Chapitre 5.

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Les journées s'écoulèrent dans le petit quartier aux immeubles gris, sans que rien ne vienne déranger la tranquillité de ses habitants. Pas un bruit, pas un haussement de voix ne venait faire trembler les murs, laissant l'endroit dans son atmosphère fantomatique.

Jusqu'au jour où, à une heure si matinale que le soleil venait à peine de se lever, un tambourinement secoua les escaliers du dernier des immeubles.

Haruka dévalait les escaliers à une vitesse folle, ne faisant même pas attention à ses voisins partant pour leur travail et qui maugréaient de la voir si active. Arrivée au rez-de-chaussée, elle se précipita avec hâte devant la boîte aux lettres au nom de son père, ouvrit la petite porte avec frénésie et se saisit de l'unique courrier qui se trouvait à l'intérieur.

Son cœur se mit à battre la chamade et un flot d'adrénaline s'empara d'elle quand ses yeux se posèrent sur le magnifique blason de l'Académie de Yuei.

La voilà. Enfin !

Sa lettre d'admission.

Celle qu'elle guettait depuis son arrivée dans la grande ville, celle qu'elle espérait recevoir depuis plusieurs mois déjà, celle qu'elle attendait probablement depuis qu'elle avait appris à parler.

Frénétique, presque euphorique, la jeune fille remonta les marches deux à deux, croisa une nouvelle fois ses voisins grognons et s'engouffra brusquement dans le petit appartement. Là, son géniteur venait à peine de se lever du lit, toujours enroulé dans son sac de couchage et ses cheveux noirs en pétard. En l'entendant arriver, il stoppa sa longue ascension vers le canapé pour dévisager sa fille toute joyeuse.

Puis, ses yeux se posèrent sur la lettre qu'elle tenait entre les mains. Il ne réagit pas, ne bougea pas.

S'étant arrêtée devant lui, l'adolescente, complètement enthousiaste, sautillant sur place, entreprit de décocher le bout de papier, un immense sourire sincère sur les lèvres.

Le père ne réagit toujours pas.

Les mains tremblantes d'exaltation, la gamine en pyjama orange déplia la lettre et se mit à lire avec attention les lettres imprimées. Le nez presque collé au papier, elle déchiffra chaque mot, chaque virgule, tandis que son cœur se trouvait au bord de l'explosion.

Son sourire disparut brusquement.

Ses sautillements s'arrêtèrent, ses forces la quittèrent d'un coup. Des larmes montèrent à ses yeux tandis que la jeune fille sentait le sol se dérober sous ses pieds. Le Monde entier venait de s'écrouler sur sa tête.

« Admise en filière générale... »

Comment y croire ? Redevenue frénétique, elle relut les quelques phrases. Une fois. Puis une deuxième et encore une troisième fois. Mais elle avait beau repasser ces passages notés à l'encre, rien ne changeait et des poignards continuaient de s'enfoncer dans sa poitrine. Cela ne pouvait pas être possible.

Pourquoi était-elle seulement admise en filière générale ? Pourquoi n'était-elle pas en filière héroïque ? Ce n'était pas possible, il y avait forcément une erreur. Pourtant, elle avait tellement travaillé, avait eu tellement de bons résultats, comment était-ce possible ?

Son cerveau surchauffait de réflexion mais elle ne comprenait plus rien. Les larmes l'aveuglèrent autant que la panique qui s'empara de tout son corps. Perdue, complètement perdue, elle garda le regard fixé sur le bout de papier, ne pouvant en croire ses yeux.

« Tu n'aurais pas dû tirer de conclusions trop hâtives. »

Lentement, elle leva la tête vers son père, planté là, le visage figé dans son impassibilité. Il s'agissait donc de la chose qu'il lui cachait depuis son arrivée, et qui le rendait si étrange.

Haruka Aizawa (Partie 1) [MHA]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant