Esclave de sa Nature

Chapitre 3

Athènes, 389 av. J.-C.
15ème jour du mois d'Elaphébolion (Mars)

— Non..., souffla-t-elle une dernière fois avant de tomber dans l'inconscience.

Lorsque Lyssipée ouvrit les yeux, un mal de tête lui vrilla le crâne. Elle posa la main sur sa tête en grimaçant.

Avec peine, elle se rappela son cauchemar des dernières heures ou jour ? Elle se rappela la morsure, sa fuite et sa rencontre avec ces soldats athéniens.

Elle posa une main sur son bras gauche auquel on avait mis un bandage.

Pendant qu'elle réfléchissait, les bruits extérieurs lui parurent et elle se rendit compte qu'elle n'était pas seule.

Elle regarda autour d'elle pour découvrir qu'elle était dans unepièce, entourée d'autres gens aussi pitoyables qu'elle en ce moment.

Personne ne lui prêtait attention, le sol sablonneux sous ses pieds l'aidait à rester lucide. Elle vit tout de suite que la solide porte devant elle était verrouillée.

Elle comprit alors avec effroi qu'elle était emprisonnée avec les esclaves, sûrement en attendant sa vente.

Elle se leva péniblement et jeta un coup d'œil par la fenêtre aux barreaux de fer.

Elle donnait sur une place, sûrement l'agora. Beaucoup de gens allaient et venaient dans un brouhaha impressionnant tandis que vers le centre se préparaient plusieurs citoyens. Elle comprit rapidement qu'ils préparaient la vente d'esclaves.
Ils avaient pris quelques supports pour y faire monter le futur esclave en vue de le présenter à l'assemblée.

Lyssipée déglutit péniblement, bientôt ce sera elle qui se tiendra devant cette assemblée pour se faire scruter.

Et si par malheur on ne voulait pas d'elle, elle serait utilisée par le dernier venu qui voulait bien s'encombrer de ses blessures.

Elle se rassit, cela ne servirait à rien de trop espérer. Elle allait être vendue, comme tous ceux présents dans la pièce.

Soit étaient-ils prisonniers de guerre, endettés ou condamnés. Tous auraient le même destin de servitude.

Elle attendit dans le silence bien une heure avant qu'on ne vienne les chercher.

Un fantassin ouvrit la porte et les regards se levèrent paresseusement vers lui.

— Les hommes, suivez-moi, dit-il simplement.

Les hommes se levèrent alors, Lys fut déçue de ne voir aucune lueur de combativité dans leur regard. Ils partirent, faisant traîner leurs chaînes au sol telle une marque lamentable de leur condition.

Ne restèrent bientôt plus, que les femmes dans la pièce, elles n'étaient pas nombreuses, une petite dizaine pas plus se dit Lys.

Elle se releva et jeta encore une fois un regard curieux par la fenêtre, seule source de lumière de cette cellule.

Elle put voir en dehors, les esclaves hommes avancer d'un pas las vers leur vente. Ils étaient pas loin d'une vingtaine, cela prendrait un peu de temps.

La foule de citoyens accompagnée par leurs esclaves s'avança. Un homme costaud se mit alors à parler.

— Bien le bonjour ! Nous avons déniché pour vous aujourd'hui de nombreux esclaves bien bâtis !

La foule sembla juger chacun des hommes qui passaient devant eux. Certains étaient achetés au prix fort, d'autres étaient désignés dans des ménages peu riches où ils vivraient très durement.