5b

408 18 20
                                    

L'après-midi avait semblé interminable pour Jordan et ses hommes. Entre les auditions de plus d'une vingtaine de témoins – invités à la fête, amis et famille de la récente défunte – et la rédaction des procès-verbaux, ils n'avaient pas chômé.
Comme prévu, le groupe Fontana se rendit dans le bureau 315 à 18 h, où les commissaires Dominique Lafarge, Arthur Santini et son adjoint Pascal Deslandes les attendaient avec impatience sans faille.

— Très bien, tout le monde est là, constata-t-il en fermant la porte après que Marc et Claude furent arrivés.

Ceux-ci s'assirent aux côtés de leurs collègues, autour de la table pliante du 315. Tandis que le chef de section se tenait debout, dos au mur et les mains dans les poches de son pantalon, le commissaire divisionnaire et son adjoint regardaient les six enquêteurs d'un air stoïque.

— Alors, on fait le point ? démarra Arthur Santini en prenant place autour de la table.

D'un simple regard, Jordan invita Nicolas à prendre la parole. Il relut rapidement le dossier, puis il s'éclaircit la voix comme s'il allait chanter un air d'opéra.

— Peu après 3 h ce matin, conta-t-il, nous avons été appelés par l'étage à mort–euh, l'état-major : un corps est retrouvé sur la place de la Concorde vers 2 h 40 par monsieur Armand Girard, quarante-trois ans. Il a immédiatement composé le « 17 » et une équipe de Police-Secours s'est rapidement rendu sur place.

À cet instant, Jordan tira hors de son dossier les photos de la victime et de la scène de crime, prises par l'Identité judiciaire, qu'elle glissa au centre de la table.

— C'est le 1er DPJ qui a d'abord était saisi de l'affaire avant que l'on ne nous confie l'enquête, continua la chef du groupe, stylo quatre couleurs en main. Rien à dire concernant leurs premières constat', nous nous sommes légèrement appuyés sur les leurs pour procéder aux nôtres. La victime, Laura Delcourt, née le 12 février 1999, était étudiante en chimie à l'université Pierre-et-Marie-Curie. Élève studieuse et modèle, d'après ses parents. Déclarée disparue le 13 novembre au matin par ces derniers, à la suite d'une soirée d'anniversaire qui a eu lieu dans la soirée et la nuit du 12 au 13 chez sa meilleure amie, Amélie Robert, dix-huit ans, étudiante en droit à la Sorbonne.

Le commandant Fontana feuilleta les PV d'audition de Jean-Philippe et Valérie Delcourt. À côté d'elle, son adjoint était concentré sur les clichés.

— Le corps a été déposé près de l'Obélisque soit dans la nuit soit très tôt ce matin, poursuivit Gilbert, puisqu'il est évident que personne n'a rien vu hier dans la journée. Chose par ailleurs étrange mais qui indique que le meurtrier s'était bien préparé et qu'il a fait preuve d'une méticulosité inouïe. Il a dû transporter la dépouille à l'aide d'un véhicule. Mais ça ne va pas être une mince affaire : on n'a rien qui puisse nous permettre de remonter jusqu'à celui-ci. Le seul indice prélevé sur les lieux est une rose rouge. Elle a été insérée dans l'abdomen, en lieu et place des viscères... C'est en cours d'expertise, le labo espère trouver des paluches¹ mais entre nous, je ne suis pas très optimiste.

Le procédurier prit son souffle.

— La perquise chez elle, qu'est-ce que ça a donné ? enchaîna le commissaire Deslandes.

— Rien du tout, broncha Lisa, mais on a récupéré son ordinateur portable.

— Je vais essayer d'entrer dans le système en contournant le mot de passe, informa Éric. Je pourrai accéder aux fichiers et à l'historique Internet. J'essaierai aussi de récupérer les données qui auront été effacées du disque dur. Ça risque de prendre un moment. Au pire, je mettrai mes anciens collègues de la BEFTI sur le coup, ils auront des résultats bien avant moi, étant donné que je n'ai pas tout leur matos à ma disposition. Je m'y colle dès demain.

LE SANG DES ROSESWhere stories live. Discover now