Cнαpιтre 16 : Lα voleυѕe ✔

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A quoi bon ces amis qui t'entourent ? Tu seras seul en ton tombeau.
Roudaki

Félicia

La voix de mon professeur d'Anglais me sort de ma rêverie :

- Félicia ? Are you here ?

Je le regarde en clignant des yeux, complètement déboussolée. Il se tient derrière son bureau et s'adresse à moi, bien qu'il parle d'une voix calme et posée, sa voix parvient jusqu'à moi, et cela, même si je me trouve assise dans le dernier pupitre du rang.

- Yes. Yes sir, of course. Je dis en tentant de me rattraper.

Il me regarde une seconde et hoche la tête avant de retourner à l'explication de la leçon.

Je passe une main sur mon visage, je m'aperçois, non sans surprise, que mes joues sont humides. Les souvenirs de la veille m'ont procurée le même effet qu'hier à ce qui paraît.

Je fouille dans mes poches, à la recherche d'un mouchoir pour essuyer la morve et les larmes de mon visage, je parviens, non sans difficulté, de retenir le juron qui menace de sortir de ma bouche quand je me rends compte que mes poches sont vides.

Une main me tend un mouchoir. Un brin hésitante, je le prends. Je me retourne ensuite vers la personne qui me l'avait tendu, et quelle est ma surprise lorsque mon regard se pose sur Dylan, le garçon populaire.

Il m'adresse un petit sourire, et se passe la main dans les cheveux, comme gêné. Je hoche la tête vers lui, comme pour le remercier, il m'adresse un nouveau sourire, soudain, il détourne le regard de moi, comme électrochoqué. Je le regarde, sidérée, pourquoi il me fuit tout à coup ?  J'ai tout de suite ma réponse quand je relève les yeux un peu plus haut et que je rencontre le regard noir du fils du directeur.

Je détourne les yeux à mon tour, et baisse la tête pour m'essuyer les joues et me moucher tranquillement, bien que je sente toujours son regard sur moi.

Je suis d'humeur maussade aujourd'hui, au temps normal, je lui aurais adressé un regard noir à mon tour, je ne me serais pas laissée marcher sur les pieds. Mais aujourd'hui... les souvenirs de la veille ne cessent pas de remonter dans mon esprit, les mots de Matthieu me poignardent à chaque fois qu'ils se répètent dans ma tête, et, pour l'instant, j'ai juste l'impression qu'ils se répétent en boucle. Et puis, j'ai dormi mal hier, pas juste à cause des répliques du Pendu qui flottent dans ma tête, mais aussi à cause de l'heure tardive à laquelle je suis rentrée, ou à cause des verres que j'ai bu hier.

La sonnerie retentit, et annonce la fin des cours pour ce matin. Je grimace en me massant les tempes. Les élèves remuent dans tous les sens, pressés de quitter la salle au plus vite, le prof quant à lui range ses feuilles sans nous lancer aucun regard. Moi je ne bouge pas de ma place, je préfère sortir quand tout le monde sortira, toute seule, sans avoir à se frayer un chemin entre une vingtaine de corps, imposants pour la plupart.

La salle se vide petit à petit, et je commence à ranger mes livres, m'apprêtant à sortir. Je jette un coup d'œil à la porte de la pièce, je lâche un long soupir quand je n'aperçois pas les filles qui m'attendent au pas de la porte. Elles ont fini par baisser les bras, je me dis, et malgré moi, je ressens un pincement au cœur. Si vite. Elles ont baissé les bras si vite. D'accord, c'est ce que je voulais qu'elles fassent depuis le début, mais j'ai peut-être... j'ai peut-être gardé un peu d'espoir au fond de moi, l'espoir qu'elles ne me laisseront pas tomber facilement. 

Je secoue la tête, bon sang, je commence à penser n'importe quoi, c'est probablement à cause de ma gueule de bois. 

Faux, me souffle ma conscience.  

Ride up BabyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant