Chapitre 15

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« Le cycle d'une année se découpe en quatre périodes de cent jours, représentant chacune l'une des quatre saisons. Chaque saison est découpée en dix semaines de dix jours et chaque jour serait découpé en une trentaine d'heures, du moins selon les règles établies par Vaellia : ce décompte arbitraire du temps ne reflète en rien la réalité, du moins ailleurs que dans le Royaume de la Terre, mais il permet de mettre en place des repères temporels universels. Tout le monde peut donc se référer à une base commune et se débarrasser de quiproquos encombrant, surtout dans le cadre des réunions diplomatiques. »

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— Qu'est-ce qu'il vient de se passer ?

       Le village fantôme était loin derrière eux. Ils avaient fui, Sol n'aurait su dire combien de temps, et avaient trouvé refuge dans une petite grotte, cachés au sommet d'un bel amas rocheux. Ils auraient pu continuer leur route encore de longues heures, ne serait-ce que pour s'éloigner le plus possible du carnage qu'ils venaient de perpétrer, mais sans moyen de transport et avec une blessée sur les bras, il était difficile d'aller plus loin. La Mahonienne aurait également pu s'inquiéter d'être aussi proche du danger, sans vivres et sans réel moyen de se défendre face à une possible attaque, mais sa peur était tournée vers tout autre chose.

— Qui étaient ces gens ? s'affola-t-elle de plus belle. Que voulaient-ils ? Pourquoi nous ont-ils capturé ? Et vous qui êtes-vous, à la fin ?

       Eyomi s'était assise sur une protubérance rocheuse, le teint livide et les regard terne. Maazul s'était placé à ses côtés et l'encourageait à retirer son manteau afin de soigner sa blessure : la plaie n'était ni très profonde, ni réellement grave mais l'hémorragie, laissée à l'abandon lors de leur enlèvement, n'avait pas été stoppée. La fuyarde avait du perdre beaucoup de sang durant ce laps de temps. Rien de létal, bien heureusement, mais Eyomi avait tout intérêt à se tenir à carreaux si elle ne voulait pas que son état empire.

— Je vous ai posé une question !

      Les timides étincelles qui s'échappaient du briquet de Win embrasèrent brusquement le petit tas de branches qui servait de foyer : un beau feu de camps éclaira les trois visages épuisés qui s'étaient tournés vers le Passeur, encore recouverts de cendre et des sillons que la sueur y avait tracés.

— Mais que se passe-t-il, bon sang ? s'impatienta Sol. Qu'est-ce que c'est que cette histoire ?

       Eyomi et Maazul baissèrent les yeux et retournèrent à leur occupation sans rien dire. Win, en revanche, soutint le regard de la jeune femme et se releva lentement.

— Êtes-vous prête à tout écouter ?

— Arrêtez de tourner autour du pot et expliquez-moi !

       Prendre la parole ne semblait pas lui faire plaisir. Il fit un pas dans la direction de son interlocutrice et l'encouragea à baisser le ton, adoptant lui-même une voix extrêmement calme :

— Vous devez sûrement être persuadée du contraire mais sachez que nous ne sommes pas des criminels.

— Vous vous êtes introduits dans la prison de Yenseng pour libérer un détenu. Vous êtes des criminels.

       Il retint un soupir et prit place sur un gros rocher plat, invitant Sol à faire de même, mais la jeune femme ignora son offre et le toisa avec haine. Win, s'il fut vexé par cette réaction, n'en montra rien et continua :

— Si cela est pour vous un acte condamnable, je ne chercherai pas à vous faire changer d'avis. Je voudrais seulement que vous compreniez que nous ne sommes ni des meurtriers, ni des voleurs, ni des profiteurs. Nous sommes des innocents qui ont vécu de regrettables péripéties.

L'épopée de SolWhere stories live. Discover now