chapitre XXIII

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La pluie commençait à s'abattre sur les fenêtres de l'habitacle. Une étrange atmosphère régnait à présent. Après lui avoir indiqué mon adresse, nous nous sommes assis sur les sièges et aucun de nous n'avait prononcé une parole. Je pensais échapper à ce débat mais il commença:

"- Je suis désolé de ne pas t'avoir contacté durant tout ce temps, mais j'avais mes raisons.

- C'est moi qui suis désolée de ne pas t'avoir évitée ce soir et toutes les autres fois d'ailleurs.

- Écoute, s'il n'y avais que moi, jamais je ne t'aurais laissé ainsi dans le doute, jamais je ne t'aurais laissé sans nouvelles, nous ne serions sans doute pas ici à débatte dans ma voiture.

- Cela n'explique en aucun cas ton comportement! C'est complètement puéril de m'avoir fait ça!

- Essaie de me comprendre s'il te plaît, prends un peu de recul et réfléchis aux conséquences! Je risque mon travail et toi ta réputation, je n'ai pas envie que tu sois blessée à cause de moi.

- Arrête la voiture! Criais-je de toutes mes forces, Arrête cette putain de voiture!".

Il freina brusquement tout en me regardant. Le vrombissement de la voiture cessa et nous nous retrouvâmes seulement accompagnés de la pluie s'écrasant contre le pare-choc noir.

"- Tu n'as pas le droit de dire ça, tu n'as pas le droit de dire que tu veux m'éviter le pire, tu ne me connais pas! C'est en voulant faire le bien que tu nous as fais de la peine à tous les deux, continuais-je en ouvrant la porte de sa voiture".

J'ouvris alors la porte, la pluie s'abattait de manière singulière sur moi. En peu de temps mes affaires furent entièrement imbibés d'eau. J'avançais sur le bas-côté, lorsqu'il sortis et couru jusqu'à me prendre mon bras.

"- Laisse-moi terminer, je t'en pries".

Il marqua une pose, je levai ma tête vers lui et il poursuivit son récit:

"- Je ne voulais pas nous causer de problèmes, au départ je pensais n'être attiré que physiquement par toi, je trouvais cela déplacé mais je ressentais ce besoin, ce besoin naissant et de plus en plus omniprésent de te sentir près de moi, de te voir, de t'entendre, de te protéger. Ce n'est qu'après ce premier baiser que, je, je, que je me rendis compte de cette nécessité crois moi. Le seul problème est mon statut de professeur, j'ai peur, je suis bloqué par cette situation mais saches que tout ce que je t'ai dis était, est et restera vrai longtemps. Je sais qu'après ce que je viens de te dire, tu comprendra car je suis aussi attaché pour la personne que tu es intellectuellement".

Je ne répondis rien, nous étions comme enracinés l'un devant l'autre. Je savais ce qu'il était en train de faire, et je n'allais pas lui contredire, je pense que ceci était mieux pour nous, il avait raison.

"- Ne m'en veux pas mais-

- Ne finis pas ta phrase, s'il te plaît, je sais ce que tu vas dire alors évitons ce massacre.

- Très bien".

Nous ne nous dîmes rien pendant plusieurs minutes avant qu'il ne me propose de me raccompagner. Alors voilà c'est tout, ça allait s'arrêter ainsi ? Toutes ces jours moroses à cacher mon affliction pour n'aboutir à rien. J'en étais profondément déçu mais je ne pouvais rien y faire. Mieux vaut repartir sur de bonnes bases pour la rentrée. Il m'attire, me plaît, me rends dingue ! Or, je ne pourrais pas lui dire ou ne serait-ce que lui montrer.

Dans un sens il a raison et c'est pour cela que finalement je ne lui en veux pas, sa décision me paraît raisonnable, après tout il se doit d'être responsable.

Et puis, je ne dois pas être la première à devoir refouler mes sentiments et à survivre! Cela risque d'être compliqué surtout si je me dois de le voir presque tous les jour encore un an. Conduisant, il me sortit de mes songes:

"- Pourquoi l'été ?

- Quoi?

- Pourquoi préfères-tu l'été ?

- Comment sais-tu cela ?

- Un soir, le soir où il neigeait, sur le toit, lorsque que-

- Passes les détails s'il te plaît.

- Et bien ce soir là, tu m'a dis que tu préférais l'été, mais je ne sais pas pourquoi.

- Parce que, cette sensation, je ne la changerais pour rien au monde: la chaleur écrasante, le vent de moins en moins assidu nous soufflant poétiquement aux oreilles mais qui nous donne secrètement un petit frisson; le soleil qui rayonne, qui nous éblouit, en contraste avec l'impression aveuglante de renouvellement. On peut admirer cela tout en se souvenant des doux souvenirs de notre passé. Ces fleurs qui prennent leur plus belles couleurs en accord parfait avec ces petits oiseaux chantant un son idéalement agréable lorsqu'ils atteignent nos ouïes. Nous pouvons aussi attribuer ce moment à l'envie de vivre un amour fort et intense, d'être gentils avec toutes les personnes qui nous entourent, et de leur faire plaisir. Les balades dans les bois se font plus fréquentes et toutes ces arbres frais et renaissant retrouvent enfin leur compagnie perdue. Il se peut que son arrivée nous donne aussi la force de vouloir toujours mieux. La magie de noël existe peut-être, mais j'apprécie amplement la magie de l'été qui nous donne toutes ces envies, ces rêves qui semblent à partir de là, réalisable".

J'avais débité ces paroles en pensant à tous ces souvenirs auxquels je tenais tant, à tous ceux que j'avais vécu avec ma famille et que j'aurais aimé continué à vivre.

"- Je ne veux pas que l'on arrête de se parler, même si on ne peut pas vivre comme l'on aurait souhaité je souhaite que l'on continue de se parler, tu es si... unique, et j'aimerais entendre éternellement tes longues réflexions".

Et comme si cela était une habitude, je ne répliquai rien.

Nous arrivâmes à mon domicile dans le silence le plus total. Un simple au revoir sortis de sa bouche. Ce n'est qu'après lui avoir souhaité une bonne semaine que je rentrai chez moi, septique à l'idée de rester amis.

🥀 Sombre Rose 🥀 {Professeur_élève}Where stories live. Discover now