Cнαpιтre 10 : Ne мe тoυcнe pαѕ ✔

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L'ignorance mène à la peur, la peur mène à la haine et la haine conduit à la violence. Voilà l'équation.

Averroès

Félicia

Ça fait maintenant deux jours depuis mon premier jour au lycée Einstein.

Depuis, tout est normal. Enfin, si on oublie Will et Victoria. Deux gros problèmes. Aussi lourds l'un que l'autre.

Je ne sais pas, mais j'ai l'impression qu'ils me préparent un sale coup. En tout cas, surtout Victoria, qui ne se gêne pas de rire à chaque fois qu'elle passe à côté de moi.

Rebecca mange à présent avec nous, Emilie, Alice et moi. D'après elle, elle ne supporte pas de rester dans la même table que Victoria, ou Lise et Lisa. Du côté de William, elle dit qu'ils finiront par se réconcilier. Il n'est pas un méchant garçon, dit-elle, et je manque de m'étouffer avec ma salive à chaque fois qu'elle l'affirme.

Je suis maintenant en cours de Philosophie. Madame Cillas nous a demandé de répondre à un questionnaire. Tout le monde est plongé dans ses devoirs. Je pose mon stylo, fatiguée d'avoir trop écrit, je soupire, en me rendant compte que je n'ai pas encore fini.

Hier, comme c'était le Mercredi, et comme j'avais une demi-journée de libre devant moi, j'ai arpenté les rues de Paris à la recherche d'un job.

Je sais que j'ai de l'argent dans mon compte, et que je pourrais y accéder dès que j'aie atteint mes dix-huit ans. Je sais aussi, que pour l'instant, ce sont mes tuteurs, à savoir, André et tante Isa, qui sont responsables de mes dépenses, mais j'ai envie de leur prouver, de me prouver à moi-même, que je suis capable de m'occuper de moi seule, que je suis indépendante.

J'ai trouvé un job de serveuse, dans un bar. Je sens que tante Isa ne va pas trop aimer, mais je voudrais quand même tenter mon coup, après tout, je ne perdrai rien de toute façon si j'essaie.

Je sais que travailler dans un bar n'est pas une bonne idée, si on note les difficultés que j'endure ces temps-ci, je ne sais pas ce qui m'a pris, mais c'était la seule place où on a cru ma fausse carte d'identité. Les autres employeurs ont jugé que je ne fais pas dix-huit ans.

Je soupire tout en regardant par la fenêtre de la classe, la cour semble vide, à part quelques élèves qui font l'école buissonnière, il n'y a personne.

J'inspecte la salle du cours de mes yeux, tout le monde semble plongé dans ses devoirs. Je regarde Emilie, qui semble réfléchir en s'enroulant une mèche de cheveux autour du doigt, à côté d'elle se trouve Rebecca, elles se trouvent dans le pupitre devant moi, j'ai préféré me mettre seule aujourd'hui. Elles n'ont rien dit, elles ont juste acquiescé en silence. Tant mieux.

Je regarde la table à côté de moi, elle est occupée par deux des trois populaires, le blond et le roux. Je crois me souvenir que le blond s'appelle Dylan, et le roux Matt. Il n'y a pas Will aujourd'hui, pourtant il était bien le premier cours, je devine qu'un adolescent aussi gâté que lui devrait sécher des cours quand l'envie lui prend.

Je remarque que Matt semble se planter devant une question, je tends la tête. D'un geste discret, je gribouille la réponse sur une feuille et la pose sur sa table.

Il lève les yeux vers moi, tandis que je fais semblant de regarder devant moi. Il prend le bout de papier dans ses mains, et baisse la tête pour ne pas se faire prendre par Madame Cillas. Il devait sérieusement croire que je lui demande la réponse, puisqu'il lève des yeux surpris et reconnaissants vers moi dès qu'il lit la réponse.

Il hoche la tête en signe de reconnaissance, et il mime un "merci" avec ses lèvres. Je hoche la tête à mon tour, et détourne les yeux. Je sens son regard sur moi, mais daigne de faire semblant du contraire. Je me gratte la gorge, et demande au prof si je peux bien aller aux toilettes, elle me regarde longuement, puis finit par hocher la tête.

Je me lève, et sors de la classe. Une fois sortie, j'arpente les couloirs, sans aucun but précis, j'ai juste envie de prendre l'air. J'enfouie mes mains dans les poches de ma veste, et je marche, tout en regardant le sol défiler sous mes pieds.

Soudain, je suis tirée en arrière par une grande force. Sans que je puisse faire le moindre geste, mon dos percute les casiers derrière moi. Je grimace de douleur, et lève les yeux. Je me retrouve coincée entre un casier, et un corps.

Will.

Il pose ses deux mains à chaque côté de ma tête, de sorte à me bloquer le moindre geste. Je le fusille du regard et tente de m'échapper en passant sous son avant-bras, mais il est plus rapide et colle son corps au mien.

Je tressaille, et un vertige me parcoure de la tête au pied.

- Lâche-moi. Je murmure en évitant de croiser son regard.

- Pas avant que tu m'ais écouté. il réplique, le regard noir.

- Ne me touche pas. je fais, en essayant de me sauver.

Mais toute tentative est vaine, et il le sait. Il s'approche de moi, je sens son souffle sur mon visage, je sens son regard sur moi, mais non, je refuse de croiser ses yeux.

- Écoute moi bien Hal. Tu as intérêt à t'éloigner de Rebecca. il commence, menaçant.

Je relève les yeux vers lui, le fusille du regard, et tente une fois de plus de me sauver.

Doucement, il s'abaisse, et ses lèvres frôlent mon oreille lorsqu'il finit :

- Sinon, je leur dis tout.

Je me pétrifie. Et je ricane :

- Je ne sais pas de quoi tu parles, Bourgeois. je mens.

Il ne se laisse pas troubler, il me regarde, essayant de lire en moi sûrement. Puis il s'abaisse à nouveau et murmure à mon oreille :

- Je leur dis qui tu es. Et pourquoi tu es là. Et qui t'étais.

Je frémis. Tandis qu'il éloigne son visage du mien, sans doute pour voir ma réaction. Je reste neutre, quand je parle, ma voix tressaille violemment :

- Éloigne-toi de moi. je fais en évitant son regard.

Il ne fait rien.

Je cris :

- J'ai dit, éloigne-toi de moi ! Ne me touche pas !

Surpris, il s'éloigne vivement de moi. Dès qu'il s'éloigne, je recule, à une distance d'un mètre. Je croise les bras, sur la défensive, et je lui jette un regard noir.

Il me regarde longuement en fronçant les sourcils, puis, avant de pivoter et de s'éloigner à son tour il réplique :

- J'espère que je me suis fait comprendre.

Ride up BabyWhere stories live. Discover now