-1-

6.7K 301 17
                                    

Le bus arrive et s'arrête devant moi, je sors ma carte dans un soupir, la montre au conducteur puis m'assois ensuite sur l'un des sièges libres. Je cale ma tête contre la vitre pour observer le paysage défilé devant moi. Le même que tous les jours.

Depuis que je l'ai rencontrée, il y a un vide en moi. Une partie de mon âme m'a été arrachée le jour même où nos regards se sont croisés. Maintenant que j'y repense, je n'aurai peut-être pas dû fuir, ou du moins, pas de cette façon. Toutefois, je ne voyais pas d'autre solution, j'étais trop jeune. Ma peur était trop grande pour envisager autre chose que de partir. J'ai toujours eu peur. Ce sentiment me bouffe.

Ma mère ne m'obligeait à rien. Elle ne voulait pas me forcer à faire un choix, alors, nous avons décidé de déménager, du jour au lendemain. Sans rien dire à personne. De partir loin, sans un seul regard en arrière.

Je pousse un énième soupir et porte ma main à mon cœur qui s'emballe étrangement. Une douce chaleur fait gonfler ma poitrine. Le bus freine d'un coup sec, ma tête cogne le siège de devant si brutalement que je mets quelques secondes à reprendre mes esprits. Les sourcils froncés, je me redresse pour pouvoir regarder à travers le par-brise. Deux voitures se sont arrêtées en plein milieu de la route et nous bloquent le passage. Ma respiration s'accélère en voyant les différentes personnes en sortir. Ce n'est pas possible. Comment est-ce que ça pourrait l'être ?

J'attrape mon sac tout en me détachant. Je n'ai pas d'autre solution que de me cacher comme je le peux et me cache derrière le siège, plaquant ainsi mon corps au sol. Les portes s'ouvrent dans un souffle aigu. Le conducteur se met à hurler après eux, puis, la seconde d'après, plus rien. Mis à part les chuchotements des autres passagers.

Mon cœur loupe un battement, je ferme mes yeux et les rouvre, mon souffle se coupe. Je vois des pieds passer pour revenir vers moi. Je suis dans la merde jusqu'au cou.

-Trouver. Siffle-t-il.

Je relève le menton vers lui, nos regards se croisent. Mon corps se crispe face à ses iris mélangés par la colère et la tristesse. Il attrape mon bras et me tire en avant si violemment que je lâche un cri de surprise. Je m'accroche à l'un des sièges et tire mon corps en arrière pour qu'il me lâche, ce qu'il finit par faire en me lançant un regard noir.

Toutefois, il ne compte pas en rester là et s'avance alors que je recule. J'ai espoir que les portes arrière soient encore ouvertes, cependant, j'en doute. Je me retourne brusquement, prête à détaller tel un lapin, mais m'arrête aussi vite, Félix me bloque le chemin. Ses yeux sont aussi sombres que ceux de son ami derrière moi. Je grimace en sentant une aiguille s'enfoncer dans ma peau. Je lance un regard par-dessus mon épaule : Logan m'a littéralement planté une seringue dans l'avant-bras. Malgré le choc, j'arrive à la retirer et la jette au sol. Ma vue se trouble, mon monde se met à tourner et mes jambes flanchent. Je puise dans n'importe quelle réserve de mon corps pour tenir debout. Cependant, l'énergie me manque et mon cerveau s'embrouille.

Logan me rattrape de justesse. Je vois à son visage qui se tord qu'il se sent terriblement désolé de me faire une chose pareille, néanmoins, est-ce suffisant ? Il m'a quand même plantée. J'arrive difficilement à le frapper avant d'essayer d'articuler trois pauvres mots et de tomber dans les bras de Morphée :

-Je te déteste.

Cœur FrileuxWhere stories live. Discover now