24. Mais comment ai-je pu être un tel monstre ?

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Je fus réveillée en sursaut par un cri aigu. Je clignai des paupières, totalement perdue, et vis une masse sombre bouger dans mon champ de vision. En grommelant, je me tournai sur l'autre flanc et refermai les yeux.

Mais je les rouvris aussi vite lorsque j'entendis deux voix parler entre elles. Je reconnus l'une comme celle de Lison, et l'autre... Celle de Louis ? Stupéfaite, je m'assis lentement sur le lit, et me frottai le visage pour tenter d'éclaircir ma vue. C'était bien Louis, qui semblait parlementer avec Lison. Celle-ci avait de grands gestes de la main, puis écoutait le roi parler avec un air de défi.

Je ne pus retenir mon sourire en voyant que je n'avais pas rêvé. Il était bien là. Soudain, Louis se tourna vers moi. En me voyant réveillée, il s'empressa de venir vers moi. Il s'accroupit près de moi, et prit mes mains dans les siennes en souriant :

« - Pourrais-tu expliquer à ta gouvernante que je ne suis pas venu pour t'agresser ? »

Je me tournai vers Lison, qui me fixait, les poings sur les hanches. Je soupirai en voyant son regard sombre, et finis par murmurer :

« - Tout va bien, Lison...

- Puis-je savoir pourquoi le roi a dormi avec vous ? »

Comme prise en faute, je baissai le visage. Mais j'avais eu le temps de lire dans ses yeux qu'elle savait déjà qu'il était le père de mon enfant. En même temps, il était le seul homme qui avait dormi avec moi, à part Geoffroy. Donc tout était devant ses yeux.

Je l'entendis soupirer, et la porte claqua. Elle était sortie de la chambre. Aussitôt, la terrible peur de l'avoir déçue s'empara de moi. Allait-elle penser que j'étais comme Athénaïs ?

« - Charlotte, regarde-moi. »

Doucement, Louis lâcha mes mains pour relever mon visage vers le sien. Son regard gris se plongea dans le mien tandis qu'il me souriait :

« - Ne t'inquiète pas, je t'en prie. Je sais que ta gouvernante est intelligente. Alors elle ne tirera pas de mauvaises conclusions. »

Il embrassa tendrement mon nez, avant de m'aider à me rallonger correctement. Il arrangea les oreillers dans mon dos, puis revint s'allonger à côté de moi. Aussitôt, je me blottis contre lui, et m'agrippai à sa chemise en murmurant :

« - J'ai cru un instant que ce n'était qu'un rêve... »

Louis m'enserra de ses bras avec un soupir, et déposa ses lèvres sur ma tempe :

« - Je l'avais deviné, ma Charlotte... Jamais je ne pourrais te dire à quel point je m'en veux. Je savais que tu étais incapable d'une telle... Ignominie, mais j'ai été si aveuglé par la jalousie ! »

Je sentis mon cœur se gonfler lentement de joie. S'il avait été jaloux, c'était qu'il tenait à moi ! Je me serrai davantage contre lui pour embrasser sa clavicule :

« - J'ai cru que... Que je n'avais jamais rien été pour toi...

- Oh, Charlotte... »

Son ton était peiné. Ses doigts se glissèrent dans mes cheveux alors qu'il murmurait :

« - Je... Je ne savais pas comment me comporter avec toi. Je t'imaginais sans cesse dans les bras de cet homme, et... Et je t'aimais tellement ! »

Cet aveu me fit monter les larmes aux yeux. J'enfouis mon visage dans son cou pour dissimuler ma tristesse, et me mordis la lèvre pour ne pas pleurer. Athénaïs m'avait fait perdre tellement ! J'aurais pu passer bien plus de temps aux côtés de Louis, à être heureuse. Mais elle avait bien failli tout détruire.

Deux sœurs pour un roi (Tome 2) ✅Où les histoires vivent. Découvrez maintenant