Partie 3

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Après deux heures de vaisselle puis de lavage de linge, Esther partie manger. Les repas ici, c'était horrible. Au milieu de la crase de la cour, entre les cadavres et les excréments, tout les midis et tout les soirs, un homme s'installait avec une grande marmite pour servir du bouillon aux enfants. Du bouillon, c'est comme ça qu'ils appelaient cette nourriture infecte. Mais quand Esther regardait dans son bol, elle n'y voyait que des épluchures baignant dans de l'eau chaude.

Si Esther arrivait trop tard, elle n'avait rien à manger ; il n'y avait pas assez de nourriture pour tout les enfants. Et pourquoi donner de la nourriture à des macchaber ? Ça ne leurs servaient à rien de manger. A chaque minutes passé, leur mort se faisait un peu plus proche pour chacun . Chaque jour, des enfants disparaissaient, et chaque jour il y avait de moins en moins à manger.

Esther se demandait où ses enfants allaient. Elle se doutait qu'ils mourraient, les uns après les autres. Mais une question trottait dans sa tête, tout les soirs et tout les matins à l'appelle : « Pourquoi pas moi ? ». Cela faisait six mois qu'Esther vivait dans ce camp de la mort, et son tour n'était toujours pas venu. Elle ne savait pas si c'était une bonne chose ou non de vivre, de supporter toute ses atrocités du quotidien. Esther, à douze ans à peine, ne voyait plus la barrière entre le bien et le mal. Qui à raison ? Qui à tord ? Est-ce que nous sommes vraiment une sous-race ? Est-ce que ma religion est mauvaise pour le pays ? Trop de question tournait dans sa tête. Des questions que l'on n'est pas sensé se poser à l'âge de douze ans. Son enfance, à cause de ce camp, était ruinée à tout jamais. Esther, qui ne connaissait absolument rien de la vie, qui ne savait pas encore tout ce que le monde pouvait lui offrir, qui ne connaissait encore rien de l'amour, de la vraie amitié, de la joie de former une famille, d'avoir un travail qu'elle aime. Et bien cette petite fille, cette petite fille qui aurait dû rentrer en école secondaire cette année n'avait plus envie de vivre. À son âge, elle avait déjà des tendances suicidaires. Sa vie dans ce camp la détruisait, des cauchemars toute les nuits à n'en plus finir, la peur de mourir lorsque qu'un officier passait, c'était invivable.

Esther récupéra sa soupe puis partie s'asseoir vers son amie Anouchka, le regard vide.

Ça va ? Lui demanda Anouchka inquiète.

Comme depuis six mois. Répondit-elle avant d'enfoncer une épluchure de patate dans sa bouche.

L'humanité d'Esther, sa magnifique âme d'enfant était partie en poussière, elle était aller brûler dans la grande cheminé d'Auschwitz.

***

Encore une fois, le repas d'Abel ne se passait pas de la même façon. Après être resté une matinée entière à surveillé des enfants, à détourner le regard lorsque l'un d'eux ne suivait pas les règles à la lettre, Abel était partie prendre son repas dans son bâtiment. Il se retrouvait dans la même cuisine où il avait déjeuné le matin. Abel fumait une autre cigarette au près de la même fenêtre, puis faisait chauffer de la viande et des pommes de terres dans une poêle. Vu qu'Abel n'avait que dix-huit ans, les autres officiers ne faisait pas attention à lui ; cela faisait quatre mois qu'il était à Auschwitz, il avait été transféré ici pour cause de « manque de personnel et de contrôle envers les juifs ». Son premier mois fut un cauchemar, les autres officiers lui donnaient les tâches les plus durs du camp. Et par dur, il n'entend pas que de la force physique. Surveiller les enfants et les femmes était la tâche la plus facile ; pour surveiller les hommes il fallait être plus ferme, mais ce n'était pas dur psychologiquement. Mais durant son premier mois, Abel emmenait les cadavres des prisonniers au four crématoire. Il devait transporter des macchaber à longueurs de journées, les empiler les uns sur les autres, tel des vêtements. L'endroit où il travaillait était d'une puanteur atroce. Prenez d'abord l'odeur de plus de quatre cent cadavres entassés datant parfois de plus d'une semaine, à l'odeur de la chair brûlant dans les fours crématoires toute la journée. C'était infâme.

Tout les soirs, Abel s'effondrait en pleur dans son lit ; il priait son dieu, le suppliait de le pardonner, d'oublier ses actes atroces. Au bout de trois semaines, Abel était devenu un robot ; tout les jours, toute les cinq minutes, il se répétait que travailler avec les morts devait-être plus facile que de travailler avec les vivants ; il c'était enfoncé ça dans le crâne. Alors quand vint la fin du mois, Abel n'avait plus aucune réaction, il effectuait sa tâche de manière mécanique.

C'est à ce moment là que les officiers changèrent son poste ; ils le mirent aux chambres à gaz. Et effectivement, Abel avait raison, même si l'odeur était infecte, travailler avec les morts était plus facile psychologiquement que de travailler avec les humains. Abel travaillait au crématorium K II, cet endroit avait sa propre salle de déshabillage et sa propre chambre à gaz enterrée. Ses chambres à gaz étaient immenses, de vrai pommeau de douche étaient pendues au plafond pour faire croire aux prisonniers qu'ils allaient vraiment se doucher. Le travail d'Abel consistait à emmener environ trois milles juifs dans les vestiaires, qu'ils se déshabillent, et faire en sorte qu'ils gardent leurs calmes. Pour qu'ils y croient vraiment, Abel devait demander à tout le monde de bien retenir leurs numéros de vestiaires. Il ne supportait pas ce travail, c'était de la trahison, les prisonniers étaient heureux de prendre des douches, ils y croyaient vraiment ; Abel ne supportait pas de mentir à ses hommes, ses femmes et ses enfants. Quand on leur annonçait qu'ils allaient prendre une vrai douche, Abel pouvait discerner des étoiles dans leurs yeux.

Une fois la porte de la chambre à gaz fermé, Abel versait des cristaux de Zyklon B par des ouvertures dans le toit qu'il obturait ; le Zyklon B tombait dans des colonnes creuses puis le gaz commençait à se diffuser. Ce système était simple, et efficace. Mais une fois le gaz diffusé, l'horreur commençait ; des cris, des hurlements en tout genre, Abel entendait les ongles de toute ses personnes gratter la porte tel des chiens. Abel pleurait toujours à ce moment là, il réalisait à cet instant qu'il venait de tuer trois milles personnes de ses propres mains. Après trente minutes, il n'y avait plus de bruit dans la salle ; quand le médecin SS avait décidé que ce n'était plus dangereux, on ouvrait les portes. Là, devait lui, des centaines de juifs étaient empilés les uns sur les autres, leurs visages remplient de terreur. Ils essayaient juste de sortir. Une fois que les cadavres étaient évacués, Abel recommençaient avec trois milles autres personnes. Et ce fut comme ça tout les jours pendant plus de deux mois.

Ses cris, ses hurlements, ses visages, Abel ne les oubliera jamais ; chaque nuit ils le réveilleront. 

Deux Anges PleureursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant