Esclave de sa Nature

Chapitre 9

Athènes, 389 av. J.-C.
16ème jour du mois d'Elaphébolion (Mars)

— Dépêche-toi. Je n'aimerais pas avoir à attendre.

Lys hocha péniblement la tête, elle hésitait sur la marche à suivre. Zéna avait paru inquiète, et son comportement pour le moins étrange n'avait pas aidé Lyssipée à se débarrasser de ses angoisses.

Que devait-elle faire ? Une chose était sûre, elle se devait d'obéir à Jules. Aussi elle attrapa en vitesse un maza et une pomme avant de filer dans son dortoir.

Elle engloutit sans y prendre plaisir la pomme juteuse et la galette. Elle n'avait pas mangé depuis déjà deux jours, mais cela lui semblait totalement égal. Au lieu de s'en inquiéter, elle se hâta de se changer pour ne pas faire attendre son maître.
Alorsqu'elle attachait avec difficulté son chiton à son épaule gauche, elle s'arrêta.

Elle ne sentait aucune gêne dans son bras gauche.

Paniquée, elle défit délicatement le bandage sur sa morsure et inspira profondément. Elle jeta un coup d'œil furtif et vit ce qu'elle craignait le plus.

La morsure de loup-garou était totalement cicatrisée !

Prise de vertiges, elle s'assit promptement. Elle ne savait que trop bien ce que cela voulait dire... elle devenait l'une des leurs. Un loup-garou.

Quand ses mains se mirent à trembler, elle était déjà en état de choc.

Heureusement, Zéna arriva bientôt et, la voyant si mal en point, se précipita à ses côtés.

— Lys ? Lys ! Qu'est-ce qui t'arrive ? s'écria-t-elle.

Lyssipée, affolée, posa précipitamment ses paumes sur la bouche de son amie. Il ne fallait pas qu'on l'entende. Il ne fallait pas que l'on se pose des questions.

La pauvre ne savait plus quoi faire. Quand elle fut sûre de la discrétion de Zéna, Lys ôta ses mains. Plus doucement, l'esclave des Callops l'interrogea.

— Lys qu'est-ce qui t'arrive ?

Lyssipée, sans un mot, désigna alors son bras gauche aussi intact que l'autre et espéra qu'elle ne crierait pas.

Les yeux de Zéna s'arrondirent durant une fraction de seconde avant de reprendre leur aspect normal. Elle resta néanmoins bouche bée.

— Que... Comment est-ce possible ? demanda-t-elle en gardant un calme apparent.

Lyssipée réfléchit quelques instants avant de répondre avec peine.

— Je ne sais pas...

Elle soupira tristement, elle ne savait pas pourquoi cela avait dû l'atteindre. Pourquoi elle avait dû se transformer.
Elle aurait préféré ne pas guérir.

Zéna la regarda un instant dans les yeux, considérant son affliction, avant de reprendre.

— Voyons le bon côté, tu n'auras pas à perdre ton bras.

Lys sourit faiblement. En effet, voilà peut-être le seul côté positif.

Zéna jeta un coup d'œil à l'extérieur avant de reporter son attention sur son amie.

— Tu ferais mieux de ne pas le montrer. Cela pourrait te faire remarquer et tu n'en as pas besoin pour l'instant. Remet ton bandage et rejoins vite le maître Jules, il va bientôt t'attendre.

Elle lui lança un dernier regard compatissant.

— Bon courage. Retiens bien de ne jamais faire confiance aux citoyens.