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Fontana et Mercier arrivèrent enfin au 36, quai des Orfèvres. D'un coup de klaxon, ils saluèrent les deux gardiens de la paix qui gardaient l'entrée de la DRPJ et ceux-ci leur rendirent le bonjour. La Volkswagen grise de Jordan s'engouffra sous le porche puis roula jusque dans la cour pavée avant de s'y garer.

— Bon, eh bien au boulot, lança-t-elle à son adjoint en mettant le frein à main.

Devant la porte blanche de l'escalier A, les deux trentenaires vinrent à la rencontre du capitaine Claude Beauchamp, numéro quatre de l'équipe Fontana. Cet homme brun de cinquante-et-un ans, aux traits fatigués, avait effectué toute sa carrière au sein de la PJ parisienne. Il avait été bercé dans l'univers policier dès son plus jeune âge. Son père, ancien flic de la DRPJ, lui avait donné envie de suivre le même chemin que lui. Après douze ans de bons et loyaux services à la brigade de répression du proxénétisme, il avait été muté à la Crim', groupe Perrin, dont le chef avait laissé sa place au commandant Thomas Rimbault cinq ans plus tard.

— Ah, Claudio, tu tombes bien. Prépare-toi à repartir, tu viens avec moi, nous allons interroger Amélie Robert, chez qui Laura a fait la fête pour la dernière fois.

— Oui, chef, répondit celui-ci.

Alors que Jordan s'apprêtait à rentrer à l'intérieur du bâtiment, Mercier la retint.

— Eh, on pourra emprunter ta voiture ?

La commandante fit volte-face.

— Alors là, mon vieux, tu rêves. Prends la tienne, ou empruntes-en une aux papys crayons¹. Et surtout, n'oubliez pas de me tenir au courant, hein ! Je compte sur Zazou et toi.

Nicolas soupira longuement et suivit Claude et Jordan qui entrèrent à l'intérieur de leurs locaux. En arrivant au deuxième étage, les deux brigadiers, depuis leur guérite vitrée, leur lancèrent un bref bonjour qu'ils leur rendirent poliment avant de passer le sas de sécurité.
Ils grimpèrent le reste des escaliers sans se presser. Ils croisèrent des collègues et des patrons qui allaient et venaient de part et d'autre, dévalaient ou montaient l'escalier central avec la même énergie que nécessitait l'ascension d'une colline. Il n'était pas rare que certains profitent de ces escalades pour entretenir leur forme physique, au milieu des salutations qui fusaient en tous sens.
Enfin, les trois officiers accédèrent à l'étage supérieur, le troisième, celui de la brigade criminelle. Face à l'escalier se trouvait un bureau, considéré comme le spot idéal pour contrôler les allées et venues. Au-dessus de sa porte molletonnée figurait l'enseigne lumineuse au néon bleuté sur laquelle étaient inscrits les simples mots « Brigade Criminelle ». La porte étant restée ouverte, l'un des occupants du bureau, un commandant fonctionnel, salua ses collègues d'un signe de tête lorsqu'ils eurent pénétré son champ de vision. La porte était entourée d'un côté d'une armoire boisée dont la vitrine exposait entre autres des objets culte vendus par l'amicale de la brigade ; de l'autre se tenait un banc métallique à trois sièges pour les visiteurs.

Le troisième étage logeait un service où il faisait bon vivre. En particulier, la machine à café demeurait le point de rassemblement favori des policiers. Tout le monde se connaissait, les couloirs rarement déserts ne comptaient plus le nombre de poignées de mains dont ils étaient témoins en une journée. Des notes de service et divers télégrammes que la plupart lisait autour de dix-huit centilitres de café étaient épinglés aux murs du palier. Jordan jeta un œil à gauche, où se tenait un petit couloir situé à proximité de la porte d'entrée du bureau de Santini ornée de la mini-plaque « Bureau 315 – Chef de la Brigade Criminelle ».
La chef de groupe et ses deux capitaines furent rattrapés par les lieutenants Lisa Haussmann et Éric Belmont qui venaient de rentrer au service.

— Ah, fit Nicolas. Désolé, Zazou, il va falloir redescendre. Perquise chez les Delcourt, tout-de-suite, ajouta-t-il en prononçant distinctement ces trois derniers mots.

LE SANG DES ROSESOù les histoires vivent. Découvrez maintenant