, tout d'un coup, mais sans doute l'avait-elle trop énervé. C'était une chose de se battre contre des monstres stupides, incapables de faire preuve d'intelligence, mais enfin ! Se battre contre des femmes vampires qui vous narguent avec leur jolie voix ? C'était tout autre chose.

– Bon, eh bien, on a plus qu'à y aller, maintenant !

Mais avant qu'ils n'aient pu faire un pas, les ombres se rassemblèrent pour ne plus former qu'une seule ombre, et une silhouette d'un noir d'encre en sortit. Elle avait des allures vaguement féminines, même s'il était difficile de savoir, elle était trop sombre pour que l'on distingue quoi que ce soit. Haute d'environ trois mètres ou trois mètres cinquante, la silhouette semblait drapée dans les ombres mêmes, drapée d'une brume noire et épaisse.

Vous avez tué mes servantes, dit-elle alors d'une voix aussi épaisse que les ombres qui l'entouraient. Je ne peux pas vous tuer, mon maître vous veut vivants, mais je peux vous faire souffrir pour ce que vous avez fait. Mon maître n'a pas précisé qu'il vous voulait indemnes.

Jeremy sentit son sang se glacer dans ses veines. Quel était ce monstre ? Sa voix n'avait rien d'humain, rien non plus de celle des monstres ayant la faculté de parole. Elle ne semblait pas provenir de la silhouette sombre elle-même, mais plutôt de partout et nulle part à la fois. Il l'entendait distinctement, sans pour autant être sûr de l'entendre réellement avec ses oreilles.

– Qui êtes-vous ?, demanda-t-il, cependant pas convaincu de vouloir la réponse.

Qui je suis ?

Le monstre rit d'un rire aigu et grave à la fois.

Mais je suis l'obscurité, l'absence de lumière, l'ombre elle-même. Je suis la fille de Chaos lui-même, la fille du vide primordial. Tu ne l'as pas deviné, petit demi-dieu ? Je suis la Nuit.

Jeremy fut parcouru d'un frisson. La Nuit... Ses parents lui en avaient parlé, bien sûr. Il savait qu'elle était comme son père, invincible. Mais Tartare était invincible, lui-aussi. S'ils ne pouvaient pas battre Nuit, comment pourraient-ils jamais battre Tartare ?

– La... la nuit ?, bredouilla Sean.

La silhouette eut un rire féroce, toujours aussi étrange que sa voix.

Nuit avec un N majuscule, imbécile ! Vous devriez trembler devant moi, à genoux dans la terre !

– J'ai pas l'intention de m'agenouiller devant qui que ce soit, rétorqua James.

La Nuit eut un hurlement de fureur et se jeta sur James comme pour le réduire en charpie. Jeremy vit la mort passer dans ses yeux, mais soudain, alors qu'elle n'était plus qu'à quelques centimètres du visage de James, elle s'arrêta.

Je n'ai pas le droit de vous tuer, marmonna-t-elle, plus pour elle-même que pour le groupe de héros. Mais je peux vous blesser.

Joignant le geste à la parole, elle donna un grand coup dans l'épaule de James, qui réussit à esquiver de justesse.

– Assez !, hurla Sabine en se plaçant entre la Nuit et l'égyptien. Nous sommes dix, grecs, romains, égyptiens et vikings, tous réunis ! Nous pouvons vous tuer !

Me tuer ?, ricana la Nuit. Me tuer ? Je me fiche que vous soyez grecs, romains, égyptiens ou vikings. Vous ne pouvez pas me tuer, même tous réunis. Vous êtres trop faibles. Trop faibles.

Malgré la présence de la Nuit à moins d'une dizaine de centimètres de son visage, Sabine ne montrait aucune trace de peur, contrairement au reste du groupe qui avait reculé de quelques pas.

– Courez !, cria alors Jeremy.

Il savait que jamais ils n'arriveraient à battre la Nuit, alors la fuite était leur seul moyen de survie.

Son cri ranima instantanément tout le monde, et tous se dispersèrent en courant, sous les hurlements furieux de la Nuit.

Une poursuite ? Très bien ! Je vous tuerais tous, si je le pouvais ! En attendant, je crois que je vais vous torturer un peu !

Elle se lança à la poursuite de Sean, Charles et Lisa, qui étaient partis vers la rue de droite, tandis que Sabine, Driss et Astrid partaient en avant, et Jeremy, James, Liam et Asher vers la rue de gauche. Malgré la distance qui les séparait, Jeremy entendait les cris de Charles, accompagnés des cris des deux égyptiens.

Comment avaient-ils pu les laisser seuls face au danger ? Ils étaient des héros, des demi-dieux, entraînés à se battre contre les monstres, et ils s'étaient enfuis comme des enfants, comme des lâches.

Les hurlements s'estompaient petit à petit, au fur et à mesure qu'ils mettaient de la distance entre eux. Alors, Jeremy, James, Liam et Asher arrêtèrent de courir, essoufflés.

– J'arrive pas à croire qu'on les a abandonnés..., murmura James.

Jeremy se demanda s'il avait bien entendu. James Kane, qui s'inquiétait du sort des autres ? C'était trop beau pour être vrai.

Mais avant qu'il n'ait pu le faire remarquer, il y eut du bruit dans la rue adjacente, et les quatre garçons sortirent leurs armes comme un seul homme.

La chose se rapprochait rapidement. Très rapidement. À tel point qu'une demi-seconde plus tard, Sabine, Driss et Astrid déboulèrent, armés eux-aussi jusqu'aux dents, leurs armes pointées sur les garçons.

– C'est vous !, s'exclama Driss en abaissant son arme. Où sont les autres ?

Avant que quiconque ait pu répondre, un hurlement se fit entendre juste derrière eux, et Sean, Lisa et Charles arrivèrent en courant.

– Courez !, hurla Lisa. Courez, courez !

Mais trop tard. Les ombres se massèrent tout autour d'eux, les empêchant de partir, et sous leurs yeux, la Nuit apparut, plus grande encore qu'avant, plus féroce, plus sombre.

Vous pensiez pouvoir m'échapper ?, ricana-t-elle. Vous êtes stupides. Stupides, et trop faibles. J'aimerais pouvoir vous tuer.

Elle fit un mouvement presque imperceptible et des formes sombres prirent vie dans les ombres.

Mes enfants, murmura la Nuit, tandis que chacun de ses rejetons se plaçait devant un demi-dieu.

Jeremy fit alors quelque chose de stupide. Se plaçant devant ses camarades, il pointa son épée vers la Nuit.

– Tu ne tueras personne, démon ! Nous allons te vaincre, nous allons vaincre Tartare ! Les héros se sont toujours battu contre les monstres, ça a toujours été comme ça, et ça restera toujours comme ça ! Nous gagnons à chaque fois ! Vous êtes condamnés ! Vous allez...

Il n'eut cependant pas le temps de terminer sa phrase car la Nuit, aussi vive qu'un éclair, se jeta sur lui. Sortant de nulle part une faux longue de plus d'un mètre, découpée dans un métal aussi noir que sa maîtresse elle-même, elle lui en donna un grand coup dans le ventre, lacérant la chair. Poussant un hurlement de douleur, Jeremy s'écroula sur le sol. 

Tout devint noir devant ses yeux et il se sentit sombrer dans des ténèbres noires et froides.

Hey ! Me revoilà avec ce nouveau chapitre, j'espère qu'il vous plaira !

Je vous remercie (encore !) de lire cette fiction ! 💖

Axelle