Il était une fois - Terraink

Chapitre premier : Envie

"Je m'ennuie, Maxime..."

"N'y a-t-il rien que je puisse faire ?"

"Peux-tu m'apporter un lac ou un océan ?"

"Je crains que non."

"Des collines, des plaines ou des montagnes ?"

"Non, et je m'en excuse."

"Alors non, il n'y a rien que tu puisses faire..."

"Ma présence vous ennuie-t-elle ?"

"Non, elle est agréable et c'est grâce à toi que je ne suis pas devenu fou, enfermé ici depuis vingt longues années. Je veux juste voir le monde et rencontrer d'autres personnes." 

Le prince s'accouda avec grâce au bord de la fenêtre de pierres sculptées avec finesse, observant de ses yeux presque noirs la masse nuageuse ressemblant à du coton qui leur faisait face.

"Peut-être rencontrer d'autres amis et l'âme sœur, qui sait."

Il se tourna vers son auditeur.

"As-tu déjà rencontré quelqu'un comme ça, Maxime ? Qui te fait voyager en parlant, et rêver en t'enlaçant ?"

"Oui."

"Tu es chanceux... Qui était-ce ?"

"Quelqu'un que je chérissais plus que tout, à la chevelure de feu et au regard étincelant de bonté."

Le prince n'avait beau avoir aucune idée de qui était cette personne, il fut ému par la façon qu'avait son ami de la décrire.

Il s'imagina alors quelqu'un à son tour, une personne magnifique de corps comme d'intelligence, qui saurait le séduire de part ses mots d'une réflexion sans pareille et...

...

"Sire Damien !"

"Quoi, encore ? Tu vas arrêter de me faire chier, sinon j'te jure qu'elle va partir !"

"Je me disais que nous pouvions acheter un cheval dans ces écuries... J'ai mal au dos à force de vous porter."

Deux chevaliers, un à l'armure d'or et l'autre brillante d'argent, s'étaient malencontreusement retrouvés perdus dans les méandres d'un village à une route.

"Sire Damien ! Savez-vous où nous sommes ?"

"Si je le savais je serai pas monté sur tes épaules, abruti !"

"Nous pourrions demander à cette gente dame qui vend des navets..."

Le chevalier d'or descendit des épaules de l'autre, qui se les massa, et se dirigea vers la jeune femme qui avait un quelque chose qui l'attirait. Ce n'était sûrement pas son bonnet H.

"Bonjour !"

"Bonjour, nobles chevaliers ! Voudriez-vous goûter à mes beaux navets ?"

"Nous verrons ça plus tard... Vous pourriez nous dire où nous nous trouvons ?"

"Vous êtes dans la petite ville d'Arguemasse, sire. Maintenant, goûtez à mes navets !"

Le chevalier d'or ignora les mimiques et supplications de la vendeuse de navets et se retourna vers son ami, qui s'apprêta à le reprendre sur ses épaules.

"Ça te dit quelque chose ?"

"Il me semble que c'est la ville non loin de notre destination, sire Damien ! Souvenez-vous : "Non loin de la cité d'Arguemasse, quelques trésors et bonne princesse vous trouverez"."

La vendeuse, qui avait écouté leur échange, interpella à nouveau le chevalier d'or.

"Chevalier ! J'ai ouïe dire que vous cherchiez une princesse !"

"Bah putain, quel pouvoir de déduction..."

"Il y a bien un château à la sortie de la ville, mais il est bloqué par des gardes de pierre !"

"Elle veut sûrement parler de statues, sire."

"Évidemment qu'elle parle de statues ! Pourquoi j'me trimballe un abruti pareil...?"

"Et le château n'abrite pas de princesse..."

À ces mots les deux chevaliers se figèrent.

"Hein ? Pas de bonne princesse ?"

"Notre chemin ne nous mènerait il donc pas au bon endroit ?"

"C'est un prince qui y habite, à la peau aussi pâle que la lueur de la lune, aux cheveux noirs comme de la suie et..."

"C'est Blanche-Neige, le prince ?"

"Personne ne connait son nom, mais bon nombre disent qu'il habite un château hanté..."

Le chevalier d'or se redressa.

"Bien ! Prince ou princesse, peu importe votre genre, je vais venir vous sauver ! Avec mon cheval !"

"Sire Damien, je ne suis pas..."

"En avant !"