Il était une fois - Terraink

Chapitre neuf : Séparation

Le chevalier d'argent était sûr de lui.

Maintenant qu'il était certain d'être amoureux du prince - du moins, de son corps et son petit cul comme dirait son ami - il ne pouvait se résoudre à laisser ce dernier tirer tous les honneurs et toute la gloire.

Mais pour l'instant, enroulé dans un rideau, il avait l'air plutôt misérable et resta en PLS dans un coin de la pièce, maudissant sa vie et ses choix qui lui semblaient tout d'un coup bien dérisoires.

Il ne restait donc que deux princes, et un seul indice.

Le vrai prince, en plus de savoir danser, chanter, rire, pleurer (j'ai la flemme de tout remettre alors t'avais qu'à avoir une meilleure mémoire), sait aussi aimer.

"Sire Damien... Comment allons-nous faire cette fois ? Ce n'est pas aussi facile que les autres actions..."

"Je sais bien, p'tit con, mais j'ai déjà une idée."

"Et quelle est-elle ?"

"Une idée que ton pauvre QI seul ne pouvait forger !"

Sur ces mots le chevalier d'or lâcha la cravache qui lui servait pour taper sur sa batterie de fortune et embrassa un des princes, qui resta au moins aussi statique et extatique qu'un mort allongé dans son linceul.

Il y eut un silence gênant, pendant lequel le tuto faisait du beatbox pour éviter que les bruits du baiser résonnent dans tout le château.

Mais, quand le chevalier d'or relâcha le prince, aucune réaction n'était présente sur son visage, à part un sourire moqueur qui était aussi présent sur les lèvres de l'autre.

"Impressionnant." Laissa simplement échapper le chevalier d'argent.

"Ta gueule."

"Vous avez une autre idée ?"

"Et si toi tu cherchais aussi, juste comme ça ?"

Le tuto continuait son beatbox sur un air que personne ne sut identifier alors que les deux princes s'observaient du coin de l'œil, perplexe.

"ET SI TU FERMAIS TA GRANDE GUEULE, TUTO D'ME-- D'MES DEUX ?!"

"Quoi, vous aimez pas ? C'est un hymne pour mon senpai..."

"Ne pouvons-nous pas avoir un nouvel indice ?"

"Moi je trouve que vous en avez eu assez..."

"Cht, p'tit prince."

"De LU..."

"Si vous voulez savoir, le prince n'a jamais rencontré personne à part vous... Et des fantômes. Il ne peut donc pas savoir ce qu'est qu'aimer quelqu'un."

"Meuh... Hein ?"

"Il n'a jamais aimé qui que ce soit."

"..."

"Trouvez quelque chose qu'il peut aimer d'autre, bande d'abrutis ! Il vous faudra traverser et fouiller le château pour trouver cette chose... Mais ce ne sera sans doute pas ce à quoi vous vous attendez."

Sur ce une sorte de tonalité indiquant que leur interlocuteur avait raccroché se fit entendre dans toute la salle de bal, laissant les deux chevaliers perplexes.

"Il est grand, c'te château d'mes deux ?"

"Je crois qu'il aime bien en préciser qu'il en a deux..."

"Sire Damien, je propose que nous fassions deux groupes de deux pour aller plus vite."

"Depuis quand chuis d'accord avec c'que tu proposes ? Moi je sais, j'ai une idée ! On a qu'à former deux groupes de deux pour aller plus vite !"

"Mais il y en aura forcément un qui n'aura aucune réaction..." Fit simplement remarquer le chevalier d'argent, se rendant compte que sa propre idée avait une faille.

"Bah tant pis, au moins on pourra faire plus ample connaissance avec eux."

Les princes haussèrent tous deux les épaules, visiblement peu convaincus par la brillante idée des deux chevaliers.

Damien les dépassa et prit le bras de celui de gauche, le traînant derrière lui vers la grande porte opposée à celle par laquelle ils étaient entrés, qui se referma lourdement derrière eux.

A la grande surprise, le prince se laissa traîner sans aucune résistance, il semblait de toute façon trop feignant pour utiliser ses royales gambettes (J'ai réussi à placer le mot gambettes, je suis tellement fière...), laissant le chevalier d'argent et l'autre prince, tous deux perplexes, qui partirent dans l'autre direction après qu'Hugo se soit rhabillé.

Après un certain dédale de couloirs, le chevalier d'or traînait toujours le prince qui avait sorti un livre de sa poche et était en train de le lire tranquillement. Étrangement, même dans les escaliers il ne semblait pas avoir mal au derrière.

"Eh, 'scuse si j'te fais mal."

"..."

"C'est quoi c'que tu lis ?"

"Un livre."

Damien voulut l'écraser contre les murs lourdement décorés qui les entouraient.

"T'aimes lire ?"

"Bah sinon je le ferai pas."

Le chevalier poussa soudain un cri tellement féminin que le prince se demanda son réel genre.

En effet, le fantôme-tuto était apparut devant eux en traversant un portrait du prince, provoquant presque une crise cardiaque au plus grand.

"Ah, je vous ai fait peur ?"

"Bien vu Sherlock..."

"Pourquoi vous traînez le prince derrière vous ?"

"Bah c'est évident : je cherche un coin tranquille pour profiter de son corps et assouvir mes fantasmes."

Sans trop comprendre comment le Damien tomba en avant et se mangea le tableau, il comprit après un coup d'œil en arrière que c'était le prince, debout, qui lui avait écrasé son énorme livre sur le crâne.

"Arrête un peu de baizouiller mon portrait et bouge." Lui ordonna le petit prince, rangeant son ouvrage on ne sait où et croisant les bras. "Si tu veux me toucher, faut que ce soit mérité."

Le cœur du chevalier d'or rata un battement alors que son interlocuteur reprit sa marche, le dépassant d'un pas rapide sans lui adresser le moindre regard.

Jamais il ne s'était imaginé que le prince pouvait être si autoritaire, et ce côté sombre d'un être aussi pur le fit tomber instantanément amoureux de lui...

Ça et son petit cul, évidemment.