Lys

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💿 wind of change – scorpions





    Clifford et Maryse sont au courant du changement de service. Harry et moi rodons dans mon appartement, sans réelle ambition. Alors, comme si c'était machinal, je m'assoie devant mon piano et je réfléchis. J'ai envie de jouer, mais pas une mélodie que j'ai déjà écrite. Une nouvelle. Il faudrait que je recommence à composer. Je sens Harry s'installer à mes côtés. Ça me perturbe un instant mais je me rends compte que mes doigts glissent plus facilement. Ils savent exactement où aller, quelle note est la mieux, quel rythme adopté, quelle intensité. Et je crois que je n'ai jamais rien fait d'aussi doux. C'est... rafraichissant. Vraiment. Je ferme les yeux et m'imprègne de ma musique. J'oublie tout. Où je suis, avec qui je suis, qui je suis. Juste mon piano, le noir et ma solitude. C'est nouveau.


    Je termine le morceau et rouvre lentement mes paupières. Le soleil est toujours aussi éblouissant, Asraël a toujours sa tête posée sur ma cuisse et Harry est toujours à côté de moi. Mais je ne le regarde pas. Je fixe les touches noires, les blanches, mes mains. Une drôle de sensation s'infiltre dans mes veines et un petit sourire prend place sur mes lèvres – celle du bas me tiraille un peu. Une agréable chaleur s'empare de moi et je me sens mieux. Je tourne enfin mon buste vers le bouclé. Il me dévisage, les yeux ronds, les sourcils haussés. Je distingue rapidement ses joues rosies, ses iris un peu plus claires, éclairées par les rayons de lumière, et de petits grains de beauté sur sa peau qui semble lisse.


— Tu as aimé ?


    Il cligne des paupières et secoue légèrement ses cheveux. Il se redresse et reprend une contenance.


— C'était... Ouais, vraiment magnifique.


    Et ça me réchauffe le cœur.


    Son téléphone se met soudainement à sonner, ce qui nous fait tous deux sursauter, nous sortant de ce silence admiratif. Il le sort de sa poche arrière et fronce les sourcils. Il décroche immédiatement.


— Hey, papa... Ça va ?


    Il se lève et commence à se diriger vers mon balcon.


— Comment ça se passe à la caserne ? Pas trop de boulot ?


    Puis sa voix s'étouffe derrière ma baie vitrée. Je profite qu'il soit occupé pour attraper une feuille de papier qui traine dans mon étagère et griffonne quelques notes que j'ai retenues du morceau que je viens de jouer. Je signe, comme à mon habitude, au coin de la feuille et la range avec mes autres partitions. Je regarde ma montre : il nous reste une petite heure.


    Asraël me suit jusqu'à ma chambre et saute sur mon matelas pour s'y allonger et somnoler. Ne sachant quoi faire en attendant que Harry termine son coup de fil, je décide d'en passer un également, histoire de me rassurer.


— Que me vaut ce plaisir, soeurette ?


— Salut, Tate.


— Quelque chose à me donner ? De la part de papa ?


— Non. Où étais-tu hier soir ?


    Je l'entends soupirer, il y a des échos de froissements et un raclement de gorge.


— J'ai trainé avec les gars. Je suis chez Pitt, là. Pourquoi ?


— Tu n'as pas eu de problèmes ? j'essaye de garder mon ton posé mais je ne peux m'empêcher d'être précipitée.


Ce jour-là | hsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant