1. Au revoir 👤

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-Tu as de beaux cheveux.

Mère me coiffait comme chaque matin, comme chaque soir. Elle aimait les voir lâchés, bouclés et longs.
Nous n'avions pas le droit de sortir avec les cheveux lâchés. C'était un délit, selon la Loi 5, considéré comme un acte de rébellion. 

-Maman, j'ai exactement les mêmes cheveux que toi, longs, bouclés et blancs.

Oui, car pratiquement tous les habitants de la ville avaient la chevelure blanche comme la neige. On était les bons dans l'histoire. Nous étions les bons dans l'histoire. Nous étions des humains. Sauf pour certains, après la cérémonie d'appartenance.

-Je sais. Mais les tiens ont l'air...différents.

Et c'était toujours ce qu'elle disait. Pourtant, j'avais des cheveux blancs et soyeux comme elle. J'avais la même couleur de peau noire qu'elle. Les même yeux noirs.
Elle déposa le peigne à sa place et retourna ma chaise afin que je sois en face d'elle.

-Iwa, tout va bien se passer. Je suis sûre que ce n'est pas la dernière fois qu'on se verra. Tu es tellement humaine. Tu es humaine. Je suis humaine, ton père est humain.

Elle m'adressa un sourire qui se voulait presque forcé, comme si elle essayait de se convaincre.

-Tu as 77 % de chances de rester une humaine. Pendant 7 générations, c'est rester comme ça, nous sommes sur une très bonne voie. Nous aurons peut-être enfin droit à deux enfants. Enfin... vous aurez enfin droit.

-Il faut toujours relativiser, nous sommes humains. Il y a aussi 23 % de chances que je ne sois pas humaine.

Je ne savais même pas quelles étaient les autres races. Mère ne m'en parlais jamais, et je n'avais pas le droit de poser des questions à mon père.
Mère disait que si je ne savais rien d'eux, je ne voudrais pas devenir comme eux, donc mes chances de rester humaine seront plus hautes.
Mais ils m'intriguaient. Je n'avais vu que des humains durant mes longues et ennuyeuses 19 années, et j'étais dans l'année de mes 20 ans donc je devais enfin participer à la cérémonie d'appartenance.  

Elle se leva et me donna mon sac pour une semaine, qui était la durée de la cérémonie, que je trouvais plutôt courte.

Elle m'accompagna auprès de mon père que je ne devais jamais regarder dans les yeux. Je ne connaissais même pas la couleur de ses yeux. La Loi 3 disait que défier son père ou sa mère d'une quelconque manière était un délit.  Mon père était très stricte.

Mon père et moi ne nous adressions jamais la parole. Ou du moins, je n'avais pas le droit de parler en sa présence, sans sa permission.

À peine avais-je eut le temps d'être en sa présence, que l'on entendit une forte mélodie de piano, qui signifiait qu'il était temps de dire au revoir à la famille.

Je sortis avec mon sac de la maison, aux côtés de mes deux parents. Ma mère se mit en face de moi, puis me donna le baiser de la chance. Il était dit que grâce à ce baiser, je resterai humaine. C'était la première fois que ma mère manifestait de l'affection envers moi en public. Puis sans se retourner, elle retourna à la maison et ferma la porte. Et c'est ce que toutes les autres mamans firent.

Ils ne restaient que nous, les jeunes adultes et les pères.

Mon père se dirigea vers sa moto, je le suivis de prés, puis nous montâmes dessus afin qu'il puisse m'emmener au Bâtiment, qui se trouvait au cœur du pays. Mère m'avait expliqué que père devra conduire pendant 6 heures non-stop afin d'arriver à temps. C'était pour cela qu'elle m'avait engouffré de nourriture et qu'elle m'avait donné une bouteille d'eau.

Le voyage me paraissait plutôt court, parce que je n'étais jamais aller ailleurs que dans ma ville. Et même dans ma ville, il était rare que je sorte. Je voyais des paysages que je n'avais jamais vu, de nouvelles facettes et architectures. Tout était magnifique, tout était différent.

Il n'y avait que de la verdure après ma ville et des immeubles assez spéciaux séparés par de longues distances. En regardant mes compatriotes, je voyais que je n'étais pas la seule émerveillée.

J'étais réveillée lorsque l'on fut arrivé devant le Bâtiment. Mon père ne descendit pas de la moto, il me jeta un regard, suivis d'un petit et premier sourire venant de lui, avant de me donner pour la première fois un baiser, le baiser de la chance.

Quelques secondes après, il repartit. Mère m'avait dit qu'ils n'aillaient pas rentrer tout de suite, ils se reposaient d'abord dans un lieu puis ils rentraient.

Je n'allais peut-être plus jamais les revoir, mais je n'arrivais pas être mélancolique, d'ailleurs, je n'étais pas une personne très émotive.

Ça y est, j'étais devant le Bâtiment. Et quelque chose me disait que je n'allais pas m'ennuyer.

MIXED [PAUSE]Where stories live. Discover now