À la recherche de Wright - 3

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« Il faut que... »

Ron le regarda sans comprendre.

« Toilettes, dit Harry. Je reviens de suite. »

Il partit avant que Ron puisse lui poser de questions. Il l'entendit hurler « Tu blagues ? », mais il pensa qu'il valait mieux l'ignorer.

Alors qu'il se dirigeait vers la sortie, il eut l'impression que tous les yeux étaient sur lui, et que tout le monde savait qu'il abandonnait le match pour partir à la poursuite de Drago Malefoy. Ça ne semblait pas très probable, cela dit. A coup sûr, le match était plus intéressant.

« Robins—Carmichael—Weasley—Robins ! hurlait Orla Quirke la nouvelle commentatrice de Quidditch. Weasley ! GRYFFONDOR MARQUE ! »

Explosion de joie dans les gradins des Gryffondor. Harry se hâta de rejoindre le château. Ce n'est qu'après avoir refermé la lourde porte derrière rien qu'il réalisa qu'il avait mal à la tête. C'était tellement bruyant dehors.

Dans la pénombre du château déserté, son idée semblait complètement ridicule. Qu'est-ce que Malefoy pouvait bien faire ? Sûrement pas quelque chose qui nécessitait une enquête. Le petit Serdaigle qui avait humilié Malefoy devant tout le monde finirait par se retrouver un jour avec des navets à la place des oreilles, Harry n'en doutait pas, mais pour Malefoy, la vengeance était un plat qui se mangeait froid. Il était plus du genre à ruminer et faire des plans qu'à agir impulsivement.

Et il était également peu probable qu'il fasse réellement du mal à quiconque, surtout pour un truc si insignifiant. Les Malefoy avaient fait attention à ne pas faire de conneries dernièrement. Lucius Malefoy avait passé son temps à jeter des Gallions à droite et à gauche pour n'importe quelle bonne cause à la mode. Il avait même envoyé cent Gallions à Hermione, expliquant que l'argent était pour la SALE et déclarant qu'il avait toujours pensé que les elfes de maison devraient être libres et que c'était pour ça qu'il avait libéré le dernier elfe qu'il lui restait, il y avait des années de cela.

« Vous pouvez être certaine de ma sincérité, disait la lettre de Lucius Malefoy, car j'en appelle au témoignage de notre estimé Sauveur, Harry Potter, qui a aidé à libérer Dobby l'elfe de maison, et n'a pas eu à en subir les conséquences. »

Après avoir ri pendant cinq bonnes minutes, Ron avait secoué la tête.

« C'est une blague ? Il veut qu'on lui soit reconnaissant parce qu'il n'a pas assassiné Harry pour avoir libéré Dobby ?

— C'est une menace, avait analysé Hermione. Il veut juste nous rappeler qu'il aurait pu et qu'il pourrait toujours tuer Harry. »

C'est du désespoir, avait pensé Harry. Les Malefoy étaient comme la version humaine de la Baguette de Sureau : désespérés de maintenir l'illusion de la victoire en se rangeant du côté du vainqueur. Harry ne doutait pas de la sincérité de Lucius. Il pensait que Lucius était prêt à ramper avec sincérité et enthousiasme, tout en attendant son heure. Et s'il continuait à jeter suffisamment d'or à tout le monde, son heure arriverait, et il serait à nouveau respecté comme il l'avait été.

Parfois Harry regrettait d'avoir parlé en leur faveur au procès des Malefoy, reconnaissant qu'eux aussi avaient été, de bien des manières, les victimes de Voldemort. Il n'avait pas pensé que ses mots auraient autant de poids. Aider Lucius n'avait pas spécialement été le but de Harry.

« Tu n'avais pas besoin de dire ça, Harry, lui avaient fait remarquer Ron et Hermione. L'année dernière a été dure pour eux, c'est vrai, mais Lucius Malefoy est un homme sans merci. »

Mais Harry s'était souvenu de Dumbledore, en train de s'affaisser contre la rambarde, ses yeux plantés dans ceux de Drago Malefoy qui le tenait en joue de sa baguette.

« C'est ma merci qui compte à présent, pas la tienne, lui avait dit Dumbledore. »

Il avait offert sa protection à Malefoy, pour lui et ses parents. Si Dumbledore avait vécu, il aurait tenu sa parole. Peut-être que c'était à Harry de la tenir pour lui. Il était trop tard pour les protéger, mais il n'était pas trop tard pour faire preuve de merci. Lucius avait de la chance que personne ne soit mort lors de la seconde année de Harry quand il avait dissimulé le journal de Tom Jedusor dans les livres de Ginny, et Drago avait de la chance que Ron et Katie aient survécu à ses tentatives d'assassiner Dumbledore. Si les choses avaient été différentes, Harry ne pensait pas qu'il aurait réussi à trouver de la pitié en lui.

Il devait reconnaître, cependant, que Lucius Malefoy en train d'inonder le monde sorcier de ses Gallions semblait plus utile que de l'avoir en train de pourrir à Azkaban pendant que son or prenait la poussière à Gringotts.

