Double A (Tome 2 : Deux mois pour se retrouver)

Vingt-trois

Adam

" C'est l'imprévu que j'espère, et lui seul. Partout, toujours. Dans les plis d'une conversation, dans le gué d'un livre, dans les subtilités d'un ciel. Ce à quoi je ne m'attends pas, c'est cela que j'attends."

Christian Bobin.

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- Tu es bien trop calme, remarqué-je en passant la cinquième vitesse. Tu mijotes quelque chose ?

Ambre rigole.

- Pourquoi je mijoterais quelque chose ?

- Parce que tu as la tête d'une fille qui prépare un mauvais coup.

Elle s'esclaffe.

- Tu regardes trop de films. Et non, je réfléchis.

- À quoi ?

Ses ongles s'agitent sur l'accoudoir.

- Tu vas rayer ma voiture, grogné-je en enlevant ses mains.

Elle râle, le front plissé.

- Mais je n'ai même pas d'ongles, Ad !

- On se sait jamais, protesté-je.

- Et toi regarde la route !

Je me reconcentre en abaissant ma casquette. Le soleil se couche. Les rayons du soleil s'avèrent dangereux quand on conduit.

- J'essaye de découvrir où tu m'emmènes. Mais avec toi ce n'est jamais facile ! bougonne-t-elle en renversant sa tête sur l'appui-tête.

Je souris, fier de mon pouvoir. J'aime la voir chercher parce que j'aime la façon qu'elle a de réfléchir. Ses lèvres s'incurvent, ses yeux se plissent et ses pensées sont expédiées dans un univers auquel elle seule a accès. Parfois je donnerais n'importe quoi pour accéder à ses pensées. Cette fille me fascine. Elle n'est jamais là où on la cherche. Ambre est partout et nulle part à la fois. Elle est comme la carte d'un trésor. On la désire, mais pour l'obtenir, on en bave en cherchant à l'opposé.

- Tu ne vas bientôt plus te poser la question, on arrive.

Quand je m'engage dans l'immense parking, Ambre devine immédiatement. Le grand écran est un indice considérable.

- Un cinéma en plein air ? déduit-elle, les yeux pétillants.

Je hoche la tête puis coupe le moteur. Elle détache sa ceinture, ouvre la portière et sautille devant le capot. Un mec dans la voiture d'à côté commence à rire de son comportement. Merde, elle fout quoi, là ?

Je descends à mon tour, place mes mains sur ses épaules pour la calmer.

- La honte, tu connais ?

Elle cesse de s'agiter, mais son sourire, lui, reste figé. Elle est tellement belle ! Puis je me souviens du crétin d'à côté et lève mon majeur dans sa direction. S'il a un problème, qu'il vienne me voir !

- Qu'est-ce que tu fais ?

Ambre s'apprête à se retourner, je l'en empêche en l'embrassant. Inutile de la prévenir qu'un abruti s'est moqué d'elle. Visiblement, je suis le seul à penser cela puisque le mec de la voiture claque la portière et se dirige vers moi. Et merde... à peine arrivé et les emmerdes sont déjà à nos pieds.

- Retourne immédiatement dans la voiture, ordonné-je à Ambre en la repoussant.

Je serre son poignet plus fort que prévu. Elle ne semble pas comprendre jusqu'à ce qu'elle le voie avancer avec haine. Têtue comme elle est, Ambre ne me laisse pas l'enfermer dans la voiture. À la place, elle se cache derrière mon dos.