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point de vue omniscient

Noah et Cameron ont passés beaucoup de temps ensemble. Ils étaient constamment à côté en cours. Ils mangeaient ensemble à chaque repas. Ils s'attendaient mutuellement à la fin des cours. Et tous les samedis, ils passaient leur matinée en retenue, tenant compagnie à l'autre.

Cameron était en retenue pour rattraper toutes les heures de cours qu'il avait perdu. Mais pour Noah, c'était différent. Elle se retrouvait ici parce qu'elle le méritait. Elle répondait aux profs, séchait les cours ; Bref, elle brisait constamment les règles.

Et quand les profs la reprenaient et prononçaient son nom à voix haute, un sourire apparaissait sur ses lèvres. Elle ressentait ce sentiment au fond d'elle. Ce n'était pas de l'adrénaline, non. Briser les règles, ça, elle en avait fait une habitude. Ce qu'elle ressentait, c'était le plaisir de la reconnaissance. La simple joie de savoir qu'on existe et qu'on n'est pas invisible. Parce que, depuis ces derniers temps, c'était exactement comme ça qu'elle se sentait : Invisible. Ses amis avaient tellement la tête plongée dans les bouquins qu'ils s'y sont noyés dedans et que dorénavant, ils ne la voyaient plus. Elle se demandait quand fût la dernière fois qu'elle a eu une conversation appropriée avec sa meilleure amie, Kaylee. Elle se demandait notamment quand fût la dernière fois que Nash, son petit-ami, l'a sincèrement embrassé. Pas un de ces légers baisers qu'il lui dépose sur ses lèvres chaque matin avant de disparaître pour le reste de la journée. Non, un réel. Tout ça semblait être il y a bien longtemps. Et c'est pour ça qu'elle faisait des conneries ; Pour prouver qu'elle existe.

Ce soir-là est un soir bien triste à l'Académie. Noah l'avait déjà remarqué. Peut-être étaient-ce les nuages couvrant la lune, rendant la nuit encore plus lourde qu'elle ne l'était déjà. Ou peut-être était-ce le vide qui comble sa chambre et son âme en même temps.

Elle est là, allongée sur son lit en hauteur, les bras croisés derrière sa tête. Ses yeux admirent le plafond comme si la fameuse oeuvre de Michel-Ange était peinte sur ce dernier. Pourtant, il n'y avait rien. Juste ce foutu vide.

Soudain, son téléphone vibre contre sa cage thoracique. Elle l'attrape et regarde l'écran, plissant ses yeux face à la lumière de l'appareil. C'est un nouveau message.

" Mlle Noah Frimann, vous êtes demandée à l'accueil de l'Académie immédiatement. "

Ça venait de l'école. L'adolescente plisse un peu plus les yeux, confuse. Elle ne savait même pas que le personnel travaillait encore à 21h00 passé, presque 22h00.

Arrivée à l'accueil, la secrétaire et la proviseure sont toutes les deux l'une face à l'autre. Elles ont l'air d'avoir une conversation très sérieuse mais quand elles remarquent la présence de Noah, elles se séparent et déposent leurs yeux sur elle. Leurs yeux transmettaient un sentiment d'inquiétude et d'empathie. Noah détestait ces regards. Ça lui rappelait ceux des gens autour d'elle quand elle mentionnait la mort de sa mère.

" Noah, vient vers moi. " Murmure la proviseure, ramenant son bras vers elle-même.

La secrétaire se retire et Noah se rapproche.

" Qu'est-ce qu'il se passe, Madame ? " Demande Noah, légèrement inquiète.

Et si on allait la renvoyer à cause de toutes ses conneries récentes ? Impossible. Il faut qu'elle remporte ce pari. Il faut qu'elle montre à son père qu'elle est forte. Plusieurs questions et pensées de ce genre trottaient dans sa tête avant que la proviseure lui donne la vraie raison.

" Ton père a fait une overdose. Il est en ce moment même à l'hôpital. "

La proviseure continue à parler mais l'ouïe de l'adolescente s'est bloquée après les deux premières phrases. Elle regarde dans le vide et ne réalise pas. Une overdose ? Ce n'est pas possible, il a arrêté la drogue il y a bien longtemps. De plus, il lui avait fait la promesse de ne plus jamais y toucher. Impossible. Remarquant que la proviseure ne s'arrête pas de parler, Noah réalise que c'est bien réel. Plusieurs émotions se bousculent à l'intérieur d'elle, les unes pire que les autres. Elle se décompose petit à petit mais fait de son mieux pour se contenir car elle déteste se montrer faible devant les autres et on lui a toujours appris à être forte.

Richwood AcademyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant