Chapitre 7

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Alex regarda Derek, allongé sur un fauteuil, pensif, un sourire pervers sur le visage.

- C'est quoi cette bouille tristounette ? Ton rêve coquin s'est arrêté ?

- La ferme, répondit Derek en sortant ses crocs.

- Oh non, je sais ! T'as tué ton âme sœur.

Le présumé meurtrier détourna son regard, exaspéré.

- J'y crois pas, j'ai tapé dans le mile !

- Il fallait que je le fasse. C'était son visage, son odeur, j'ai ressentit exactement la même chose. Hier soir, je ne pouvais pas laisser le doute, que Katherina soit en vie, subsister.

- Attends, t'as vraiment tué quelqu'un ? Isaiah va te soumettre, se moqua l'adolescent.

- Je ne fais pas partie de la meute, et de toute façon, tu ne vas rien lui dire.

- Sinon quoi, tu m'égorgeras avec tes dents ? J'attends de voir ça.

- Pourquoi est-ce que j'ai accepté de retourner avec des ados prépubères...
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Alors que mon esprit se réveillait, mes yeux discernèrent l'espace qui m'entourait. J'étais allongé dans un lit dont les draps blancs tachés de rouge semblaient tout juste sortir du lavage. Une odeur de coton propre s'en évadait. Les quatre murs de la pièce étaient composés de bois que des griffes d'animaux avaient lacéré. Le sol recouvert par un parquet détérioré, était ensevelit sous la terre. Des chaînes, et tout un tas d'ustensiles permettant de bâillonner un être vivant étaient disposés dans chaque coin de ma cellule. En effet, je remarquai que mes poignets menottés m'empêchaient de sortir, de me libérer. J'étais presque indignée de ne pas voir de barreaux à la fenêtre.

Un souvenir me revint, alors, en tête, après avoir lutté pour briser le métal. J'étais déjà entrée dans cette pièce lugubre, lorsque j'étais petite. Ou du moins, j'avais observé ce qui s'y tramait. Un loup, un louveteau même, dont les cheveux blonds reflétaient les marbrures de la pleine lune, se débattait contre ces chaînes. Ses yeux d'un jaune phosphorescent exprimaient l'envie terrifiante de tuer. Ce même jour, un loup noir, le loup noir avait tenté de me tuer. Heureusement –ou malheureusement –la louve était toujours là pour me protéger : une véritable mère. J'avais certainement dû voir quelque chose qu'il ne fallait pas, quelque chose de surhumain, un loup-garou.

Lorsque ce souvenir disparut de mes pensées, j'entendis au moins cinq cœurs battre. Puis, la voix de Dan émergea :

– Je suis un idiot... J'étais là, toute la journée, et je n'ai rien vu, j'étais censé la protéger hier soir, et je n'ai rien fait. Je suis pas un chasseur.

– Ne sois pas trop dur avec toi-même Dan, cela arrive aux meilleurs.

– Est-ce qu'elle va aller mieux ?

– Heureusement, la dose d'aconit tue-loup n'était pas grande. Penses-tu qu'elle puisse faire partie de notre espèce depuis sa naissance ?

– Non, Scott l'aurait détecté, et elle semblait vraiment apeurée par ce qui lui arrivait. Sans oublier qu'elle ne se souvient pas de la nuit dernière.

– Sûrement un choc post-traumatique. Il va falloir agir maintenant. Où est-elle ?

– Euh... Menottée, dans une des chambres.

– Tu l'as menottée ?

– Je savais pas quoi faire ! J'ai paniqué.

"Agir" ? Allaient-ils me tuer ? Entre tous ces meurtriers, ces soi-disant connaissances, ces souvenirs, je ne supportais plus d'être dans cette grange à la puanteur de chien mouillé. Je poussai, alors, un cri assourdissant qui fut suivi d'un claquement, du brisement de mes menottes, de la vitre –verte tellement celle-ci était sale et poussiéreuse–.–verte tellement celle-ci était sale et poussiéreuse–.

J'aurais aimé que ce taudis soit encerclé d'arbres, afin de pouvoir me cacher entre eux. Cependant, ce n'était pas le cas, seule la neige était présente aux alentours. Dissimulée derrière un mur, j'arrachais les bouts de verres incrustés dans ma peau, qui semblait cicatrisée d'elle-même. Celle-ci éradiquait même toute trace d'infection.


Un grognement surgit derrière moi, puis un souffle chaud se posa sur ma nuque. Je souhaitais repousser l'auteur de ces actes, pourtant une force invisible m'empêchait de faire le moindre mouvement. J'étais à la fois, fascinée, tentée, et terrifiée par son odeur addictive, cette tension perceptible entre nous, et la charge électrique grimpante de l'air. Ma peau fourmillait au contact de ses lèvres sur ma jugulaire. Mon cœur battait la chamade, tandis qu'une chaleur, appelant à me laisser aller, m'embrasait. J'en oubliais de respirer tant sa présence contre moi était si enivrante. Impossible de lutter, ce sentiment était plus fort que moi. C'était comme si le destin avait prévu ce moment. Je ne comprenais pas ce qui m'arrivait. À force de ne plus utiliser mes poumons, l'odeur disparue, et ma conscience reprit le dessus. Je me retournai, le poing prêt à frapper, en quelques microsecondes. Cependant, il l'arrêta. Nous ne bougions pas pour autant, et restions dans cette position, durant quelques minutes qui me parurent des secondes, sans parler. Ses doigts caressant les miens, attrapant fermement mon poignet, sa main usurpant ma taille. Cette délicieuse odeur, bien plus exaltante que celui d'un vulgaire aliment, refit surface. Son corps pesait contre le mien. Ma peau aux aguets de chaque mouvement, frottement de tissus, devinait les lignes de son torse, de ses muscles aussi durs qu'impressionnants. J'essayais de me concentrer afin de penser à autre chose qu'à son corps musclé sous ce t-shirt moulant, qu'à nos corps l'un contre l'autre, en vain. Tous mes sens étaient décuplés dans une invitation muette, comme si chacune de ses cellules les contrôlaient. Sa prise sur ma taille et mon poignet était ferme, sans pour autant être douloureuse. J'aurais voulu parler, crier, m'échapper, pourtant, une partie de moi aimait de plus en plus être tenue ainsi, par ce jeune homme, ce bel inconnu. Doucement, je remontai la tête afin de croiser son regard. Mes yeux plongeaient alors dans les siens, avant de reconnaître ce bleu glacial.

– Toi !

– Toi...

Instinct Animal || Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant