Chapitre 8

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« La découverte des Portails, l'Alliance, la langue commune... Que de merveilles que l'on doit au Royaume de Vaellia ! Cette planète est le cœur du Monde : carrefour marchand et principal producteur de denrées alimentaires, elle allie la force de son peuple à celle de ses dirigeants, grands diplomates très impliqués dans le développement de la paix et de la science. De ce fait, Vaellia possède la plus grande archive de connaissances des Quatre Terres, mais également les instituts de recherche les plus importants... Et ceci sans compter la force militaire inégalable du Royaume, sans doute l'armée la plus vigilante et la mieux organisée du Monde. Personne n'a jamais su passer entre les filets des soldats Vaelliens, pas même les pires criminels de l'histoire ! C'est bien pour tout cela que le Royaume de la Terre est l'exemple suprême, la perfection au centre de tous les Royaumes... Gloire à Vaellia ! »

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       Sol n'avait pas dormi de la nuit. Du moins, si c'était bien la nuit... Car il n'y avait pas la moindre fenêtre dans sa cellule, ni dans le grand couloir qui la reliait au reste de la prison. Rien qui pouvait lui permettre d'apercevoir le ciel, Astra ou bien les étoiles. Aucun rayon de lumière naturelle ne venait éclairer sa cellule. Rien, mis à part les grosses bonbonnes de verre dans lesquelles virevoltaient des essaims entiers de lucioles, unique source de lumière que les dons ne pouvaient pas transformer en arme. La douce clarté qu'elles jetaient sur les murs translucides des cellules était la plus pure des berceuses... Cependant les derniers mots prononcés par Nohka se répétaient à l'infini dans la tête de la prisonnière, au fur et à mesure que la boule qui s'était formée au creux de son estomac continuait à grossir. La prisonnière avait déjà vu plusieurs tours de garde s'enchaîner et craignait le moment où le jour serait levé, lorsque Nohka la ferait emmener dans la salle où il entreposait ses fameux outils. Elle faisait tout pour ne pas y penser. En vain. Elle s'était recroquevillée au fond de sa geôle et fermait les yeux à s'en souder les paupières, priant pour que ce temps n'arrive jamais.

       Plus loin, deux soldats s'occupaient de menotter un prisonnier fraîchement sortit de sa cellule. Sol se rapprocha des barreaux et les observa en silence, curieuse. Rien de bien affairant, au premier coup d'œil, sauf lorsqu'on apercevait les innombrables traces qui recouvraient le corps du malfrat... Souvenirs de petits moments pédagogiques en compagnie de Nohka. Un cauchemar, lui, des plus réels, et qui semblait sur le point de se répéter. La gorge de la demoiselle se serra en imaginant ce que cet homme allait bientôt devoir vivre, et elle le couva d'un regard si désespéré que l'un des gardes le sentit peser dans sa direction : il fit volte face et dévisagea la jeune femme, faisant signe à l'un de ses collègues de se rapprocher.

       Et mince. Si ça se trouvait, les soldats l'avaient tout simplement oubliée, et cette grande débile venait de leur rappeler sa présence... Pire : peut-être avait-elle vexé ce guerrier à regarder trop intensément dans sa direction ! Mais quelle abrutie. Elle aurait dû rester prostrée au fond de sa cellule et se préparer psychologiquement à ce qui allait suivre au lieu de se faire remarquer.

       Le soldat quitta le premier prisonnier pour se rapprocher d'elle. Il se planta devant les barreaux et la toisa un long moment : son expression était invisible, dissimulée derrière un large casque de métal typique des Hasts, ce qui valut à Sol un frisson incontrôlable. Surtout lorsque l'homme demanda au garde de la cellule de l'ouvrir, une grosse paire de menottes en mains.

       Une fois qu'elle fut sortie, le soldat appela un second collègue pour escorter la prisonnière à travers la prison. Ils traversèrent le couloir transparent en silence et passèrent devant le chemin de la salle d'interrogatoire sans même ralentir le pas ; la jeune femme recommença à trembler. Ils allaient bel et bien vers la salle de torture. C'en était fini d'elle. Une atroce envie de se frapper la tête contre les murs aggrava ses tremblements. Et dire qu'elle avait juste voulu profiter d'un client étrange pour grappiller quelques pièces de cuivre...

L'épopée de SolWhere stories live. Discover now