FAVELAS T2

Chapitre 16 : Le carnet

Point de vue de Jade :

Je le fixais sans rien dire pendant quelques secondes avant de détourner les yeux vers la fenêtre.

-Il dort. répondis je en me levant.

Je me passais les mains sur mon jeans. Je me sentais nerveuse et pas seulement à cause de lui. Le coup de fil que je viens de recevoir annonce rien de bon. Si Santiago a déjà réussi à sortir du pays, on mettra jamais la main sur lui.

Alejandro ne dit rien. Moi qui pensais qu'il allait insister, il semblait presque soulagé par ma réponse. J'ai comme l'impression qu'il a presque...peur de rencontrer Julian.

Je remarquais que ses doigts tremblaient légèrement. Le poison qui court dans ses veines doit sans doute encore le faire souffrir. Je sais toujours pas comment il a fait pour s'en sortir...

-Est ce que ça va ? demandai je en coinçant une mèche de cheveux derrière mon oreille.

Il releva la tête vers moi puis acquiesça. Il posa à nouveau sa main sur son abdomen, juste là où se situe sa cicatrice, comme pour vérifier qu'elle était toujours là. Depuis que je lui ai parlé du carnet, il est nerveux, constamment entrain de réfléchir. Je le comprends en un sens. Je détiens maintenant la seule chose qui puisse réellement le détruire, lui, son cartel et son père.

-Tu me demandes pas comment est ce que j'ai pu récupérer ton carnet? demandai je les yeux fixés sur le portail. J'ai le sentiment qu'une voiture de police peut débouler à tout moment.

-Je sais déjà comment tu l'as récupéré. Ce que je me demande c'est comment t'as su ce que c'était. répondit il sur les nerfs.

Je me tournai à nouveau vers lui. Il tenait son épaule bandée. La douleur devait être insupportable, mais il a refusé de prendre la morphine que Stefan lui a proposé.

-Adam avait le même. Il y inscrivait les données géographiques de ces entrepôts.

-Et qu'est ce qu'il y avait dans ces entrepôts? demanda t il de manière cynique.

Je réfléchis quelques instants à sa question. Dans mes souvenirs, y avait que de la marchandise et des voitures de luxes qu'il revendait dans la seconde. Rien ne restait stocké plus de deux jours là dedans.

-C'est bien ce que je pensais. reprit il en secouant légèrement la tête.

Je fronçai les sourcils, c'est pas dans son habitude de s'énerver comme ça.

-Putain. ajouta t il en se levant.

-C'est quoi ton problème? demandai je agacée par le ton qu'il prenait avec moi.

Il se frotta l'arrière du cou puis dégagea les cheveux qui lui obstruaient la vue. Ses mains tremblaient encore plus qu'avant, il serra les poings et les desserra plusieurs fois. Il allait mal, vraiment mal...

-Tu devrais te rasseoir. dis je en m'avançant vers lui.

Le bandage était déjà tout imbibé de sang et il commençait à se défaire. Lorsque je posais ma main sur son épaule pour voir l'état de sa blessure, il s'écarta comme si mon contact l'avait brulé.

-C'est Adam qu'il l'a c'est ça ? demanda t il la voix vibrante de colère.

-Calme toi. dis je en reculant d'un pas. Un filet de sang coulait le long de son bras jusqu'à sa main. Je sais pas comment il a su... J'ai appelé Adam y a moins de 8 h... C'était ça le premier service. À cette heure là je suis même pas sure qu'il ai atteint le Guatemala...

-Me dis pas de me calmer ! hurla t il en donnant un coup dans la table basse qui s'écrasa contre le sol marbré. Le verre se brisa en mille morceaux dans un fracas.