NOS CORPS AMBULANTS [TERMINÉ]

Chapitre 34 - Merci

En média : Aretha Franklin - Think

LUCILE

Mes courses d'aujourd'hui n'ont jamais été aussi tranquilles ! Le supermarché était, cette fois-ci, bien rempli, les gens se confondaient et l'église portative de Lacour avait plié bagage pour d'autres aventures dans le cœur de Jésus Christ. Alors j'en ai profité !

J'ai trouvé une thérapie sur internet, un site gratuit qui ne manque pas d'astuces pour rendre sa vie un peu plus colorée ! J' ai déjà repeint un de mes murs et je compte bien continuer en prenant compte des idées que propose la plateforme !

J'ai donc acheté pleins de trucs utiles avec l'enveloppe restante de Josselin, puisque c'est bien à ça que cet argent doit servir : à mon bonheur !

Des plaids colorés, des couverts colorés, des tapis, des tableaux, des plantes de toutes les couleurs, pots, ainsi que guirlandes, boîtes et ampoules colorées, tables, chaises, et surtout beaucoup de peintures pour fignoler les autres murs de la maison. Je donne un coup de jeune à l'endroit avant le retour de Ludovic. Ça me soulage, et j'ai l'impression que plus je peins, plus je me libère, et dans un raisonnement logique, je m'épanouis !

J'ai aussi acheté du papier toilette arc-en-ciel ! C'est amusant ça !

Sur fond d'Aretha Franklin, je débouche chaque pot de couleurs, du violet au rouge, et je vais pour commencer une petite session de dripping ! Allez chercher sur internet si vous ne savez de quoi il s'agit, puisque c'est compliqué à expliquer. J'ai donc déplacé tous les meubles du salon dans la cour car mes nouveaux achats attendent patiemment leur avènement dans le garage. J'ai laissé ma porte ouverte avec un panneau de vente, au cas où certains passants seraient intéressés pour racheter mes anciens effets. Chez moi, les prix sont cassés !

Hier, j'avais complètement terminé le premier mur, celui fait de traits multicolores, donc aujourd'hui je m'attaque à celui d'en face ! J'ai recouvert de scotch et de plastique le tour de la porte d'entrée parce qu'un mauvais geste à ma droite pourrait bousiller son bois ciré, et je n'ai pas envie de devoir ... oh, quoi que, je pourrais aussi repeindre la porte ! Chaque chose en son temps, Lucile ...

Je trempe mon pinceau dans le bleu et je lance mon bras d'un coup sec pour projeter la peinture sur le mur. Une giclée de ciel explose, suivi d'une giclée de sang et de soleil. Bleu, rouge et jaune forment le début d'un magnifique arc-en-ciel mural ! Je continue, encore et encore, et chaque geste se fait de plus en plus fort et précis. J'aperçois une silhouette à ma droite et j'entends qu'elle toque à la porte. Je me tourne et aperçois un petit homme, la cinquantaine, qui tient mon vieux fauteuil dans ses bras.

— Bonjour ! m'exclamé-je avec le sourire.

— Bonjour ma petite dame, je repars avec ça ! Combien je vous dois ?