Partie 1

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Esther ouvre les yeux.

Quel heure est-il ? Où est-elle ? Aucune importance. Des femmes courts, des gens hurlent, la fumé lui donne déjà mal à la tête. Esther descend de son petit lit en bois puis pose les pieds au sol. Elle est pied nus, comme tout les enfants ici. Elle a envie d'une bonne tartine de beurre et d'un bon verre de jus d'orange, mais elle se tait. Depuis le temps qu'elle est ici, elle a comprit, il ne faut pas parler, pas réclamer. Esther connaît la signification de son prénom, elle sait qu'il veut dire « caché » en hébreu, et « étoile » en perse. Ce prénom lui allait très bien ici, caché était le bon mot.

Esther sortie donc de son dortoir dans son pyjama rayé. Elle regarda à droite puis à gauche. Des personnes comme elle, le même regard détruit, la même expression faciale ; une expression de mort. Elle observa le ciel comme tout les matins ; il était gris noir, comme à l'apocalypse. Mais ça ne l'était pas, enfin pas pour tout le monde ; c'était leur apocalypse.

Un coup de matraque lui frappa la nuque, elle se retrouva à genoux. Ici, ils n'ont pas le temps d'observer le ciel, de regarder ce désastre. Mais pour Esther c'était important, elle préférait se prendre un coup de bâton tout les matins plutôt que manquer ce spectacle. Le gardien lui cria dessus, puis reparti.

Anouchka ! Anouchka !

Une petite fillette brune se rapprocha d'elle. Elle lui fit un grand sourire puis les deux partirent dans un autre bâtiment. Les deux fillettes ramassèrent des gamelles salent et se mirent à faire la vaisselle.

Tiens. Dit Anouchka en tendant un bout de pain à Esther. J'ai volée ça à un gardien.

Esther regarda le morceau de pain, ses yeux se mirent à briller tel deux étoiles. Ce prénom lui allait si bien, sa mère le lui avait répété si souvent. Esther était son étoile. La petite fille croqua dans le bout de pain avec force, le sourire au lèvre. Elle se dépêcha de l'avaler avant que quelqu'un arrive. Elles riaient toute les deux, heureuse. Ce morceau de pain était leur petit plaisir du matin.


***

De l'autre côté de ce camp, dans un bâtiment beaucoup plus luxueux, deux heures plus tard, un homme ouvre les yeux. Il a six ans de plus qu'Esther. Il se lève, s'habille, puis descend dans la cuisine. Là, il se sert un grand bol de café noir, un verre de jus d''orange, puis mange une tartine de beurre tout en lisant le journal. Au dernière nouvelle, un autre camp à ouvert en Pologne. Un de plus. L'homme se met à la fenêtre puis fume une cigarette, regardant le ciel à son tour. Il y voit le chaos, en regardant ses nuages gris noir, il se demande comment il trouve la force de se lever tout les matins. Ce soldat s'appelle Abel. Assez jeune, il a dix-huit.

Abel n'a pas envie de sortir de cette appartement, il n'a pas envie de descendre travailler. Car il sait qu'aujourd'hui encore il va devoir tuer plus d'une centaine de personne. Il sait que chaque jour il cotise pour cette cause, cette cause stupide qu'il est obligé de suivre. Abel sait que sans ça, il ne serait déjà plus de ce monde. Sans son travail, Abel serait comme ses victimes. À déambuler toute la journée en pyjama rayer, priant pour que le coup de grâce ne tombe pas aujourd'hui.

Le soldat prend sur lui, il éteint sa cigarette et descend tout de même travailler. Par terre, devant la porte d'entrée de son bâtiment, une femme étendue, morte. Ses yeux son grand ouvert, tournés vers le visage d'Abel, un troue transperce son crâne, du sang s'échappe de ses lèvres. Abel détourne les yeux puis regarde aux alentours ; un de ses collèges menace un homme en pyjama raillé. Il a braqué un pistolet sur sa tempe, et lui ordonne de le débarrassé de ce cadavre. L'homme s'exécute avec mal ; vu sa maigreur, ses forces sont presque inexistante.

Abel court se caché derrière un immeuble puis vomi ses tripes. Il crache tout ce qu'il a dans le ventre, puis se redresse. Ça l'embête de vomir ici, dehors, mais il se dit que cet endroit est tellement sale, qu'il préfère voir la totalité des aliments qu'il a ingurgité ce matin par terre, plutôt qu'un autre cadavre. Après c'est les larmes qui arrivent. Abel se met à pleurer, il fait une grosse crise comme quand il était enfant. Il commence à avoir du mal à respirer, ses membres se mettent à trembler, puis après cinq minutes il s'arrête et est prêt à partir travailler. Et c'est comme ça tout les matins.


Deux Anges PleureursWhere stories live. Discover now