Chapitre 20: Mila

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Date de publication: 22/04/2018


Chapitre 20: Retour à la réalité 


Une musique d'un des groupes préférés de Stan joue dans les casques que je porte. J'ignore de quel groupe il s'agit, mais je suis certaine de l'avoir entendue au moins un millier de fois pendant nos années ensemble. Je ne sais pas comment j'ai fait pour atterrir ici. Cette nuit-là, je me suis retrouvée devant la demeure des Cartis, je me suis rendue à l'endroit où ils rangent habituellement leurs clés et je me suis introduit à l'intérieur. J'avais directement pris la direction du sous-sol, là où il dormait. Son refuge à lui. Je me souviens encore de la première fois qu'il m'a emmenée ici. Il n'y avait rien de sérieux entre nous à ce moment-là. Nous n'étions que deux adolescents qui cherchaient à s'amuser. Il ne m'avait jamais autant manquée qu'il ne me manque aujourd'hui. Qu'est-ce que je donnerais juste pour lui parler, le voir une dernière fois. J'ai enfilé un de ses sweats et je me suis endormi avec. Pendant ce moment, je me suis laissée croire qu'il était encore vivant, qu'il était toujours là. Je me rends compte que je n'ai jamais vraiment fait mon deuil. J'étais trop occupée à prendre soin d'Alycia, à la rassurer. Peut-être que c'est aussi le cas de ses parents, rien n'a bougé de cet endroit. Il est même très propre, comme s'il le nettoyait régulièrement. Il n'y a aucune trace de poussière, pas même dans sa bibliothèque cachée dans une pièce juste à côté dont il a toujours interdit l'accès. A moi, il me l'avait montrée. Je ne m'étais jamais rendue compte combien c'était un privilège jusqu'à maintenant.

Mon téléphone se met à nouveau à sonner. Ferdinand. Encore. Ma famille aussi a essayé de m'appeler mais je n'ai pas répondu. Ils s'inquiètent. Ils pensent que je ferais quelque chose de stupide à cause de la mort d'Enora. Je ne veux plus y penser. Ces coups de fils sont bien suffisants pour me le rappeler. Plusieurs jours se sont passés depuis. Je ne sais pas combien, deux ou trois. Je n'ai pas ouvert les stores depuis que je suis arrivée, alors je n'ai aucune notion du temps qui s'écoule. Je ne peux pas m'empêcher de penser à la famille d'Enora, à son mari. Je n'arriverais jamais à leur faire face, pas lorsque je sais que ce qui est arrivé est de ma faute. Je laisse la fumée s'échapper de ma bouche après avoir tiré une longue taffe de ma clope. Je les ai retrouvées dans les affaires de Stan. Je n'ai pas réfléchi, j'ai fait ce que je n'ai pas fait depuis près de dix ans. Ça a été un peu difficile au début, mais au bout de quelques taffes, c'était devenu naturel, comme si j'avais fait ça toute ma vie. C'est trop bon. C'est comme si Stan était à côté de moi, derrière le gymnase du lycée et qu'on la partageait. J'ai envie de pleurer mais je n'y arrive plus. Je n'arrive plus à faire sortir de larmes de mes yeux.

Une main se pose sur mon épaule, et je me retourne en sursaut. Personne n'est censé être ici. Personne ne peut entrer ici. Les clés sont avec moi. Et de toute façon, qui d'autre saurait où les trouver ?

- Oh ! On est toujours agressive, s'exclama l'inconnu d'un ton moqueur.

Personne sauf lui. Je n'ai pas besoin de lever la tête pour reconnaître la voix rocailleuse d'Eden. Je ne prends même pas la peine d'éteindre ma clope, me lève et me jette dans ses bras. Je m'accroche à lui, comme pour m'assurer qu'il est bien réel.

- Je suis si contente que tu sois là !

Il me rend mon étreinte en rigolant. Juste d'entendre son rire me ramène à nos années de lycéens. J'aimerais tellement que Stan soit là, que je puisse aussi le prendre dans mes bras.

- Je t'ai manquée à ce point ?, se moque-t-il après avoir mis fin à notre étreinte.

Je lui souris. J'ai tellement de choses à lui dire, pourtant maintenant qu'il est là, ma bouche est scellée. Je ne fais que l'observer. Ses cheveux noirs sont un peu plus longs qu'avant, et des boucles dépassent sur son visage. A voir son teint, il doit vivre dans un pays ensoleillé. Des fossettes creusent ses joues alors qu'il me rend mon sourire. Je ne me rends pas compte que je pleure jusqu'à ce qu'il passe son pouce sur mes joues pour essuyer mes larmes.

PROMESSES (PIIL Tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant