Chapitre 41

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Monaco

À première vue, l'appartement de Klein semble inhabité : personne n'y entre et personne n'en sort, les rideaux ne bougent pas et les lumières sont toutes éteintes. Finalement, une main se fraie un chemin à travers les épais voiles et entrouvre la fenêtre. Si je m'attendais à un sentiment de soulagement, c'est plutôt de la crainte qui se manifeste. Je redoute le moment où je devrai entrer, le regarder, lui parler.

Un léger ronflement à côté de moi m'indique que Bucky s'est endormi, épuisé par le voyage en voiture. J'ai fait exprès de le laisser conduire pour être certaine de le voir s'enfoncer dans le sommeil dès notre arrivée.

Je tourne la tête sur le côté et le contemple un instant, étendu sur le dos, une jambe repliée calée contre le volant. Son pistolet est posé sur l'accoudoir entre nous. Pendant un moment, ma main hésite au-dessus. Deux armes ne seront pas de trop mais je n'ai pas non plus envie de laisser Bucky sans défense.

Je le regarde à nouveau en réfléchissant. Son torse se soulève lentement au rythme de ses respirations. Pour une fois son visage est détendu, et pas figé sur une expression qui se veut dure pour masquer la tristesse. Je sais cependant qu'il me suffirait d'approcher ma main trop près de lui pour que son instinct le réveille.

Son bras en métal glisse lentement le long de son torse et se coince entre sa cuisse et le frein à main, le faisant grogner. Il n'est pas sans défense, me corrigé-je en prenant son arme, que je garde à la main. Le soleil est en train de se coucher ; je n'ai plus que quelques minutes à attendre. Je sors de la voiture et referme la portière le plus doucement possible. Bucky remue mais ne se réveille pas.

En avançant dans la rue, j'engage dans chaque pistolet la première balle puis en cache un dans mon dos, rentré dans mon pantalon. Il n'y a personne dehors mais je n'arrive pas à me défaire de la sensation d'être observée.

Une fois devant la porte de l'autre bâtiment, j'appuie sur tous les boutons jusqu'à ce que l'un des locataires, lassés, m'ouvre la porte. Ça y est, je suis à l'intérieur.

Mon ventre est noué par l'angoisse ; je suis obligée de m'appuyer contre le mur un moment, le temps de rassembler mon courage. Une pensée terrifiante me traverse l'esprit : et si je n'arrivais pas à résister à son contrôle ? Et s'il arrivait à me retourner contre Bucky, endormi dans la voiture ?

Le poids de mon arme dans ma main se rappelle à moi. Je peux toujours le tuer avant de redevenir son pion. Dans le pire des cas, je peux toujours me tuer moi. Plutôt ça que le laisser me toucher. Après une inspiration et une expiration profondes, je me repousse du mur, déterminée à lui faire payer.

Je grimpe les marches deux par deux, le cœur battant de plus en plus fort dans ma poitrine. Avec la mort de Johnson, Klein est peut-être le seul qui sache ce qui est vraiment arrivé à mes parents. Il est aussi le seul à savoir qui est Cerberus. Je n'ai pas d'autre choix que de le confronter.

Au moment où j'arrive devant la porte en bois, toutefois, je ne suis plus si sûre de moi. Mon estomac se tord en me menaçant de vomir là où je me tiens. Et si c'était l'une des pires idées que j'aie jamais eues ? Je pose une main contre le mur et me force à respirer, à vider mon esprit de la panique qui l'envahit et m'empêche de réfléchir. Je donnerais tout pour être loin d'ici et en même temps je ne peux pas faire machine arrière. Je me redresse et respire profondément pour me donner du courage.

Curieusement, la poignée n'est pas verrouillée. Je me demande s'il m'attend, mais repousse la question absurde. Klein ne peut pas savoir que je suis là, si ?

La porte s'ouvre silencieusement et j'entre dans l'appartement avant de refermer. Un couloir sombre à la peinture décrépite mène à une salle de bain. Je reste immobile le temps d'habituer mes yeux aux ténèbres et essuie ma main moite sur mon pantalon avant de serrer mon pistolet. Je n'ai aucune raison d'avoir peur, me répété-je en boucle.

CerberusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant