Chapitre 11

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Quelques secondes plus tard, les invités purent voir un bateau rose venir vers eux. Tout laissait croire que lui aussi était comestible, de plus en plus incroyable ! Le navire avançait grâce à des Oompa-Loompas qui ramaient, et l'un d'eux qui donnait le rythme. Ils accostèrent, puis, sans raison apparente, se mirent à rigoler de bon cœur.

« Qu'est-ce qu'il y a de si drôle ? », demanda Violette qui ne semblait pas tolérer le fait qu'on puisse se moquer d'elle.

« Je crois que c'est à cause de ces fichues fèves de cacao qu'ils mangent. Oh, à propos, est-ce que vous saviez que le chocolat a la propriété de déclencher la libération d'endorphines ? », commença à expliquer Willy, avant de se tourner vers Carlie, et de plonger ses yeux dans les siens pour terminer sa phrase. « Ça vous donne la sensation … d'être amoureux … »

Willy ne comprenait pas pourquoi il s'était senti obligé de se tourner vers Carlie pour finir son explication, son regard avait été comme aimanté. La regarder avait été comme une évidence, voire même … une nécessité. Comme si ce qu'il disait ne s'adressait qu'à elle. Et maintenant leurs yeux ne se quittaient plus. Du moins jusqu'à ce que madame Beauregard veuille se rendre intéressante.

« Sans blague … », dit-elle en minaudant devant Willy.

Carlie n'en revenait pas ! Elle lui faisait de l'œil ! Cette femme était en train de flirter ouvertement avec Willy ! D'un seul coup, Carlie se rendit compte de ses pensées, et se stoppa net. Qu'est-ce qui lui prenait d'adopter une attitude aussi possessive envers lui ? Cependant elle ne put s'empêcher d'être satisfaite en voyant le malaise que cette réflexion avait provoqué chez le chocolatier.

« Tous à bord ! », dit Willy, encore troublé.

Charlotte et Carlie embarquèrent après les trois autres enfants et leurs parents. La petite commença à monter et à se diriger vers le dernier rang de libre, au fond du bateau. Cependant, lorsque Carlie leva son pied pour monter à son tour, une main gantée la stoppa dans son mouvement.

« Permettez ? », lui demanda Willy en lui proposant sa main.

La jeune fille l'accepta avec plaisir, et non sans rougir encore une fois. Le chocolatier garda sa main dans la sienne jusqu'à ce qu'elle soit arrivée au niveau du dernier rang.

« Chacha, décale-toi un peu, je ne veux pas que tu sois juste au bord du bateau. »

La petite se remit alors plus au milieu, et sa grande sœur passa de l'autre côté, sans s'apercevoir que Willy Wonka était en train de s'installer à la droite de Charlotte. C'est donc avec un plaisir non dissimulé qu'elle s'en aperçut, et, non sans arrogance, qu'elle fit son plus beau sourire à madame Beauregard, qui les avait observés depuis qu'ils étaient montés dans le bateau. Si elle voulait jouer à ce petit jeu avec elle, elle n'allait pas être déçue …

« En avant ! » déclara Willy.

Machinalement, Carlie encercla les épaules de sa petite sœur de son bras, sans penser que le peu de place qu'ils avaient au dernier rang ferait que sa main irait reposer contre le bras de Willy. Ce contact pourtant aussi anodin soit-il, les fit rougir et frissonner autant l'un que l'autre.

Après que le bateau ait commencé à avancer, Willy plongea une louche dans la rivière de chocolat et la donna à Charlotte. Il se souvenait du mauvais tour que lui avait joué le gros Augustus au début de la visite, et de plus, la petite était pour l'instant la seule qui lui paraissait sympathique (hormis sa grande sœur, cela va de soi …).

« Tiens, bois, ça te fera le plus grand bien, tu as l'air morte de faim. »

Charlotte l'accueillit avec un immense sourire collé au visage, puis goûta le fameux chocolat. Elle regarda ensuite sa sœur avec des yeux rieurs. L'expression de son visage lui rappela sa propre réaction lorsqu'il avait mangé son tout premier chocolat. Probablement un des jours les plus importants de sa vie … et auquel il n'avait pas pensé depuis des années. Il se remémora les paroles dures de son père, son départ de chez lui, et la dernière fois qu'il l'avait vu.

Willy revint rapidement à la réalité, et observa ses deux voisines. Il ne fut pas sûr de bien interpréter ce qu'il voyait, mais Carlie semblait acquiescer à une question silencieuse de sa sœur, qui se tourna ensuite vers lui. Elle se frotta le ventre en faisant deux petits cercles, puis fit ce qui semblait être … un bisou de la main ? Devant son air incertain, Carlie ne put s'empêcher de rire légèrement, avant de traduire dans un murmure, pour que les autres n'entendent pas.

« Elle vous dit que c'est délicieux, et elle vous remercie. Elle vous apprécie énormément. »

En entendant la fin de sa phrase, Charlotte se retourna vivement vers sa sœur en lui faisant les gros yeux : même si elle pensait ce que sa sœur venait de dire (le fait qu'elle appréciait Willy), elle ne venait pas de s'exprimer là-dessus. Carlie lui répondit en lui faisant des yeux … de chien battu ? Puis la petite haussa les épaules, résignée, et lui tendit la louche dans laquelle il restait une moitié du chocolat liquide qu'elle lui avait laissée. Willy avait été très attentif à tout l'échange qui venait d'avoir lieu, et même s'il n'était pas sûr de ce qu'il venait de voir, il jurerait que Carlie s'était un peu avancée sur la traduction qu'elle avait faite … et peut-être qu'il s'agissait d'un message caché parce que Carlie elle-même l'appréciait … Son cœur se réchauffa à cette idée et il espérait ne pas se tromper ! Cependant il fut stoppé dans sa réflexion lorsqu'il se mit à admirer le visage de Carlie, les yeux fermés, qui savourait le goût du chocolat qu'elle venait de boire. Cette image pouvait paraître insignifiante pour tout un chacun : tant mieux si elle avait plaisir à boire son chocolat ! Mais le sentiment qu'il avait était plus profond que cela, car il se sentait heureux d'être à l'origine de ce sourire, et du bonheur qu'il venait de lui procurer. Tout en continuant à la regarder, Willy fut de nouveau attiré dans un de ses flash-back, qui étaient de plus en plus récurrents.

Il était accroupi devant la petite fille aux yeux en forme d'amande, et à la couleur chocolat. Elle était un peu plus jeune que la dernière fois, mais avait l'air tout aussi heureuse et rieuse.

« Comment t'appelles-tu ? » lui demanda Willy. La petite sembla prendre un peu de temps avant de répondre.

« Candy » dit-elle en évitant son regard.

« J'aime beaucoup » répondit Willy en riant, « il te va très bien ». Et il le pensait vraiment : ce prénom lui allait comme un gant ! La petite était tellement mignonne qu'elle ressemblait à un petit bonbon : en plus de ses yeux, ses joues étaient légèrement roses sur sa peau pâle, et ses lèvres étaient rouges comme les fraises. Elle avait véritablement une bouille à croquer !

« Eh bien merci beaucoup pour ton idée Candy sweety, j'ai fait exactement comme tu m'as dit, et tout a parfaitement marché » s'enchanta-t-il. Pour toute réponse, il obtint un sourire radieux de la petite devant lui.

Ensemble nous adoucirons nos peinesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant