No Rules ║ Feel Real - T2

23 - Représentation

- Carrie -

Mes rêves s'effilochent, mes sens me reviennent. C'est le matin, ou probablement déjà midi passé.

Mes yeux clignent puis mon cœur fond de tendresse. Ils sont là, tous les deux, et il va me falloir beaucoup de réveils pour m'y habituer. Pour m'assurer que c'est bien la réalité.

Louis est accroché à moi, son souffle régulier dans mon cou, mais Harry est allongé sur le dos, si loin de nous sur le matelas. Ma main tire doucement son épaule et il accompagne le mouvement pour se mouler contre moi, lâchant un soupir de sommeil sur ma peau qui se couvre de frissons. Mes deux bras se referment autour de leurs épaules et je souris de toute mon âme, caressant leurs nuques puis glissant mes doigts dans leurs cheveux à la texture différente.

Clair et foncé, court et long, en bataille et bouclé.

Deux hommes.

Est-ce que c'est mal ? Est-ce que ça fait de moi une mauvaise fille ? Une jeune adulte en manque de sensations fortes qui pousse le bouchon sérieusement trop loin ?

Je ne sais pas.

Est-ce que je pourrais le regretter plus tard ? Comme ces autres femmes qui parlent honteusement de leurs conneries puériles passées ? Qui pensaient s'amuser sur le moment mais l'ont finalement terriblement regretté avec le temps ?

Je ne sais pas non plus.

Soudain, des coups secs résonnent à la fenêtre et nous sursautons tous les trois.

— Yo les gars ! Ouvrez !

Un moment de flottement s'ensuit, durant lequel les deux garçons lèvent la tête et se regardent avec des yeux dilatés. La poignée de la porte s'active dans le vide, car c'est verrouillé. Harry se jette hors du lit en emportant les draps et commence à tirer le second sommier, sauf qu'un crissement affreux retentit.

— Les mecs ?! S'impatiente Zayn, au lieu de déménager les meubles venez ouvrir !

— OUAIS, lui gueule Louis, une seconde !

Ils soulèvent chacun le lit d'un côté et le déplacent silencieusement contre le mur. Moi je récupère les draps et les lisse nerveusement sur mon corps. Louis saisit la poignée de la porte et attend avant d'ouvrir qu'Harry se soit rallongé sur son lit, feignant de regarder son portable.

— Hé ben, râle Zayn en entrant, vous foutiez quoi ?

— On est pas à ta disposition connard, lui rétorque Harry sans quitter l'écran des yeux.

A cet instant, je maudis mes joues écarlates et mes piètres talents d'actrice, j'ai l'impression que ça clignote sur mon front que nous cachions quelque chose. Vivy pénètre à son tour, déjà très fortement maquillée, et vient s'assoir contre mes jambes en me souriant.

— Salut poulette ! Bien dormi ?

Je replace mes mèches derrières mes oreilles puis enlace les draps sur mes jambes repliées, contenant bien mal ma petite moue amoureuse.

— Merveilleusement bien.

Là-bas, debout contre Zayn à discuter avec lui, Louis dissimule son large sourire derrière le tapotis de ses doigts, tandis qu'Harry quitte un instant son portable des yeux pour me fixer.

Mon ventre implose de bêtise et de délice, alors non, ça ne peut définitivement pas être mal.

Après nous être habillés, Vivy et moi partons avec la voiture de Zayn au centre commercial, histoire de laisser les garçons bosser un peu. Nous mangeons une salade dans la galerie marchande puis baladons le long des boutiques.