Réfléchir au comportement récent de Lucius Malefoy le força à faire une pause. Maintenant qu'il y pensait, les regards de Drago et sa gêne pouvaient être interprétés différemment. Est-ce que Lucius avait ordonné à son fils de devenir ami avec lui ? C'était clairement une possibilité. Lucius avait fait ça par le passé, après tout.

La bouche de Harry se tordit en un sourire tandis qu'il atteignait l'escalier principal. Drago ne serait pas ravi par de telles consignes. Ça expliquerait pourquoi il avait été si prompt à ranger sa baguette quand il avait vu que Harry le regardait. Balancer des maléfices à des petits garçons devait être sur la liste des choses que Drago ne devait pas faire en présence de Harry Potter.

Harry sourit plus largement, de plus en plus convaincu par sa nouvelle théorie. Il avait complètement abandonné l'idée de chercher Malefoy et voulait retourner au match, mais ses pieds le conduisirent jusqu'au septième étage à la place. Il pensait que c'était la faute des escaliers plutôt que le fait qu'il ait été distrait. Ils avaient toujours été difficiles. Ils bougeaient dans tous les sens, des dizaines à la fois qui s'élevaient dans les airs jusqu'aux tours les plus hautes, mais mettre le pied sur le marbre poli arrêtait leur mouvement, et ils attendaient que la personne finisse son trajet avant de se remettre en route. Il n'y avait qu'à espérer que leur parcours habituel n'ait pas changé soudainement.

Le septième étage était tout aussi désert que le reste du château. Je devrais retourner au match. Ou monter dans la salle commune. Mais les pensées de Harry revinrent aux Malefoy, comme un disque rayé. Les intentions de Lucius et celles de Drago n'étaient pas nécessairement les mêmes, réfléchit-il. Et s'il était envisageable que Drago obéisse à son père, il l'était tout autant qu'il décide de le défier. Après tout, si on avait dit à Drago de rechercher l'amitié de Harry, il n'avait pas été très efficace jusqu'à maintenant.

La tapisserie de Barnabas le Follet était juste comme Harry s'en rappelait, mais ce n'était pas le cas de l'entrée de la Salle sur Demande. Harry s'arrêta net. Là où autrefois il y avait eu un mur et où il fallait le souhaiter pour que l'entrée apparaisse se trouvait maintenant une massive porte en chêne avec un gros bouton de porte sculpté. Harry n'avait pas pensé qu'il trouverait Malefoy ici, mais apparemment, il y avait quelque chose à trouver. Ou bien est-ce qu'il avait souhaité quelque chose sans y faire attention ?

La salle avait besoin d'instruction spécifiques, avait toujours dit Neville, mais Harry ne pouvait pas se rappeler avoir demandé quoi que ce soit, même de façon vague.

Il haussa les épaules et ouvrit la porte. La pièce était petite et nue, à peine la taille du placard dans lequel Harry avait dormi à une époque. Il n'y avait pas d'araignées, cependant. Harry aurait préféré qu'il y en ait. Des toiles d'araignées et de la poussière, des meubles cassés auraient donné une apparence plus normale à l'endroit, comme un placard qu'on avait cessé d'utiliser depuis longtemps. Mais la pièce avait l'air morte. Les murs étaient carbonisés, noircis par le feu qui avait ravagé la salle.

C'était une vision déprimante. Des siècles d'histoires inconnues avaient brûlé dans cette pièce. Des centaines d'élèves y avaient caché leurs trésors et leurs bêtises et maintenant tout ça avait été détruit.

Le livre de potions de Harry également. Ou plutôt, le livre de potions de Rogue. Ça avait été un objet utile. Et qu'est-ce qui se passerait maintenant quand on viendrait de ce côté-ci la nuit et qu'on avait envie d'uriner. Poudlard était censé offrir toute une collection de pots de chambres aux gens dont la vessie était pleine. Harry grimaça. Un autre des trésors de Poudlard détruit, Professeur. Peut-être que le château avait encore d'autres secrets, que Harry n'avait pas encore découverts, et qu'il ne découvrirait jamais.

Il referma la porte dans un grand bruit. Il regrettait d'être revenu là. Au septième étage, à Poudlard. Ça ne faisait que lui rappeler ce qu'il avait perdu. Par moments, il avait l'impression d'avancer à l'envers. Je ne devrais pas être là. Non, vraiment pas. Il voulait être dans le monde réel. A attraper des Mangemorts, à empêcher que des gens ne soient blessés. Pas ici, à perdre un temps précieux pour du Quidditch. Et Malefoy. Kingsley lui avait proposé un travail. Il aurait pu être un Auror à l'heure qu'il était. Un job honoraire, davantage un entraînement que de vraies missions, mais quand même, ça aurait été quelque chose. Au moins il ne se sentirait pas si désœuvré. Il s'ennuyait.

Une moue sur le visage, Harry fit demi-tour. Et se figea net. Drago Malefoy se tenait un peu plus loin, regardant à droite et à gauche de façon paniquée, comme s'il avait vu un fantôme. Son visage était rougi et en sueur, ses cheveux décoiffés, sa respiration rapide. Il avait couru, et couru vite. Ses yeux s'agrandirent quand il avisa Harry et il s'immobilisa, pareil à une statue de glace.

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