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Chapitre 8

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Athènes, 389 av. J.-C.
16ème jour du mois d'Elaphébolion (Mars)

Elle s'allongea sur le premier lit qu'elle vu et y trouva vite un lourd sommeil.

Lorsque Lyssipée ouvrit les yeux ce matin-là, ce fut le goût amer de la veille qui lui fit remonter ses souvenirs.

Elle regarda alors les alentours et put découvrir avec étonnement la salle de couchage de Zéna et elle.

Elles avaient eu le droit à une pièce rien que pour elles ? Se demanda avec stupéfaction Lys. Elle avait pourtant cru comprendre que les conditions de vie des esclaves étaient plutôt misérables. Elle s'extasia encore une fois de la richesse de ses maîtres avant de tâcher de trouver Zéna.

Elle n'eut pas trop de problèmes à la trouver, elle ronflait tranquillement sur sa paillasse.

Lys se demanda alors avec motivation quel serait le programme de la journée. Elle hésita à réveiller son amie, mais la laissa finalement dormir. Elle lui devait bien ça.

Elle se leva et remarqua qu'elle portait les mêmes habits que la veille. Lys ne s'en formalisa pourtant pas et quitta le petit dortoir où elle avait trouvé repos cette nuit.

Lorsqu'elle sortit, ce fut pour constater que cette pièce se trouvait en fait sur la droite de la cour, juste avant l'entrée conduisant à la mini-rue.

Le vent froid du matin lui coupa le souffle un instant et la saisit au cou. Elle se frictionna vigoureusement les bras tout en se dépêchent de se mettre à l'abri du bâtiment.

Alors qu'elle retrouvait un peu de chaleur, elle vit apparaître la silhouette silencieuse de l'intendant dans l'encadrement.

Quand celui-ci la remarqua il ne dit rien tout d'abord puis lui lança presque curieux.

— Que fais-tu ?

Elle ne sut quoi répondre et bafouilla comme elle put.

— Je... Je ne sais pas ce que je suis censée faire...

Et c'était vrai, on ne lui avait rien dit sur ses tâches dans cette maison. Les consignes qu'elle avait reçues étaient restées vagues, incomplètes.

Alexandre sembla réfléchir un peu avant de répondre.

— Suis-moi, dit-il en avançant vers une salle que Lys n'avait pas encore eu le plaisir de visiter.

Décidément, elle se demanda s'il avait un problème de communication. Soit il n'aimait réellement pas parler, soit-il ne savait pas engager une conversation, dans tous les cas Lyssipée s'interrogeait encore à son sujet.

Il la conduisit dans le lieu d'où s'échappait le délicieux fumet la veille au soir. Elle comprit tout de suite quand elle entra qu'il s'agissait bien, comme à ses soupçons, de la cuisine.

Elle s'émerveilla de la praticité des lieux et eut sans retenue une folle envie de s'atteler à la tâche. Si elle devait cuisiner, tant mieux ! Quoi de plus facile ? Elle adorait sentir la pâte se ramollir sous ses doigts ou les odeurs chatouilleuses des différentes farines. Elle se ferait une joie d'y travailler.

Alexandre lui désigna le plan de travail en pierre devant une fenêtre.

— Le matin, tu commenceras par préparer assez de maza pour la journée. Environ une quarantaine.

(N.B: j'ai appris que les maza, des galettes d'orge, constituait une nourriture de base à l'époque)

Lyssipée fut tout de suite surprise du nombre, une quarantaine ? Était-ce là tout ? Elle devait bien avouer qu'elle s'attendait à un chiffre plus élevé. Elle réfléchit un instant avant de traduire son incompréhension première. Elle avait pris par le passé, l'habitude de préparer les maza pour la meute entière. Avec l'aide de ses amies, elles atteignaient souvent la deux centième galette.

Elle revint au présent prestement, elle n'était plus dans la meute, elle ne voulait plus y penser.

Elle acquiesça donc avec ferveur et entreprit de suivre l'intendant lorsqu'il quitta la pièce. Il rejoignit alors la salle jouxtant la cuisine.

Elle toussa faiblement en entrant, la poussière virevoltait dans un nuage d'une opacité étrange. De la farine? se demanda-t-elle avec curiosité.

Elle sourit quand elle entendit Alexandre toussoter près d'elle. Au moins montrait-il enfin des traits d'humanité.

Lorsque le nuage se dissipa, Lys put enfin apercevoir ce que contenait la pièce.

Par là des sacs entiers de farine aux noms tous différents, parici des pots de miel ou d'épices parfaitement alignés. D'un côté des paniers remplis de fruits frais, de l'autre des légumes encore terreux.

Elle s'amusait à nommer chacun des composants de la pièce quand Alexandre prit la parole.

— Nous sommes ici dans l'office. Là sont gardées toutes les provisions dont tu auras besoin pour travailler.

Lys osa alors poser la question qui la démangeait depuis déjà quelques minutes.

— Est-ce que mon travail sera en cuisine ? demanda-t-elle avec espérance.

Elle se mordit la lèvre pour s'empêcher de soupirer quand l'intendant lui répondit par la négative.

— Ton travail s'effectuera un peu partout. Le matin tu commenceras en cuisine, puis tu servirais avec Zéna le petit déjeuner et après tu agiras au bon vouloir de tes maîtres.

Lys acquiescé. Elle était prête pour commencer, cela ne lui semblait pas si terrible.

Après qu'Alexandre soit parti de l'office. Elle se mit autravail.

Elle prit d'abord tout ce dont elle avait besoin pour sa préparation et s'installa dans la cuisine.

Pendant plus d'une heure, elle prit plaisir à préparer la quarantaine de galettes demandée. Elle sentit avec bonheur les différentes senteurs de son labeur. Farine d'orge, miel, lait ou huile d'olive.

Lorsqu'elle eut enfin achevé sa tâche, elle se frotta le front et sourit.

Cuisiner ainsi l'avait soulagé du poids de ces derniers jours. Elle se sentait apaisée, prête pour la suite.

Lorsque Zéna apparut dans la pièce ce fut pour demander à Lys de l'aider à servir le déjeuner.

Lyssipée acquiesça avec entrain et prit à sa suite les plats de maza et de fruits qu'elle amena sur les tables du séjour.

Sur les lits de jour étaient assis les hommes de la demeure. Quand elles entrèrent le jeune Luke sourit innocemment à Lys tandis que Jules lui fit un sourire plus réservé.

Elle les accepta avec joie et leur sourit poliment en retour.

Elle commençait à espérer qu'elle pourrait se faire apprécier de ses nouveaux maîtres, ce qui lui donna un regain d'énergie.

Elle attendit dans un coin de la pièce que le petit déjeuner soit fini. Elle tâcha de se montrer la plus discrète possible comme on le lui avait conseillé.

Lorsque le repas fut fini et les discussions achevées, elle s'apprêtait à partir, des plats sur les bras, quand elle fut arrêtée par une main impérieuse.

Elle tourna vivement la tête pour apercevoir le jeune Jules la regarder avec assurance. Il lui sourit mystérieusement avant de prendre la parole.

— Va manger un coup, habille-toi : nous sortons.

Lys le regarda stupéfaite. Elle bafouilla un petit « oui » avant de hocher la tête et de s'en aller. Elle rejoignit Zéna dans la cuisine et lui dit, espérant quelques conseils.

— Zéna, je vais sortir avec le maître Jules tout à l'heure.

Zéna se retourna vers son amie et la regarda, elle paraissait inquiète.

— Fais attention Lys... elle s'arrêta et reprit très vite. Ne fais pas tomber les fruits.

Elle lui prit le plateau avant de s'en aller en vitesse de la pièce.

Lyssipée, déroutée de son comportement, se retourna quand elle quitta la salle et tomba directement dans les yeux de Jules, accoudé sur l'encadrement de la porte. Il la regarda un instant sans rien dire et Lys retint son souffle.

— Dépêche-toi. Je n'aimerais pas avoir à attendre.

Esclave de sa NatureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant